Jean d'ORMESSON
Jean d'Ormesson, surnommé par certains proches et journalistes Jean d'O est né à Paris, le 16 juin 1925, d'une famille de conseillers d'État, de contrôleurs généraux des finances, d'ambassadeurs de France et de parlementaires, parmi lesquels un chancelier de France et un député à la Convention nationale. Elève brillant, il accumule très vite les diplômes : agrégé et diplômé d'études supérieures de philosophie, normalien... Cet érudit ne s'arrêtera pas là. Jean Lefèvre, comte d'Ormesson, embrasse une carrière de haut fonctionnaire devenant président du conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'Unesco. Il s'essaie également à l'écriture : 'L'Amour est un plaisir', son premier roman, publié en 1956 chez Julliard, mais celui-ci n'aura que peu de succès. Il a alors 30 ans.
C'est en 1971 que débute réellement sa carrière littéraire, avec la parution de 'La Gloire de l'Empire', Grand Prix du roman de l'Académie française.
Haut fonctionnaire, journaliste, Jean d'Ormesson dirige Le Figaro entre 1974 et 1977. Moderne académicien, il propose la candidature de Marguerite Yourcenar, première femme à entrer à l'Académie Française.
Graphologiquement cette écriture illustre parfaitement deux phrases de Jean d'Ormesson que je ne résiste pas au plaisir de vous citer:
"Une certaine légèreté demande plus d'efforts que la pesanteur, les leçons de morale, la gravité, l'ennui qui s'en dégage. Mais elle est liée aussi à une certaine grâce, au charme, au plaisir. "
"Les honneurs, je les méprise, mais je ne déteste pas forcément ce que je méprise"
Cette écriture dansante, légère, au trait pâteux, un brin à l'étroit dans le format de la page du livre qu'il dédicace, virevolte avec le mots, avec les lettres, avec le noir et le blanc.
La grâce du tracé, les lettres parfois à peine esquissées, la simplification des formes (le "p" en particulier) ne poussent pas l'écriture au laisser-aller. Des angles bien présents, viennent en effet raidir parfois le graphisme, donner du tonus, de l'accroche, du sens de l'effort dans cette valse à quatre temps.
Les formes pincées des lettres affectives comme le "a" et le "o" et celles des "n" soulignent à quel point Jean d'Ormesson puise sa force dans la réflexion et la retenue. Pudique, certainement et fort éloigné de l' image de grand séducteur qu'il laisse flotter autour de lui avec beaucoup de malice et d'humour sans doute un poil intéressé.
Voilà donc une écriture qui sait se donner la peine d'être primesautière sans que cela n'altère une prise en compte parfaitement lucide et sans concession de la réalité.
Si la mise en page, le format de l'écriture nous montre également que l'homme fait fi des règles pourvu qu'il les jugent inadéquates, les prolongements hauts des "p", les finales surplombantes des "t" et la signature non dépourvue d'un certain panache trahissent un besoin de pouvoir, de mise en vedette et de contrôle de la situation.
C'est aussi l'art du sourire dans la douleur, art que l'écrivain a nécessairement appris en traversant un siècle de tragédies. Art qu'il a sans nul doute également puisé dans la lecture des "Mémoires d'Outre-Tombe"de Chateaubriand
Questionné sur le chat de Libernautes à ce sujet, voici deux de ses réponses:
Que vous apporte les lectures de Chateaubriand ?
Chateaubriand comme Proust me font d'abord beaucoup rire.
Vous dites que Chateaubriand et Proust vous font rire, s'il vous plait dites nous en plus !...
Proust et Chateaubriand ont des phrases très longues, tout le monde le sait. Ils peuvent aussi écrire :
Chateaubriand : " Il faut être économe de son mépris étant donné le grand nombre des nécessiteux ", Proust : "L'amour c'est l`espace et le temps rendus sensibles au cœur". Ce n'est pas à se tordre mais c'est mieux que ça.