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  • : Ecritures à la loupe
  • : Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 10:34

 

 

 

gringoire

 

 

 

 

Pierre Gringore, poète et dramaturge est né en 1475 à Thury-Harcourt et est mort en 1539 en Lorraine.

Gringore a été directeur de troupe et dramaturge à Paris de 1506 à 1512. Il fit partie des Enfants-sans-Souci qui l’élevèrent à la seconde dignité de leur société, celle de Mère Sotte et, de 1502 à 1517, il dirigea l’exécution des mystères à Paris.

 
Appartenant au groupe des grands rhétoriqueurs, Pierre Gringore a écrit des poèmes moraux : le Château de Labour (1499), le Château d’Amours (1500), les Notables enseignements et proverbes par quatrains (1527), les Dits et autorités des sages philosophes (date incertaine) ; des poèmes satiriques : les Folles entreprises (1502) où il soutient le roi de France Louis XII contre le pape Jules II, les Abus du monde (1504), les Feintises du monde qui règne (1532) ; des pamphlets politiques : la Complainte des Milannoys (1500), l’Entreprise de Venise (1509), l’Espoir de paix (1510) dirigé contre le pape Jules II, ainsi que le suivant, la Chasse du cerf des cerfs (allusion au titre des Papes : Servus servorum Dei) ; des soties, des farces et des moralités pour le théâtre, dont quelques-unes, avec l’appui du roi, attaquaient le pape : le Jeu du Prince des sots et de Mère Sotte (1511), première comédie politique où il encourage Louis XII à engager la lutte contre l'Église, suivi de l’Homme obstiné (Jules II) et de Faire, et Dire, les Fantaisies de Mère Sotte (1516), les Menus propos de Mère Sotte (1521), le Testament de Lucifer (1521) ; un mystère du genre grave, le Mystère de saint Louis (1541), pour la confrérie de ce roi ; enfin des ouvrages de piété : le Blason des hérétiques (1524), les Heures de Nostre-Dame (1525), les Chants royaulx, figurés moralement sur les mystères miraculeux du Christ (1527), la Paraphrase des sept très-précieux et notables Psaumes (1541).


Ses œuvres offrent un singulier mélange de malice et de bonhomie, de gaieté et de gravité, de foi naïve et d’humeur discuteuse ; elles sont la représentation exacte de l’esprit de la bourgeoisie parisienne au commencement du XVIe siècle. Il est surtout remarquable par ses œuvres dramatiques, auxquelles il doit son renom ; ses farces ont de la finesse, ses soties de la vigueur et ses comédies politiques une hardiesse qui fait penser à Aristophane et dont on ne vit presque plus d’exemple sur le théâtre en France. Dans le Mystère de saint Louis, il a de l’élévation et de la grandeur. On le trouve fréquemment énergique dans ses œuvres satirico-morales où il affecte même une solennité que son style ne soutient pas toujours. La plupart des ouvrages qu’il fit imprimer montrent au frontispice le portrait de Mère Sotte, avec une robe de moine et un capuchon garni d’oreilles d’âne ; on lit autour : « Tout par Raison ; Raison partout ; Par tout Raison. »


Pierre Gringore est devenu, sous la plume de Victor Hugo et de Théodore de Banville un personnage de fiction avec la graphie de « Gringoire ». Le premier l’a mis en scène, par anachronisme, dans Notre-Dame de Paris, et le second en a fait le héros d’une comédie en vers et en un acte, jouée au Théâtre-Français en 1860.


 

 

Cry du Prince des Sots



Sotz lunatiques, Sotz estourdis, Sotz sages,
Sotz de villes, de chasteaulx, de villages,
Sotz rassotez, Sotz nyais, Sotz subtils,
Sotz amoureux, Sotz privez, Sotz sauvages,
Sotz vieux, nouveaux, et Sotz de toutes ages
Sotz barbares, estranges et gentilz,
Sotz raisonnables, Sotz pervers, Sotz retifs,
Vostre Prince, sans nulles intervalles,
Le Mardy Gras jouera ses jeux aux Halles.

Sottes dames et Sottes damoiselles,
Sottes vieilles, Sottes jeunes, nouvelles,
Toutes Sottes aymant le masculin,
Sottes hardies, couardes, laides, belles,
Sottes frisques, Sottes doulces, rebelles,
Sottes qui veulent avoir leur picotin,
Sottes trottantes sur le pavé, sur le chemin,
Sottes rouges, mesgres, grasses et palles,
Le Mardy Gras jouera le Prince aux Halles.

Sotz yvrongnes, aymans les bons loppins,
Sotz qui crachent au matin jacopins,
Sotz qui ayment jeux, tavernes, esbatz ;
Tous Sotz jalloux, Sotz gardans les patins,
Sotz qui chassent nuyt et jour aux congnins ;
Sotz qui ayment à fréquenter le bas,
Sotz qui faictes aux dames les choux gras,
Advenez y, Sotz lavez et Sotz salles ;
Le Mardy Gras jouera le Prince aux Halles.

Mere Sotte semond toutes les Sottes,
N'y faillez pas a y venir, bigottes ;
Car en secret, faictes de bonnes chieres.
Sottes gayes, delicates, mignottes,
Sottes doulces qui rebrassez vos cottes,
Sottes qui estes aux hommes famillieres,
Sottes nourrices, et Sottes chamberieres,
Monstrer vous fault douces et cordiales ;
Le Mardy Gras jouera le Prince aux Halles.

Fait et donné, buvant vin à plains potz,
En recordant la naturelle game,
Par le Prince des Sotz et ses suppostz ;
Ainsi signé d'ung pet de preude femme.

 

 

 

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 11:03

 

Jean_Richepin.jpg

 

 

Jean Richepin (1849-1926)

 

 

Jean Richepin est né en Algérie le 4 février 1849 à Médéa. Fils d'un médecin militaire, petit-fils de paysans, il fit de brillantes études au Lycée Napoléon, au lycée de Douai et au Lycée Charlemagne, puis entra à l'Ecole normale supérieure qu'il quitta avec le grade de Licencié es lettres en 1870.  1870, année charnière dans sa vie, puisqu'il s'engagea cette année-là dans un corps de francs-tireurs qui suivit les mouvements de l'armée de Bourbaki pendant la guerre franco-allemande. De 1871 à 1875, il mena une vie de bourlingueur, gagnant sa vie comme professeur "libre", matelot, portefaix et débardeur à Naples ainsi qu'à Bordeaux. Après avoir écrit, en 1871, dans La Vérité et le Corsaire, il débuta en 1873 au théâtre de la Tour-d'Auvergne une carrière à la fois d'acteur et d'auteur dramatique, avec l'Etoile, pièce écrite en collaboration avec André Gill.

 

Il s'est rendu célèbre dans les cénacles du quartier latin par une passion effrénée d'indépendance, par des théories sociales affirmées, par des excentricités et par l'effervescence d'un "sang touranien" qui disait-il, circulait dans ses veines, par sa vigueur mais aussi par son habileté dans de nombreux sports et par sa beauté virile. Il y noue des relations amicales avec Léon Bloy,  l'humoriste Sapek, le poète Maurice Rollinat, le romancier Paul Bourget et surtout le poète et caricaturiste Raoul Ponchon, rencontré dans les salons de la maîtresse de Charles Cros, Nina de Viallard, et qui deviendra son ami inséparable.

 

En 1876, il conquit un large public avec sa Chanson des Gueux et se fit par la même occasion de redoutables ennemis. En 1876, suite à la dénonciation du Charivari, le poème fut saisi et Richepin condamné à un mois de prison qu'il dut purger à Sainte Pélagie et 500 francs d'amende pour outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs. Le résultat de cette condamnation, on l'imagine sans peine étant donné son caractère, fut qu'il s'attacha plus que jamais à "démolir les préjugés" et à défendre la cause des humbles et des opprimés.

 

Non content de collaborer à des journaux littéraires comme "L'Illustration"  en tant que chroniqueur, où il dénonca les horreurs de la guerre 1914-1918  soutenu par son ami Paul Verlaine qui lui dédia "Dédicaces" et au Gil Blas, il écrivit des études de moeurs, des romans, des poèmes et des drames, des contes fantastiques comme "Cauchemars" (1892) ou "Le coin des fous"( 1921) .

 

Dans ses romans, il recherchait l'étude des "sensations curieuses et des anormalités psychologiques" selon les expressions de l'époque. Citons Les Morts bizarres (1876), Madame André (1878), La Glu (1881), Miarka la fille à l´ourse (1883) ou encore Les Braves Gens (1886).

 

Voyageur infatigable pour l'époque il parcourut  l'Angleterre, l'Italie, la belgique, la Hollande, le Danemark, la Suède, l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne, l'Algérie et le Maroc, où il vécut quinze jours sous la tente, dans l'intérieur du pays.

 

Ce révolté et cette "grande gueule" fut élu à l'Académie française le 5 mars 1908.

 

Jean Richepin est mort à Paris le 12 décembre 1926 et a été enterré à Pléneuf-Val-André dans les Côtes d'armor où il venait régulièrement passer la saison d´été dans sa maison La Carrière en compagnie de son ami Raoul Ponchon.


 

tombeau richepin

 

 

Voici l'une de ses "poésie-chanson" tirée du recueil La Bombarde:


Trois petits oiseaux dans les blés


 

Au matin se sont rassemblés

Trois petits oiseaux dans les blés.


Ils avaient tant à se dire

Qu'ils parlaient tous à la fois,

Et chacun forcait sa voix.

Ca faisait un tire lire,

Tire lire la ou la.
Un vieux pommier planté là

A trouvé si gai cela

Qu'il s'en est tordu de rire.


A midi se sont régalés

Trois petits oiseaux dans les blés.


Tout en chantant dans les branches

  Leur joyeux turlututu,

Ils mangeaient mangeras-tu

Et lâchaient des avalanches

De caca cataractant.

Ils en faisaient tant et tant

Que l'arbre tout éclatant

Etait plein d'étoiles blanches,

 

A la nuit s'en sont allés

Trois petits oiseaux dans les blés

 

Chacun rond comme une caille,

Ils zigzaguaient, titubant,

voletant, roulant, tombant;

Ils avaient tant fait ripaille

Que leurs ventres trop gavés

Leur sembaient de lourds pavés;

Si bien qu'on les a trouvés

Ce matin morts sur la paille.

 

Un seul trou les a rassemblés,

Trois petits oiseaux dans les blés.

 

 

 

 

 

Et je ne résiste pas au plaisir de vous montrer son écriture et ce texte particulièrement bien "envoyé":


 

écriture Richepin

 


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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 10:51


Guy de Maupassant poète de la neige




divers 0459
par chez moi...


divers 0457



Nuit de neige


La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.


Guy de MAUPASSANT




 
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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 14:17


 
Paul Géraldy

(1885-1983)

 

 

 

avec Colette

 

Paul Lefèvre, poète et dramaturge, dit Paul Géraldy, est né à Paris le 6 mars 1885 et est décédé à Neuilly-sur-Seine le 10 mars 1983 presque centenaire.

Il collabora à La Revue, puis à la Nouvelle Revue, à la Plume, au Mouvement, à la Revue Hebdomadaire, à l'Art et la Mode, à l'Intransigeant, au Figaro etc.

Il publie son premier recueil, Les Petites Âmes, en 1908, et connaît un très grand succès populaire avec son second recueil, Toi et moi, en 1912.

Son répertoire est celui d'un théâtre psychologique traditionnel dans lequel il met en évidence les relations familiales au sein de la petite bourgeoisie intellectuelle de l'entre-deux-guerres.

Il porta son regard essentiellement sur la vie de couple (Aimer, 1921; Robert et Marianne, 1925; Duo, d'après Colette, 1938), soumise à la pesanteur du quotidien. Cet art empreint de sentimentalité lui valut un vif succès, notamment auprès du public féminin.

Ce fut aussi le cas pour sa poésie, sensible parfois maladroite mais toujours sincère, et personnelle. Il y livre les confidences du cœur avec les mots de tous les jours.

Géraldy ne figure pas dans les principales anthologies de la poésie française de la fin du XXe siècle, ce qui l'a rendu presque inconnu de la génération née après guerre. Le journaliste Jean-François Kahn le « redécouvre » et le fait redécouvrir au public le temps d'une émission télévisée au début des années 1980.

Il a également laissé des études psychologiques dans des narrations telles que la Guerre, Madame ! … (1916) et l'Homme et l'Amour (1951).

Il fut un hôte assidu de Sainte-Maxime, dans sa villa « Toi et moi ».
 

 

 

Voici à titre d'exemple l'un de ses poèmes:



Plein Soleil




Les joueurs, les cousins et les autres, sont là.
Le tennis, qui tend droit ses lignes parallèles,
semble un filet pour attraper les demoisellles.
L'été baigne de ciel les murs neufs des villas.

L'air sent le bleu, les doigts gantés, les cigarettes,
les jardins arrosés, le luxe, les oiseaux...
Le matin, tout léger de s'être levé tôt,
traduit l'âme grelette et noble des fillettes.

Liane en blanc, qui rêve et manque tous les coups,
boude à ses yeux, s'impatiente et se déteste,
fait un vilain sourire avec un joli geste
et relève en courant ses cheveux sur son cou.

Puis, grave, elle entre-croise un instant ses chevilles,
se mord la lèvre, fait en deux pas quatre sauts,
revient, hésite et se suspend les poings hauts,
tendant comme un garçon son corps de jeune fille:

La balle vient, comme un rayon de soleil blond!
Liane attend... mais brusque, elle bouge, s'apprête,
tourne autour de sa robe, et levant sa raquette,
au bout de son bras nu réfléchit le rayon!

1906

 

 

Bonne découverte!

 

 

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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 09:35

Paul Gérardy 1870-1933


 

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Paul Gérardy, à ne pas confondre avec Paul Géraldy (poète également oublié) est né le 15 février 1870 à Maldange alors situé en Wallonie prussienne. Il habite successivement Liège, Bruxelles, Munich, Paris puis retournera en Belgique pour y mourir en 1933. Avec Charles Delchevalerie, il devient l'animateur de la revue liégeoise Floréal en 1894, inscrite dans la mouvance du Symbole et dans le même temps écrit en français et en allemand  avec son ami prussien Stefan George.

 

En 1898, il réunit sous le titre de Roseaux ses poèmes composés de 1892 à 1894, recueil qui paraîtra au Mercure de France.


La forme est brève, le vers généralement court, proche du modèle de la chanson ou du lied.  On y note quelques audaces versificatoires, approximations ou inachèvements qui touchent au mètre ou à la rime, frôlée parfois par l'assonance.


Camille Mauclair, poète lui-même, romancier, critique français,  disciple de Mallarmé, et parmi les meilleurs historiens du Symbolisme dira de ses poèmes  qu'ils contiennent : « des mélodies douces et harmonieuses où l'influence de Verlaine n'empêche point une personnelle sensibilité, un tact frileux, quelques hésitations devant la vie, et beaucoup d'art. Les vers de Paul Gérardy, délicieusement ingénus, pleins de musique, nimbent des sentiments simples d'une langue naïve, d'une authentique naïveté.... M. Gérardy est imprégné de la mélancolie demi-souriante des ciels mouillés du pays wallon. »


Depuis 2002, un musée lui est consacré à Burg Reuland.

 

A titre d'exemple d'ingénuité et de naïveté poétique, j'ai choisi l'un de ses poèmes, Le chasseur noir :

 

Le chasseur noir

 

J'aime le noir chasseur de l'ombre

Qui, l'arc en mains, carquois au dos,

Traverse quand la nuit est sombre,

Le bois où dorment les échos.


De son chien noir les yeux l'éclairent,

Et son chien est un démon ;

Les loups, les sangliers le flairent

Par les halliers touffus du mont.


Ils se taisent de peur et tremblent ;

Le chasseur noir et le chien noir

Passent tout lentement et semblent

Dans la nuit sombre ne rien voir.


Le morne chien regarde l'herbe,

Le chasseur regarde la nuit ;

Dans le lointain monte une gerbe

De feux follets qui les poursuit.


Et toujours dans la nuit et l'ombre

Le chasseur et le chien s'en vont ;

Et l'homme rêve un rêve sombre,

Et le chien noir est un démon.

 

 

 


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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 13:37

Raoul Gineste
(1849-1914)


 


 
De son vrai nom Adolphe Augier, Raoul Gineste est né à Fréjus dans le Var en 1849.

Inutile de chercher sur internet une biographie, une photo de lui... Rien. Pourtant  cet écrivain, journaliste (il collabore au Parnasse et à de nombreux journaux et revues à son époque) est fort apprécié par de nombreux poètes et lu, parfois chanté par ses contemporains. Son travail à la revue littéraire et artistique Paris-moderne lui permet de fréquenter Théodore de Banville, Courteline,(alors Directeur de la revue) José-maria de Heredia, Leconte de lisle et...Verlaine. Ses poèmes sont écrits le plus souvent en français mais aussi en langue d'Oc.

Il publie ses premiers vers dans des revues littéraires et fait paraître en 1887 un volume intitulé Le Rameau d'or dont Maurice Bouchor (critique) dira: "on lit avec émotion ce livre sincère, on le ferme avec un peu de tristesse, mais consolé par la sympathie humaine qui s'en dégage ".

En 1894 dans Chattes et chats, il célèbre ces félins sous la triple incarnation familière, légendaire, satanique, car parfois, il en prend un au coin du foyer pour le conduire à la messe noire!

En 1903, paraît le volume Soirs de Paris où défilent théâtreux et théâtreuses, snobs et snobinettes dans des décors délicieusement parisiens. L'auteur y fustige d'une main légère les petits travers de ces jeunes gens qu'il connaît bien.



 
 Voici l'un de ses craquants poèmes:

 Les vieux chats

Comme ils sont tristes, les matous,
De n'être plus sur les genoux,
Qui leur faisaient un lit si doux!

Qu'ils regrettent les longues veilles,
Où les doigts secs des bonnes vieilles
Taquinaient leurs frêles oreilles!

Lorsque, assises au coin du feu,
En rêvant au bel housard bleu
qui reçut leur premier aveu,

Les tricoteuses de mitaines
Evoquaient les amours lointaines,
Le temps heureux des pretantaines;

Alors les minets adorés,
Arquant leur dos gras et fourrés,
Prenaient des airs enamourés;

Ils avaient des façons béates
De se lustrer le bout des pattes,
En rêvant aux mignonnes chattes,

Ou, comme des sphinxs accroupis,
Ils ronronnaient sur le tapis,
Laissant aux rats de longs répits.

Fi des rats malins! Les maîtresses
Leur faisaient de longues paresses
Pleines de lait et de caresses;

Le ragoût qu'on allait manger
Cuisait avec un bruit léger:
Fallait-il donc se déranger?

Mais, ô revers inévitables!
Des héritiers peu charitables
Ont proscrit les chats de leurs tables;

Les voilà bohèmes; souvent,
Par les nuits de neige et de vent,
Ils grelottent sous un auvent;

Ombres étiques et funèbres,
Ils profilent dans les ténèbres
Leurs dos où saillent les vertèbres;

Et quand ils voient passer en bas
Des bonnes femmes à cabas
Qui trottent menu d'un air las,

Le bon goût des crèmes sucrées
Où trempaient les croûtes dorées
Revient à leurs lèvres sevrées,

Et les vieux chats, d'un air dolent,
Hantés par un cruel relent,
Font le gros dos en miaulant.



Son écriture:

 




 
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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 12:37

La comtesse Mathieu de Noailles


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Née à Paris en 1876, Anna appartient aux familles de boyards Bibescu et Craiovesti de Roumanie. Elle est la fille du prince Grigore Bibescu-Basarab, fils du prince valaque Gheorghe Bibescu et de la princesse Zoe Brâncoveanu. Sa mère est la célèbre pianiste grecque Raluca (Rachel) Moussouros, à qui le compositeur Ignacy Paderewski dédia nombre des ses compositions. Sa tante, la princesse Elena Bibescu, a joué un rôle actif dans la vie artistique parisienne à la fin du XIXe siècle jusqu'à sa mort en 1902.


Anna de Noailles écrit trois romans, une autobiographie et un grand nombre de poèmes. Son lyrisme passionné s'exalte dans une œuvre qui développe, d'une manière très personnelle, les grands thèmes de l'amour, de la nature et de la mort. Au début du XXe siècle, son salon de l'avenue Hoche attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque parmi lesquels Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide, Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean Cocteau, Alphonse Daudet, Pierre Loti, Paul Hervieu ou encore Max Jacob.


En 1904, avec d'autres femmes telles que Mme Alphonse Daudet et Judith Gautier (la fille de Théophile Gautier), Anna de Noailles créa le prix "Vie Heureuse", issu de la revue du même nom, qui deviendra plus tard le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie.

Anna de Noailles est si connue en son temps que plusieurs artistes de renom de l'époque firent son portrait comme Antonio de la Gandara, Kees van Dongen, Jacques-Émile Blanche ou le peintre britannique Philip Alexius de Laszlo. En 1906, elle est le modèle d'un buste en marbre pour Auguste Rodin, qui est aujourd'hui exposé au Metropolitan Museum à New York (le modèle en terre glaise est exposé au Musée Rodin à Paris).

Elle est la première femme devenue commandeur de la Légion d'honneur, et l'Académie française nomma un prix en son honneur.

Elle meurt en 1933 et est inhumée au cimetière du Père-Lachaise à Paris mais son coeur repose dans le cimetière d'Amphion-les-Bains.

Son écriture:




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Et l'un de ses poèmes:


Voix de l'ombre

Mes livres, je les fis pour vous, ô jeunes hommes
Et j'ai laissé dedans,
Comme le font les enfants qui mordent dans des pommes,
La marque de mes dents.

J'ai laissé mes deux mains sur la page étalées,
Et la tête en avant
J'ai pleuré, comme fait au milieu de l'allée
Un orage crevant.

Je vous laisse, dans l'ombre amère de ce livre,
Mon regard et mon front,
Et mon âme toujours ardente et toujours ivre
Où vos mains traîneront.

Je vous laisse le clair soleil de mon visage,
Ses millions de rais,
Et mon coeur faible et doux, qui eut tant de courage
Pour ce qu'il désirait...

Je vous laisse ce coeur, et toute son histoire,
Et sa douceur de lin,
Et l'aube de ma joue, et la nuit bleue et noire
Dont mes cheveux sont pleins.

Voyez comme vers vous, en robe misérable,
Mon destin est venu.
Les plus humbles errants, sur les plus tristes sables,
N'ont pas les pieds si nus.

Et je vous laisse, avec son treillage et ses roses,
L'étroit jardin verni
Dont je parlais toujours, - et mon chagrin sans cause
Qui n'est jamais fini...



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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 12:36


Anatole Lebraz


Le poète de l'Ankou

 1859-1926


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Fils d'un instituteur de campagne, Anatole Le Braz est né le 2 avril 1859 à Duault, un petit village forestier perdu dans un des replis les plus secrets de la montagne bretonne. Son enfance se passa à Ploumilliau, où il fit ses classes dans l'école de son père pendant qu'il s'initiait au latin sous la férule du recteur de la paroisse, messire Villiers de l'Isle-Adam oncle de l'écrivain symboliste. Le jeune Le Braz ne parlait guère que le breton en compagnie de ses condisciples ruraux.

Pendant que son père passait de Ploumilliau à Pleudaniel et de Pleudaniel à Penvénan, Anatole était interne au lycée de Saint-Brieuc qui porte aujourd'hui son nom. Mais chaque vacance le remettait en contact étroit avec le milieu paysan de ce Trégor breton auquel il dut une bonne part de son inspiration.

Il prépara la licence de lettres au lycée Saint-Louis, à Paris devint boursier de licence puis d'agrégation de philosophie en Sorbonne, il dut interrompre ses études pour raisons de santé. Professeur de philosophie au collège d'Etampes, il fut nommé deux ans après, professeur de lettres au lycée de Quimper où il resta quatorze ans. Cette nouvelle affectation devait décider de sa carrière littéraire et lui révéler sa véritable vocation.

Dès son arrivée à Quimper, il devint collaborateur de plusieurs journaux, particulièrement L'Union agricole de Quimperlé où il fit paraître un certain nombre de contes et de nouvelles d'inspiration strictement bretonne. Ces premiers essais, retravaillés, seront repris par la suite dans ses recueils les plus populaires, les Vieilles Histoires du pays breton, Le Sang de la sirène, La Terre du passé, Les Contes du soleil et de la brume, Ames d'Occident. Le nom de Le Braz figure aussi régulièrement au sommaire de la revue L'Hermine dès sa fondation ( 1889).

A Quimper, il avait connu et estimé le folkloriste François Luzel dont il devint le disciple et le compagnon pour la collecte des chansons populaires bretonnantes qui parurent en 1890 sous le titre de Soniou Breiz-Izel. Avec Luzel, il s'initia aux délicates méthodes d'enquêtes auprès des humbles. Il y réussit pleinement parce qu'il connaissait bien la langue bretonne et qu'il était porté d'instinct vers les paysans et les marins, parmi lesquels il reconnaissait " les plus gentils hommes de notre race ". Cela lui permit de recueillir, pour son compte, les récits de La Légende de la mort, ce livre qui demeure l'ouvrage de référence indispensable pour quiconque prétend comprendre les bretonnants jusque dans leurs plus étonnantes manifestations. De ses longues et patientes enquêtes, Le Braz rapporta, en outre, la matière de son livre sur Les Saints bretons d'après la tradition populaire et ces émouvants reportages intitulés Au pays des pardons.

Maître de conférences, puis professeur à la faculté des lettres de Rennes de 1901 à 1924, Le Braz concentra ses travaux sur un double thème : d'une part la Bretagne et le romantisme, d'autre part le théâtre celtique qui lui fournit son sujet de thèse (1904). Chargé de missions d'enseignement en Suisse et aux Etats-Unis, il y remporta de remarquables succès de conférencier. Brillant causeur et doué d'un puissant charme dans sa parole aux dires de ceux qui l'ont connu, il servit particulièrement la cause de la France en Amérique de 1914 à 1919. Les fatigues de cet apostolat, venant après de nombreux deuils tragiques, furent à l'origine de sa mort prématurée. Cet homme qui aimait la Bretagne d'un amour profond et lucide s'en alla mourir à Menton, en 1926.



Son écriture manuscrite:



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L'un de ses poèmes:

Berceuse d'armorique

Plac'had ann ôd a gan eur gan
Hac a zo trist, hac a zo splân


Dors, petit enfant, dans ton lit bien clos
Dieu prenne en pitié les bons matelots!

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Quand tu seras mousse, hélas! c'est le vent
Qui te bercera dans ton lit mouvant.

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Déjà dans ton âme a chanté la mer
Son chant aux doux fils, aux mers amer.

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Au pays du Froid, ton père a sombré.
Tu naissais alors, je n'ai pas pleuré.

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Au pays du Froid, la houle des fiords
Chante sa berçeuse en berçant les morts?

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Dors, petit enfant, dans ton lit bien doux,
Car tu t'en iras comme ils s'en vont tous.

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Tes yeux ont déjà la couleur des flots.
Dieu prenne en pitié les bons matelots!

_ Chante ta chanson, chante, bonne vieille!
La lune se lève et la mer s'éveille.

Car c'est pour les flots que nous enfantons,
Tous meurent marins, qui sont nés Bretons.





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18 octobre 2007 4 18 /10 /octobre /2007 13:15



Tristan Corbière

1845-1875

Le cercle des poètes oubliés (4)



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Edouard-Joachim - Tristan - Corbière naît le 18 juillet 1845 à Morlaix. Son père, capitaine au long cours et auteur de romans maritimes est âgé de 52 ans,  sa mère de 19. 

Ce père, prénommé également Edouard, est un homme d'influence à Morlaix. Considéré comme le premier romancier maritime de France, son roman "Le négrier " a été réédité à maintes reprises. C'est un libéral anticlérical. Ses prises de position très marquées le condamnèrent notamment à un an de prison et à de nombreuses poursuites judiciaires sous la Restauration. C'est à cette époque qu'il fonde  un journal libéral "La guêpe" et participe aussi à la rédaction du journal du Havre. Durant la révolution de 1830, il prend la tête de la jeunesse du Havre qui lutte pour la liberté de la presse.  Après s'être fait une grosse fortune grâce à ses romans, ses articles et sa carrière maritime, il décide de créer la "Compagnie du Finistère" qui instaure une liaison maritime régulière entre le Havre et Morlaix.

Après une petite enfance passée dans le manoir du Launay, Tristan, âgé de 14 ans est envoyé en pension au lycée impérial de Saint-Brieuc. Des années difficiles loin de sa famille et dans un environnement sévère. Il souffre du froid, se plaint d'engelures répétitives aux mains et aux pieds. Il tombe rapidement malade et part rejoindre son oncle médecin établi à Nantes.

A 15 ans, il entre au lycée de Nantes  en qualité d'externe. Par la suite, la maladie ayant encore progressé, Tristan ne peut se présenter au baccalauréat et sur les conseils du docteur Chenantais, il vient s'installer à la station balnéaire de Roscoff.

Commence alors sa vie de marginal. 

Il navigue sur un sloop de plaisance que son père lui a fait construire, écrit des poèmes, traîne sa maigre silhouette dans les rues et les bars de la ville, s'amuse à se déguiser en forçat, en femme ou en mendiant, à se raser les sourcils ou bien encore lors de son voyage à Rome traîne un porc en laisse déguisé en évêque et ce lors du carnaval en présence du pape.


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Tristan Corbière déguisé en femme et Corbière le "dandy"



C'est sans doute parce qu'il se sent laid, malade, inactif face à un père qui, lui a tout réussi et qui force l'admiration de tous, que va naître son agressivité et son "spleen". 

En 1875, Tristan s'installe à Paris où il rencontre une jeune actrice parisienne Armida Josefina Cuchiani que Tristan appelle "Marcelle". Celle qui était également la maîtresse du comte Rodolphe de Batine inspire à Tristan la plus grande partie de son oeuvre. Les relations perverses du trio n'ont d'égales que la fougue du jeune poète à aimer une femme qui " n'aime pas qu'on l'aime ".

De cette relation masochiste, ambiguë, " cocufiante ", il écrira  les "Amours jaunes", sa seule oeuvre, un recueil de poèmes et de textes en prose sans lien apparent ou cohérence interne qu'il dédie  à son père et qui est publié en 1873 à compte d'auteur chez le petit éditeur Gladys à Paris (éditeur spécialisé dans la littérature érotique dont les livres étaient reconnaissables à leurs couvertures jaunes). 

De plus en plus malade, il entre à l'hôpital Dubois et écrit  à sa mère: "Je suis à Dubois... du bois dont on fait les cercueils". Juste présage puisqu'il y décède  peu de temps après. Il faut attendre Verlaine qui huit ans après la mort de Tristan consacre une étude  aux "poètes maudits" dont Corbière figure en tête pour que "Les Amours jaunes" sortent enfin de l'ombre. 
    
Ce livre aux images crues, rédigé dans une langue très heurtée, ne respectant ni l'orthographe ni les règles de syntaxe élémentaires, utilisant la ponctuation à outrance pour mieux briser les règles, le rythme et la fluidité de la poésie classique a pourtant exercé un influence considérable sur la poésie moderne en raison justement de sa liberté d'expression et de son côté novateur.


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lettre de Tristan à ses parents


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Il fut un des premiers à avoir eu le courage de faire passer la sincérité de son malaise avant l'apaisement harmonieux que doit produire la bonne forme. Son style et son inspiration emportèrent l'adhésion des symbolistes, puis des surréalistes: T.S. Eliot ou Ezra Pound admirèrent en lui un lointain précurseur de leurs démarches poétiques.



Voici deux poèmes qui illustrent bien son style:

 

Son épitaphe :

Mélange adultère de tout :
De la fortune et pas le sou,
De l'énergie et pas de force,
La liberté, mais une entorse.
Du coeur, du coeur ! de l'âme non !
Des amis, pas un compagnon,
De l'idée et pas une idée,
De l'amour et pas une aimée,
La paresse et pas le repos ;
Vertus chez lui furent défauts.
Ame blasée, inassouvie ;
Mort, mais pas guéri de la vie ;
Gâcheur de vie hors de propos,
Le corps à sec et la tête ivre,
Espérant, niant l'avenir,
Il mourut en s'attendant vivre,
Et vécut s'attendant mourir.



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aquarelle de Jean Fougereux: Roscoff


Au vieux Roscoff

Trou de flibustiers, vieux nid
A corsaires ! - Dans la tourmente,
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante...

Ronfle à la mer, ronfle à la brise ;
Ta corne dans la brume grise,
Ton pied marin dans les brisants...
- Dors : tu peux fermer ton oeil borgne
Ouvert sur le large et qui lorgne
Les Anglais depuis trois cents ans.

- Dors vieille coque bien ancrée ;
Les margats et les cormorans,
Tes grands poètes d'ouragan
Viendront chanter à la marée...

- Où battaient-ils, ces pavillons,
Echarpant ton ciel en haillons ?
- Dors au ciel de plomb sur tes dunes...
Dors : plus ne viendront ricocher
Les boulets morts, sur ton clocher
Criblé - comme un prunier - de prunes...

- Dors : sous les noires cheminées
Ecoute rêver tes enfants,
Mousses de quatre-vingt-dix ans,
Epaves des belles années...

Il dort ton bon canon de fer,
A plat ventre, aussi dans sa souille.
Grêlé par les lunes d'hiver...
Il dort son lourd sommeil de rouille.
- Va : ronfle au vent, vieux ronfleur,
Tiens toujours ta gueule enragée
Braquée à l'Anglais !... et chargée
De maigre jonc marin en fleur.

 

 

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22 septembre 2007 6 22 /09 /septembre /2007 10:35
 

 

 

Théodore de Banville

Le cercle des poètes oubliés (2)

 

 

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Théodore de Banville, poète français, né le 14 mars 1823 à Moulins, dans l'Allier, mort le 13 mars 1891, à Paris, à son domicile rue de l'Éperon. Fils de Claude Théodore Faullain de Banville (1785-1846), lieutenant de vaisseau, et de Zélie Huet (1799-1876). Poète d'une souplesse et d'une verve extraordinaires, il forme la transition entre l'Ecole romantique et l'école parnassienne. Banville professait un amour exclusif de la beauté et s’opposait à la fois à la poésie réaliste et aux épanchements romantiques, face auxquels il affirmait sa foi en la pureté formelle de l’acte poétique.

Théodore de Banville a fait ses études au lycée Condorcet. Encouragé par Victor Hugo et par Théophile Gautier, il se consacra à la poésie, et fréquenta les milieux littéraires parmi les plus anticonformistes. Il méprisait la poésie officielle et commerciale, fut l'adversaire résolu de la nouvelle poésie réaliste et l'ennemi de la dérive larmoyante du romantisme.

Il collabora aussi comme critique dramatique et chroniqueur littéraire aux journaux le Pouvoir (1850), puis le National (1869) et devint une figure très importante du monde littéraire, devenant membre de la Revue fantaisiste (1861), où se retrouvent les poètes qui furent à l’origine du Parnasse et de tous les mouvements du siècle.

En 1866 il épouse Marie-Élisabeth Rochegrosse, et organise la première représentation de Gringoire. Il publie Les Exilés en 1867, recueil qu'il dédie à sa femme et qu'il considéra comme le meilleur de son œuvre.

Il fut l'un des auteurs les plus influents du monde des lettres, auteur de théâtre, poète de la seconde génération romantique et critique littéraire, et fut admiré et souvent imité par toute une génération de jeunes poètes de la deuxième moitié du XIXe siècle.

Sa revue collective, le Parnasse contemporain, initia Arthur Rimbaud, à la poésie de son temps. Le 24 mai 1870, celui-ci, alors âgé de 16 ans, envoya à Théodore de Banville un courrier auquel il joignit plusieurs poèmes (Ophélie, Sensation, Soleil et chair), afin obtenir son appui auprès de l'éditeur Alphonse Lemerre.

En novembre 1871, Théodore de Banville logea chez lui Arthur Rimbaud, mais dès le mois de mai, ce dernier dans ses lettres dites « du voyant » exprime sa différence, et en août 1871, dans son poème parodique, « Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs », exprime une critique ouverte de la poétique de Banville.

En 1872, avec son Petit Traité de poésie française, Banville rompt avec le courant symboliste. Il publie presque une œuvre par an tout au long des années 1880, et meurt à Paris le 13 mars 1891, peu après la publication de son seul roman, Marcelle Rabe.

Théodore de Banville a particulièrement travaillé, dans son œuvre, les questions de forme poétique, et a joué avec toutes les richesses de la poésie française. Il lui a été reproché d’avoir manqué de sensibilité et d’imagination, mais son influence salutaire, permit à de nombreux poètes de se dégager de la sensiblerie mièvre qui survivait au véritable romantisme.

 

 

Le fac-similé de son écriture

 

 

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 Et un poème plein d'humour, qui "balançait" sec à l'époque!!!:




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 Lapins

Les petits lapins, dans le bois,
Folâtrent sur l'herbe arrosée
Et, comme nous le vin d'Arbois
Ils boivent la douce rosée.

Gris foncé, gris clair, soupe au lait,
Ces vagabonds, dont se dégage
Comme une odeur de serpolet,
Tiennent à peu près ce langage:

Nous sommes les petits lapins,
Gens étrangers à l'écriture
Et chaussés des seuls escarpins
Que nous a donné la nature.

Près du chêne pyramidal
Nous menons les épithalames
Et nous ne suivons pas Stendhal
Sur le terrain des vieilles dames.

N'ayant pas lu Dostoïewski,
Nous conservons des airs peu rogues,
Et certes, ce n'est pas nous qui
Nous piquons d'être psychologues.

Nous sommes les petits lapins.
C'est le poil qui forme nos bottes,
Et, n'ayant pas de calepins,
Nous ne prenons jamais de notes.

Nous ne cultivons pas le Kant;
Son idéale turlutaine
Rarement nous attire. Quant
Au fabuliste La Fontaine,

Il faut qu'on l'adore à genoux;
Mais nous préférons qu'on se taise
Lorsque méchamment on veut nous
Raconter une pièce à thèse.

Etant des guerriers du vieux jeu,
Prêts à combattre pour Hélène,
Chez nous on fredonne assez peu
Les airs venus de Mitylène.

Préférant les simples chansons
Qui ravissent les violettes,
Sans plus faire, nous laissons
Les raffinements aux belettes.

Ce ne sont pas les gazons verts
Ni les fleurs dont jamais nous rîmes,
Et, qui pis est, au bout des vers
Nous ne dédaignons pas les rimes.

En dépit de Schopenhauer,
Ce cruel malade qui tousse,
Vivre et savourer le doux air
Nous semble une chose fort douce,

Et dans la bonne odeur des pins
Qu'on voit ombrageant ces clairières,
Nous sommes les tendres lapins
Assis sur leurs petits derrières.

(Sonnailles et clochettes)



 

 

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