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  • : Ecritures à la loupe
  • : Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
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Mes romans

histoire

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 13:00


Oscar Wilde

(part 2)

Hommage en vidéo avec en prime, sur la seconde un rarissime enregistrement de sa voix sur cylindre










Bon dimanche!



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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 13:26

Oscar Wilde en vidéo

Bon Samedi!

N'oubliez pas de mettre le son... ;)

Part (1)


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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 14:56







Albertine SARRAZIN
    

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Etrange destinée que celle d’Albertine SARRAZIN!
 
Née en 1937 à Alger d’une relation extra-conjugale de son père colonel et médecin militaire avec une servante juive de quinze ans, elle est confiée anonymement et sur ordre paternel à l’Assistance publique. Pourtant en 1939, le père décide de l’adopter tout en cachant à sa femme Thérèse les liens du sang qui le lient à Albertine. Le couple quitte Alger en 1947 et s’installe à Aix en Provence où Albertine, rebaptisée Anne-Marie, suit l’enseignement rigoureux du collège Sainte Catherine de Sienne, établissement où elle se fait remarquer par d’excellents résultats scolaires. 
 
Bonne élève, mais rebelle et indisciplinée, tout au moins aux yeux de son père, elle commence dès 1949 à écrire dans de nombreux cahiers à spirales des « aventures ». Violée par un oncle vers l'âge de dix ans, elle se tait et sa révolte prend un caractère de plus en plus agressif. Son comportement lui vaut l’internat, des visites chez un psychiatre qui recommande fortement aux parents adoptifs un éloignement familial, tout en la jugeant parfaitement normale.  Envoyée de force dans l’établissement du Bon Pasteur à Marseille où elle est censée rester jusqu’à sa majorité et où elle est à nouveau rebaptisée (à l'instar de toutes les pensionnaires arrivant dans cet établissement) Anick.
 
En effet, dans les années 50-60, on enfermait des jeunes filles dans les couvents du Bon Pasteur afin de les mettre dans le droit chemin. Leur faute ? Etre filles-mères, fugueuses, pauvres, abandonnées ou considérées comme ayant « le diable au corps » parce qu'elles avaient embrassé un garçon. Histoires narrées dans un téléfilm récent « Les diablesses du Bon Pasteur » où l’on découvre ce qu'étaient ces institutions religieuses où l'on cassait la personnalité des adolescentes. On changeait leur prénom, on coupait leurs cheveux, on bandait leur poitrine pour occulter leur corps et on vérifiait qu'elles étaient vierges. Leurs journées, ponctuées de prières, étaient consacrées à des tâches ingrates. A leur majorité (21 ans), elles sortaient déshumanisées. Ces institutions (une centaine) ont fermé dans les années 70.



        

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Elle y passe la première partie de son Bac qu’elle obtient avec mention Bien.
En rupture de bans, elle s’enfuit du Bon Pasteur et se réfugie à Paris où elle retrouve une camarade de l’établissement. Commence alors pour le duo une vie de rapines et de prostitution. Lors d’un retour éclair dans la maison familiale, elle vole à son père son pistolet et retourne à Paris où toujours accompagnée de son amie, elle se lance dans le hold-up.
 
L’affaire tourne mal, sa compagne blessant une vendeuse d’un coup de revolver. Le duo prend la fuite mais se fait arrêter rapidement par la police Boulevard Saint-Michel. Envoyée à Fresnes, Albertine commence à écrire des poèmes, reprend ses études et passe son Bac de terminale. 
 
En novembre 1955, les deux amies comparaissent aux assises des mineures de la Seine ; le procès se déroule à huis clos. Albertine, loin de montrer de la repentance, nargue ses juges et les jurés de la cour d'assises : « Je n'ai aucun remords. Quand j'en aurai, je vous préviendrai », dit-elle au procès. Elles sont condamnées mais comme elle est considérée comme le « cerveau » du braquage, elle écope de  sept ans de prison contre cinq pour sa comparse. Incarcérée à Fresnes, puis à la prison-école de Doullens dans le Nord de la France, c’est dans cette prison qu’elle apprend la décision de ses parents de révoquer l’adoption plénière, chose rarissime en France.

       
       

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En 1957, elle s’inscrit au certificat d’études littéraires générales classiques, se retrouve au cachot pour avoir embrassé une autre détenue sur la bouche, puis s'évade de la prison le 19 avril en sautant d'une hauteur de dix mètres.
Dans sa chute elle se brise l’astragale et se traîne en rampant jusqu’au bord d’une route nationale où un jeune malfrat Julien Sarrazin, la trouve. Il la cache chez sa mère, la soigne et en tombe amoureux. L’idylle se poursuit en cachette; le couple s’installe dans le Val de Marne mais en mars 1958, Julien est arrêté et incarcéré à Boulogne. Seule à Paris, Anick recommence à se prostituer jusqu’à la libération de Julien.
Ils partent vivre à Calais. Le vol étant leur seule occupation et source de revenus, ils se font arrêter le 8 septembre 1958 et si Julien bénéficie d’une relaxe, Anick est condamnée à finir sa peine de Doullens. Transférée ensuite à la prison d’Amiens, elle s’occupe de l’entretien, de la couture, étudie la philosophie et l’anglais, écrit des poèmes. En février 1959, encadrés de deux gendarmes, les jeunes gens se marient.
En prison, Anick commence la rédaction de La Cavale.
Julien, libre, continue ses cambriolages et est de nouveau arrêté. Condamné à une peine de 18 mois, il est libéré en septembre 1960. De son côté, Anick obtient une grâce de sept mois, et sort de prison.
La vie du couple engrange les malheurs avec un accident de voiture qui coûtera la vie à la mère de Julien et de nouvelles arrestations pour divers cambriolages.
Libérée le 6 juin 1963, Anick s’installe à Alès pour se rapprocher de Julien qui purge une peine à la prison de Nîmes et devient pigiste au Méridional pour gagner sa vie. Le 7 avril elle est surprise en train de voler une bouteille de whisky dans un Prisunic et condamnée à quatre mois de prison. Elle y écrit « Les soleils noirs » qui deviendront « L’astragale ».
En 1964, enfin l’un et l’autre libérés, ils s'installent dans une vieille maison aux Matelles (qu'elle appellera la « Tanière ») près de Montpellier. Ils y sont hébergés par Maurice, un ancien client d'Albertine qui vient d'y prendre sa retraite et la poursuit d'un amour tout platonique.
27 avril 1964, le directeur d’édition Jean-Pierre Castelnau accepte les manuscrits de L’Astragale et de La Cavale. Anick part alors Montpellier, pour corriger les dernières épreuves. En 1966, elle est enfin reconnue et célébrée.Elle apprend dans la foulée que ses romans vont être publiés par l'éditeur Jean-Jacques Pauvert. Le succès est immédiat.

Adulée par ceux-là même qui l'avaient méprisée, elle est traduite dans toutes les langues. On la sollicite, on la photographie, on lui demande des autographes. C'est sa revanche sur ses malheurs passés.

Sa singulière beauté, sa spiritualité, sa fantaisie sont appréciées et elle multiplie les interviews. Albertine est ravie de cette nouvelle gloire dont elle ne doutait pas et qu'elle attendait avec impatience ; même si elle n'est pas dupe, sachant reconnaître l'hypocrisie où elle se trouve, sachant que certains ne sont pas mus par l'admiration de son oeuvre mais bien par une curiosité malsaine.
 La même année, elle reçoit le prix des quatre-jurys 1966. Elle achève La Traversière et l' ouvrage est publié le 25 novembre.
En 1967, elle meurt à Montpellier des suites d'une opération du rein mal préparée, fatiguée par l'alcool, le tabac, deux autres opérations récentes et sa vie chaotique. L'anesthésiste (non diplômé) ne l'a jamais vue et ne connaît ni son groupe sanguin, ni son poids (le minimum pour opérer) ; de plus, elle n'est pas surveillée en salle de réveil et comble de la négligence, il n'y avait pas de sang de réserve dans la clinique de Montpellier.

Julien attaque l'équipe chirurgicale en justice : le parquet s'empresse d'abord de classer cette mort sans suite. Il fait appel et gagne son procès : le chirurgien et l'anesthésiste de la clinique Saint-Roch sont condamnés à deux mois de prison avec sursis et 90 000 francs d'amende pour homicide involontaire. Peine légère, mais amende lourde pour l'époque.  



           

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Bibliographie :
 
L'Astragale (Jean-Jacques Pauvert, 1965)
La Cavale (Jean-Jacques Pauvert, 1965) adapté au cinéma par Michel Mitrani en 1971
La Traversière (Jean-Jacques Pauvert, 1966)
Romans, lettres et poèmes (Jean-Jacques Pauvert, 1969)
Poèmes (Jean-Jacques Pauvert, 1969)
Lettres à Julien (Pauvert, 1971)
Journal de prison 1959 (éditions Sarrazin, 1972)
La crèche, bibiche, l'affaire saint-jus, le laveur (nouvelles, éditions Sarrazin, 1973)
Lettres de la vie littéraire (Pauvert, 1974)
Le Passe-Peine (Julliard, 1976)
Biftons de prison (1976)
Journal de Fresnes
L'ensemble de ces livres a été tiré à plus de 3 millions d'exemplaires

 


Son écriture:

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Ce n'est certainement pas cette dédicace minimaliste d'Albertine Sarrazin qui va nous permettre de faire un portrait fouillé. La simplicité de l'écriture et de la signature au bic bleu, ne laisse à aucun moment  passer l'image d'une jeune femme en révolte, maniant le revolver et défiant les forces de l'ordre. Tout juste signalerons nous, cette curieuse absence de marge du haut qui selon les contextes et les écritures peut indiquer qu'elle cherche à abolir la distance de ce qui la sépare de ce qu'elle craint dans une attitude de défi. Identification à l'agresseur? Stratégie pour impressionner l'autre? 

Les grands espaces blancs dans la signature, celui entre le mot "en" et "hommage", sont des traces d'un besoin  d'éloignement, de coupure par rapport à ce qui pourrait venir empiéter sur un terrain personnel, interférer sur ses sentiments. Ecriture qui s'isole du reste du monde, traduisant là aussi peut-être (?) les longs moments passés en prison.  



Pour en savoir plus sur Albertine Sarrazin, je vous recommande le site suivant:

http://www.albertine-sarrazin.fr/







 

     
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6 janvier 2008 7 06 /01 /janvier /2008 11:29



Un jour de Noël à Saint-Malo




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Bon dimanche!!


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4 janvier 2008 5 04 /01 /janvier /2008 10:36


Merci pour tous vos messages...


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Alaligne



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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 13:23



Grâce à un commentaire laissé par PIERRE,

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire découvrir un poème

de Bernard DIMEY, dont je suis tombée raide dingue

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Crédit photo Jean-Philippe Charbonnier (1950)




C’est Noël
 

C’est Noël ce soir, eh Marie

Va falloir que tu fass’le p’tit
Il est pas loin d’onze heures et d’mie

Ne t’endors pas sur le rôti
Le christianisme, l’faut s’le faire

Dans une demie-heure, c’est parti
Et comme c’est toi qui s’ras sa mère

Faut tout d’mêm’que tu fass’le p’tit !
 

Si j’avais su qu’tu soyes un’sainte

Dès l’premier jour moi j’s’rais parti
Mais maint’nant ça y est, t’es enceinte

C’que t’as d’mieux à faire, c’est le p’tit !
Je sais bien, la paille est pas sèche

L’bourricot a l’air abruti
L’bœuf aussi… tu parles d’un’crèche

N’empêch’qu’il faut qu’tu fass’le p’tit
 

Y a d’jà les bergers qui rappliquent

Faut pas les laisser v’nir pour rien
C’est pas grave, mais ça s’rait pas chic

C'est des bergers, c’est pas des chiens !
Ça t’gêne que les bestiaux te r’gardent

I’n’voient presque rien, il fait nuit
Mais à présent faut plus qu’tu tardes

Faut t’démerder de l’faire, ce p’tit
 

Si tu accouches après les fêtes

Ça s’ra fini, ça s’ra foutu
Tu n’en fais jamais qu’à ta tête

Marie, je n’te l’répèterai plus
Tu t’conduis comme un’vraie pucelle

Ecoute un pt’it peu c’que j’te dis
Tu vas gâcher la nuit d’Noël

Si tu fais pas tout d’suit’le p’tit
 

Enfin ça y est, t’es raisonnable

Te tracass’ pas, tout s’pass’ra bien
Dès qu’t'as fini, moi j’passe à table

J’bouff’rai tout seul, y’a presque rien
C’est pas marrant mais faut qu’ça s’fasse

Encore un p’tit coup c’est gagnant
Ça y est,v’la l’auréole qui passe

Il est né, le divin enfant




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18 décembre 2007 2 18 /12 /décembre /2007 15:42



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Le calendrier de l’Avent
 
Contes et nouvelles

(26)  Où le calendrier livre son secret


 
  
Le grand jour était enfin arrivé. Les doutes, les hésitations s’étaient dissipés dans l’esprit d’Abel qui ne tendait que vers un seul objectif : faire de cette journée une parfaite réussite. Pour l’atteindre, il se leva tôt et récapitula sur une feuille de papier les courses manquantes et l’organisation de son emploi du temps avec le soin maniaque qu’il prenait pour les tâches importantes. La maison ayant fait l’objet d’un passage au peigne fin deux jours auparavant, un coup d’aspirateur suffirait à la maintenir en état. En revanche, l’argenterie nécessitait une inspection et la décoration des pièces, en particulier la salle à manger, laissait à désirer. Quelques bouquets de fleurs seraient du plus bel effet ainsi qu’un Poinsettia aux feuilles carmin au coin de l’âtre. Des bougies dans de petits photophores illumineraient la table et des bûches de chêne sec alimenteraient la flambée. Il avait décidé également de remettre en état de marche l’horloge franc-comtoise au caisson polychrome qu’il avait hérité de ses parents. Le souper du réveillon quoique simple réclamait aussi toute son attention. Il ajouta sur sa liste quelques menus cadeaux pour les animaux, mais lorsqu’il s’interrogea sur les goûts de Louise-Charlotte, il fut bien incapable de trouver une idée originale. En dehors des ravissants bonnets qu’elle arborait sur les marchés, la seule faiblesse qu’il lui connaissait était un penchant pour les excellents cafés. Il nota donc de se rendre au Petit Café afin de convaincre son propriétaire de lui céder une livre de l’un de ses crus d’exception. Il relut la liste et conclut qu’il n’avait rien oublié. Filou l’attendait déjà devant la porte, son nouveau collier à pattes d’ours autour du cou.
        
Ils s’engagèrent dans la rue des cordeliers où de nombreux passants s’agglutinaient devant les vitrines décorées à la recherche d’idées de cadeaux de dernière minute. Abel commença ses achats chez le boucher Lepetit afin de gâter le fox en ce jour de fête, puis il s’arrêta à la boulangerie pour faire l’emplette de petits pavés au seigle et aux noix, de truffes au chocolat et d’un pain de Noël aux épices et aux fruits. Il s’arrêta ensuite au Petit Café et rencontra accoudé au bar son ami Maître Barbot. Les deux hommes commandèrent un Maragogype du Nicaragua. La richesse des saveurs et des arômes de cette fève douce et enivrante conquit sur-le-champ Abel. Louise-Charlotte, il en était sûr, aimerait une telle délicatesse. Il réussit à convaincre le cafetier de lui vendre un paquet d’une demi-livre et reçut en prime un petit pot de confiture de pastèque qui aux dires du commerçant exaltait le velouté du breuvage. Maître Barbot lui conta en prenant les précautions d’usage, les derniers éléments du dossier de la protégée du vieil homme. L’affaire paraissait bien engagée et Abel se félicita d’avoir fait confiance à l’avocat. Ils se quittèrent en se donnant rendez-vous après les fêtes pour discuter ensemble de la suite à donner au dossier.   
 
Il fit un détour par le square Paul Démère pour laisser Filou retrouver le plaisir des ses anciennes promenades en compagnie de son jeune maître. Le visage du poète, nimbé d’une lumière argentée souriait à un moineau venu lire le poème qu’il tenait à la main. Sur le banc qui avait valu à Abel tant d’émotions, un couple d’adolescents échangeait des baisers gourmands. Il tourna pudiquement la tête pour ne pas les gêner. Ils poursuivirent ensuite par la rue des Grelots jusqu’à la boutique de mademoiselle Rose. La vitrine regorgeait d’étoiles de Noël, ces superbes Poinsettia, mis en valeur par un dégradé allant du rouge grenat au plus tendre des roses. La jeune femme le voyant perplexe devant l’abondance du choix lui fit signe d’entrer tout autant pour l’abriter du froid que pour le conseiller. Elle lui proposa une plante d’un rouge sang de bœuf qui ravit l’œil d’Abel, puis elle lui confectionna deux petits bouquets de table avec des tulipes blanches, de la camomille et des branches de sapin. Sur les étagères, Abel repéra des coupes de terre cuite émaillée et songea que l’une d’elle ferait un superbe bassin pour les ablutions de Myrtille. Lourdement chargé, mais le cœur léger Abel prit le chemin du retour. En route, il croisa Cédric et sa mère, venus comme lui chercher à la librairie du papier cadeau et des rubans multicolores. Le gamin sauta au cou d’Abel écrasant au passage une feuille de l’étoile de Noël qui finit ainsi son existence sur les pavés de la cité. L’horloge de l’église sonna les douze coups de midi et le bonhomme pressa le pas pour rentrer à son logis. 
        
Les courses rangées, les bouquets de fleurs disposés dans deux petits vases en faïence, il enveloppa le café, l’os acheté pour Filou et la coupelle dans du papier doré, puis il noua les paquets de plusieurs mètres de ruban dont il fit bouffer les bouts. Satisfait de l’effet, il s’accorda quelques minutes de pause et se souvint soudain qu’il n’avait pas ouvert la dernière case du calendrier. Cette entorse aux habitudes troubla Abel. Il sortit le carton de son tiroir mais le laissa intact sur la table du salon. 
       
Après avoir déjeuné, il s’attaqua au mécanisme de la Franc-comtoise, sua sang et eau pour vérifier et huiler tous les rouages, nettoyer le pendule en prenant de multiples précautions. Les aiguilles une fois réglées à l’heure exacte, il embraya le pendule et le tic-tac de la vieille endormie vint caresser ses oreilles de son tempo régulier. Ce bruit le ramena des années en arrière lorsque petit enfant il passait de longues veillées auprès de ses grands-parents. Il s’assit dans le fauteuil et laissa son âme vagabonder dans les souvenirs des moments chaleureux passés auprès d’eux. Il n’y avait pas de nostalgie dans ce retour dans le passé. Les ombres volatiles des anciens l’entouraient de leur tendresse, de leur joie de le retrouver. Abel fit un somme en leur compagnie bienveillante. Lorsqu’il se réveilla, la nuit avait déjà jeté son voile sur la cité. Il se sentait heureux et calme. Il pensa alors au calendrier, appela Filou et sacrifia pour une ultime fois au rite de l’ouverture d’une case. Un papier d’une longueur exceptionnelle s’échappa de la case découpée. 
      
« Nous sommes arrivés au terme du chemin de l’Avent. Il se peut que vous nous ayez prêté des pouvoirs magiques, nous en sommes bien marris et nous tenons à nous en expliquer… La réalité et l’illusion sont deux ingrédients indispensables à nos vies. Démêler le vrai du faux, le réel du songe est une occupation de philosophe. Notre but est plus modeste et il tient en bien peu de choses : Il y a en chaque homme un calendrier sommeillant dans son âme dont il est le seul à pouvoir ouvrir les cases jour après jour jusqu’au terme de son existence. Le calendrier est en vous. Vous avez appris à vous en servir, il ne tient qu’à vous de le faire vivre et de faire découvrir à ceux qui vous entourent le trésor qu’ils possèdent. Notre Aventure n’est donc pas terminée et nous n’allons certes pas nous quitter. Néanmoins et afin de préserver votre penchant pour le merveilleux, nous vous encourageons à faire un dernier vœu. Qu’il soit personnel, sincère et motivé et qu’il vous apporte par le soin que vous prendrez à en faire une réalité, le bonheur que tout homme est en droit d’espérer. S’il échoue, peut-être que les résultats des précédents n’étaient qu’illusion, s’il réussit, ce que nous espérons, peut-être êtes-vous devenu un homme dans toute la magie du terme ? Votre serviteur fidèle et dévoué. Le Calendrier » 
         
Abel remit le papier dans sa case, referma l’habitacle et posa le calendrier sur le dessus de la cheminée. Le bonheur et la paix se lisaient sur son visage. Il prépara le souper, juponna la table d’une nappe de dentelle blanche, brodée aux monogrammes de sa mère, sortit les assiettes de porcelaine, les verres de cristal et l’argenterie. Il prit une douche, se vêtit de bleu marine et de blanc, installa la cage de Myrtille dans la salle à manger et alluma une flambée. Enfin, vers dix heures du soir, les trois notes annonçant l’arrivée de Louise-Charlotte retentirent à la porte d’entrée.
          
Elle avait remonté ses cheveux en un épais chignon d’où s’échappaient des mèches argentées et tenait à la main un plateau enveloppé de cellophane où de tendres Saint-marcellins agrémentés de noix fraîches s’offraient à sa convoitise. Il l’aida à se défaire de son épais manteau et découvrit la charmante robe de velours myosotis qu’elle avait choisie pour ce jour de fête. Louise-Charlotte était belle à croquer. Emu, le bonhomme lui fit les honneurs de la maison, lui présenta Myrtille, puis lui proposa une flûte de champagne. Il essayait d’agir avec naturel mais se sentait intimidé, gauche, pour tout dire maladroit. Louise-Charlotte, de son côté n’était guère plus entreprenante et ce n’est que lorsque le moment vint d’ouvrir les huîtres qu’ils retrouvèrent dans la cuisine la complicité de leurs rencontres habituelles. Ils parlèrent, rirent, se confièrent, burent quelques bulles dorées et le reste du repas faillit au final se dérouler dans l’office si un Filou exigeant sur les principes n’avait fait le siège de la table de la salle à manger pour rappeler ses hôtes à de meilleures convenances. A minuit moins dix on en était au fromage. Abel partagea un Saint-Marcellin en quatre parts égales.
      
« Puis-je vous offrir Louise-Charlotte ce morceau en gage d’une affection aussi tendre que ce petit fromage ? » 
      
« Puis-je avant de partager avec vous ce bout de crème qui nous a réunis, vous faire une dernière confidence » répondit Louise-Charlotte en plissant les yeux de malice.
     
« Tout ce que vous voudrez… »
      
« Je ne m’appelle pas Louise-Charlotte, Abel… Mon prénom… j’espère que vous l’aimerez, est Marcelline » 
     
Abel sentit son cœur se gonfler d’un immense bonheur et lorsque la Franc-comtoise entama en même temps que la cloche de l’église Saint-pierre les douze coups de minuit, c’est les yeux grands ouverts et plongés dans ceux humides de Marcelline qu’il prononça son vœu.
        
Dans le doux crépitement du feu dans la cheminée, dans la lueur vacillante des bougies, un chant de Noël s’éleva plein d’espoir par la magie d’une belle dont l’œil noir de geai couvait avec amour deux êtres unis par un précieux baiser.   
 
  
  
           

                                                                                FIN



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15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 16:22



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Le calendrier de l’Avent
 
Contes et nouvelles

(25)  Où l'on s'aperçoit que le rouge est synonyme d'amour


 
 
Sa fille et son petit-fils étaient partis sur la promesse de revenir bientôt. La séparation avait mouillé les yeux de chacun et le petit mot que Sylvain avait glissé dans l’oreille de son grand-père au moment de lui dire adieu avait chamboulé le cœur d’Abel. Il les avait regardés tous les deux partir la main dans la main jusqu’à ce que leurs silhouettes disparaissent au bout de la rue. Dans la soirée, il avait attaqué le second billot de sapin et sculpté une nouvelle voiture en suivant attentivement les dessins de Sylvain. Vers quatre heures du matin, le jouet ressemblait à s’y méprendre à une coccinelle aux formes épurées. Il restait encore du travail pour poncer la calandre, fixer les roues de l’auto, des détails importants qu’il laisserait à Cédric. Il remonta dans sa chambre pour se reposer.
     
L’excitation de la veille et le travail acharné de la nuit l’empêchèrent de trouver le sommeil. Il se leva plusieurs fois, erra dans la maison ne sachant quoi faire pour apaiser les battements de son cœur, l’étrange angoisse qui lui nouait la gorge. Tout autour de lui semblait irréel. La paisible atmosphère qui avait régné des années dans sa demeure était chargée d’une intensité électrique, d’un mystère dont il n’arrivait pas à discerner le positif du négatif. Il aurait pu se réjouir d’avoir pendant vingt deux jours suivi à la lettre les consignes du calendrier et vu son existence se remplir de pensées et d’actions qui lui faisaient défaut d’ordinaire. S’en réjouir seulement. Or sa satisfaction, au fil d’une nuit amorçant son déclin, était battue en brèche par du ressentiment et du doute.
        
L’aventure était sur le point de se terminer et sans l’apport journalier du calendrier, il craignait de retomber dans l’ennui, la routine et l’indifférence. Oui, il lui en voulait d’avoir secoué la douce torpeur dans laquelle les joies et les peines avaient la saveur du médiocre. Le bout de carton ne l’avait pas fait rêver pour le rendre à une réalité dont la banalité aujourd’hui lui donnait la nausée. Et il ne se sentait ni la force de caractère, ni l’énergie physique de poursuivre seul le chemin tracé par les bouts de papier. Il en voulait au calendrier, il s’en voulait plus encore. Des papillons de nuit voletaient dans sa tête, agitaient des idées noires, répandaient dans leur sillage des effluves nauséabonds. L’inquiétude le maintint éveillé jusqu’au petit matin. Enfin, il sombra dans un sommeil vide de songes et n’en sortit que par l’entremise d’un coup de langue râpeux de Filou sur le dos de sa main. La lumière qui filtrait des double-rideaux était dépourvue de toute ambiguïté : la matinée était largement entamée.
 
Il quitta le lit avec l’impression de ne pas avoir dormi une seule seconde, alla directement se réchauffer un double café et prépara machinalement la gamelle du chien. Le petit fox avait assez de jugeote pour comprendre que le ferment du mal qui rongeait son nouveau maître exigeait une conduite irréprochable. Il se fit discret et attendit sans manifester d’impatience que son repas fut prêt. Il dut donner le mot à Myrtille qui se contenta d’entonner mezzo voce le premier couplet du cantique de Moreau pendant la douche d’Abel.
        
La discrétion inhabituelle des animaux finit par payer. Abel sortit de son humeur désagréable et concentra son attention sur les tâches de la journée. On sonna bientôt à la porte et le facteur remit à Abel un paquet enveloppé dans un papier épais décoré d’une ribambelle de feuilles d’érable. Le bonhomme en profita pour lui donner ses étrennes et sacrifier à la coutume des vœux de bonnes fêtes. Les timbres et le cachet de la poste étaient sans équivoque, le paquet venait du Natashquan. Il appela Filou, lui lut à haute voix la lettre de son maître, lui montra le collier et la nouvelle laisse aux empreintes d’ours blanc puis cacha derrière le sapin le cadeau enrubanné que contenait le colis. La mauvaise humeur dissipée, il décida qu’il était grand temps de s’occuper du calendrier. Abel découpa au cutter l’habitacle vingt trois avec la précision d’un orfèvre.
       
«Le Calendrier est ému de voir le soin que vous prenez de lui. La belle complicité qui nous lie restera un de nos plus beaux souvenirs. Pour que la fête à venir soit une parfaite réussite nous vous demandons de soulager une âme du fardeau qui l’empêche de reposer en paix. Nos disparus ont besoin eux aussi de jouir du merveilleux de la Noël. Certains errent dans l’immensité des cieux et s’inquiètent pour vous. Apaisez l’inquiétude de l’un d’entre eux. Tendrement vôtre, le Calendrier »
        
Pour la première fois Abel sut sans hésiter à qui adresser son vœu. Il s’habilla chaudement d’un pantalon de velours côtelé, enfila un tricot de laine épais et chaussa ses mi-bottes fourrées. Il sortit un panier en osier du débarras dans lequel il rangea une raclette, une grosse éponge de ménage, deux torchons usagés et une peau de chamois. Il alla dans la cuisine, ouvrit la fenêtre pour prendre le cotonéaster. Une seconde pousse se profilait à l’opposé de la première. Il essuya doucement les feuilles perlées de rosée et cala la plante dans le fond du panier. En prévision de la route qui serait longue, il prépara deux sandwichs jambon beurre, l’un pour lui et l’autre pour le petit fox. Une dernière inspection l’assura qu’il n’avait rien oublié. Ils partirent d’un pas mesuré vers les confins de la cité.
  
Au terme d’une heure de marche régulière, les grilles du cimetière se profilèrent dans la brume légère. Ils empruntèrent la porte de côté qui grinça comme pour avertir les gisants de la venue d’un visiteur. Abel se faufila dans les allées et repéra la pierre tombale à son rectangle sobre de marbre incarnat. C’était madame Beaujour qui avait exigé cette couleur, le noir et le gris faisant selon elle trop chagrin. Il débarrassa la tombe de deux pots gelés d’anciens chrysanthèmes et à l’aide de la raclette et de l’éponge nettoya la surface de la pierre. Une lumière blanche baignait de sa clarté givrée les mausolées de granit, adoucissait l’éclat criard de fleurs en plastique. Chaque centimètre carré fut poli à la peau de chamois.
        
Quand le tombeau eut retrouvé sa brillance, il sortit le cotonéaster du panier et le plaça en évidence au mitant de la stèle. L’intimité du moment ne fut pas même troublée par des corbeaux perchés sur le faîte d’un cyprès. Abel s’assit sur le bord de la plaque de marbre, sortit les deux en-cas du panier et casse-croûta avec son compagnon, tout en racontant par le menu détail à sa femme, l’histoire du calendrier. Il n’oublia aucune des péripéties de l’Avent et lui décrit avec des mots choisis et tendres ses rencontres avec la crémière. Le soleil avait déjà amorcé sa chute vers l’occident lorsque Abel prit le chemin du retour. Au moment de quitter le cimetière, il jeta un dernier regard vers la tombe. Le cotonéaster trônant sur la tombe parut porter des grappes de fruits d’un rouge étincelant. Etait-ce le reflet du marbre sur les branches ou l’éclosion de multiples boutons ? Il envoya un baiser en direction de sa femme puis lui murmura un mot d’amour.
          
Il trouva sur le seuil de sa demeure Cédric et sa mère qui l’attendaient depuis cinq bonnes minutes. Il s’excusa du retard puis leur ouvrit la porte. De fait, le gamin avait tancé sa mère pour être là de bonne heure et avait craint devant la porte close qu’Abel ne l’ait oublié. La maman de Cédric confia à l’apprenti précepteur que depuis le lever du jour, son fils n’avait parlé que de leur rendez-vous et du cadeau en préparation pour son jeune frère. Elle avait eu des difficultés à le faire patienter et s’émerveillait de son enthousiasme et de son empressement. Tout en parlant, elle caressait la tête de Cédric qui la portait bien droite, bien levée, bien fière. Elle les quitta à regret sur la promesse d’être de retour dans une heure ce qui déclencha les supplications du petit pour allonger le temps de la séance. On trancha sur une heure et demie.
       
Rendu à son rôle d’éducateur, le vieil homme prépara le goûter puis ensemble ils se rendirent au sous-sol où la petite voiture les attendait. Il enseigna au gamin le maniement de la râpe, l’initia aux subtilités du papier de verre. Ils terminèrent l’assemblage des roues et leur fixation aux tiges de métal qu’Abel avait coupées aux dimensions de l’auto. Un dernier ponçage à la feuille abrasive donna au jouet la douceur la plus exquise. Cédric tenait dans sa main l’auto et la couvait des yeux comme le plus beau des trésors. Abel ouvrit un pot de peinture rouge et sortit d’un tiroir deux pinceaux. En quelques coups bien appliqués la première couche fut posée. Pendant que la peinture séchait, il montra à l’enfant la Vivastella et lui raconta d’où lui était venue l’idée d’en sculpter une dans le bois. Le minot écarquilla les yeux, se passionna pour l’histoire. Devant tant d’intérêt, Abel eut une idée :
  
« Cela te dirait-il après les fêtes de Noël et à condition que tes parents soient d’accord, de venir rendre une petite visite à René, l’as des mécaniciens ? Il n’a pas son pareil pour réparer un moteur et je suis sûr qu’il sera très heureux de t’apprendre les ficelles du métier »
        
Le gamin sauta au cou du bonhomme qui surpris par l’effusion faillit trébucher et n’eut la jambe sauve qu’en s’agrippant à l’étau fixé à l’établi. Dans la précipitation, le pot de peinture se renversa éclaboussant dans sa chute les pieds du bonhomme.
          
« Vous êtes le plus gentil des pères Noël, tonton Abel » lui bavouilla Cédric dans le creux de l’oreille.
       
Deux enfants, un petit et un grand, sentirent des liens éternels se tisser dans leurs cœurs au même instant.
  
 
  
  
 
           

à suivre.... 


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11 décembre 2007 2 11 /12 /décembre /2007 18:28



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Le calendrier de l’Avent
 
Contes et nouvelles

(24)  Où le don est naturel et inné


 
Une frénésie de nettoyage s’empara d’Abel dès le lever du jour. Il balaya, épousseta, aspira, lava comme jamais. Myrtille eut également droit à une baignade qui à elle seule justifia un quart d’heure de remise en état de la salle de bains. Filou quant à lui, échappa de justesse à un shampoing en allant se réfugier sous le lit de la chambre. Les meubles embaumaient la cire d’abeille, les miroirs reflétaient le moindre détail et le cadre en argent rutilait de mille feux. Abel délivra le sapin de son filet puis le fixa sur un pied en fonte. Il sortit des cartons quelques boules, étoiles et guirlandes qu’il disposa au gré de sa fantaisie.
   
En milieu de matinée, il s’accorda une pause et se fit chauffer un café. Il n’avait pu obtenir de sa fille qu’elle vienne avec Sylvain partager son repas du midi. En revanche, elle avait précisé qu’elle pourrait être chez lui vers quinze heures et rester jusqu’à l’heure du dîner. Cela lui laissait encore du temps pour vérifier chaque recoin des pièces, traquer d’invisibles moutons sous les meubles, aérer la demeure puis promener le fox. Le ciel était dégagé mais la température voisinant le zéro maintenait en l’état la carapace de neige sur les toits et sur la chaussée. Le cotonéaster fut rentré, débarrassé des flocons accumulés sur ses branches. Il constata avec satisfaction que le bourgeon avait supporté la rigueur des derniers jours.
    
Le bonhomme avait tant remué, tant transpiré depuis des heures qu’il dut convenir que la seule chose sale dans cette maison, c’était bien lui. Il prit une douche rapide accompagné dans sa toilette par une marseillaise entrecoupée de coups de sonnette. Un léger nuage de vétiver vint parfaire le tout et coupa court aux élans patriotiques du mainate. Il s’habilla comme un dimanche: un costume beige, une chemise blanche, cravate de soie grège et pochette assortie. Le sentiment d’être arrivé à un moment crucial de sa vie, de ne pas avoir le droit de commettre une erreur fut sans aucun doute à l’origine du soin qu’il prit à cirer une paire de botte à semelles de crêpe. Abel était ainsi fait : les choses les plus importantes passaient par le souci de multiples détails. Une dernière inspection le rassura : les choses et les êtres étaient présentables.
 
Le calendrier fut épousseté au plumeau et la case vingt-deux ouverte.
 
« Que l’inspiration soit avec vous ! Notre grand Voltaire se plaisait à écrire que le bonheur est souvent la seule chose qu'on puisse donner sans l' avoir et que c'est en le donnant qu’on l’acquiert. Nous espérons que le petit bout de chemin que nous parcourons ensemble vous en aura convaincu. Puisque nous parlons de dons, vous n’ignorez point que certaines personnes en ont de naturels. Les hasards de la vie ne leur permettent pas toujours de les exprimer. Nous souhaiterions que votre œil avisé sache en reconnaître un et que votre vœu sincère et motivé l’autorise à fleurir. Donnant-donnant. Le Calendrier »
     
Abel pensa aussitôt aux dons de Myrtille qui s’épanouissaient dans l’ambiance tropicale de la douche matinale. La belle était suffisamment dotée, inutile de la pourrir. Il réfléchit à tous les passe-temps de ses amis et songea que certains avaient bien du talent. De là à parler de don, il y avait un fossé délicat à franchir. Il chercha ainsi sans succès de longues minutes. Filou assis devant la porte commença à aboyer, provoquant l’écho de sa fidèle imitatrice. L’appel de la balade résonnait dans toute la maisonnée. Abel rendit les armes, enfila un pardessus, noua une écharpe de laine et déclara avec un accent gaullien :  « Je vous ai compris ! »  Lorsqu’il ferma la porte, il discerna nettement la voix du Général entonner à tue-tête « Je vous ai compris ! »
 
Comme Abel se rappelait très exactement les goûts de sa fille, il fit halte chez le pâtissier pour acheter deux douzaines de macarons aux tendres saveurs d’amande ainsi qu’une demi-livre de langue de chats. Il hésita devant de superbes brioches de Noël aux fruits confits et aux raisins, faillit partir sans en choisir puis craqua pour la plus petite. Les passants, peu nombreux, marchaient en évitant de petites nappes de glace qui s’étaient formées dans le courant de la nuit. La ville était toute entière plongée dans un état où l’engourdissement se mêlait à l’excitation des fêtes prochaines. Les visages étaient lourds de sommeil et les yeux étincelaient. Abel salua quelques connaissances et Filou eu même l’honneur de pouvoir renifler à son aise la coquette bichonne de madame la mercière. Chacun y allait de ses souhaits de bonnes fêtes et de ses sourires parfois un peu niais. Abel se plia avec naturel à ce petit jeu des civilités. Le soleil perça les nuages et ses rayons baignèrent la place Saint Pierre d’une lumière dorée. Les flèches rutilantes de l’horloge de l’église l’avertirent qu’il était temps de rentrer.
   
Il mangea sans excès en pensant aux gâteaux achetés à l’occasion de la visite de sa fille mais s’autorisa un deuxième verre d’un bordeaux qui avait le don naturel de le détendre. Les heures qui le séparaient des retrouvailles lui semblèrent les plus longues de sa vie. Il eut beau se plonger dans un recueil des poèmes de Démère, son ouie toujours aux aguets guettait le moindre bruit dans la rue, de pas au seuil de sa maison. Il lui fut impossible de se concentrer. A quinze heures, il ne tenait plus en place, passait d’une fenêtre à une autre, vérifiait son nœud de cravate, replaçait pour la dixième fois assiettes et tasses sur la table de la salle à manger.
  
Le supplice perdura encore vingt minutes. Enfin, il entendit des éclats de voix derrière la porte suivis des trois notes de la sonnette. Un accusé de réception résonna dans la salle de bains. Il se précipita dans l’entrée oubliant de vérifier au passage son image dans le miroir. Lorsqu’il ouvrit la porte, il eut un choc: Solange, avec l’âge, était devenue le reflet de sa mère à quarante ans et Sylvain avait le visage de ses dix ans. Un silence lourd pesa un court instant sur l’émotion des retrouvailles. Abel le rompit en les engageant à rentrer :
 
« Ne restez pas là les enfants, vous allez attraper froid… »
    
Sylvain, le premier, s’essuya consciencieusement les pieds sur le paillasson de l’entrée et tendit ses lèvres vers la joue de son grand-père. Solange eut droit à un baiser apaisant. La gêne se dissipa peu à peu et la maison se remplit de bruits de conversations où les rires fusaient entre les dialogues et les confidences. On parla beaucoup des animaux, mais Abel mentit sur l’origine de leur présence. Il craignait de parler du calendrier et de perdre la confiance de sa fille. Solange était volubile mais mentit sur la véritable raison de sa visite. Elle parla du père de Sylvain, mais omit l’essentiel. Pouvaient-ils en si peu de temps ouvrir leurs cœurs ? Pouvaient-ils risquer de briser le fil tenu de complicité qui recousait en cet instant les blessures anciennes ? Ils ne s’en sentaient ni l’un ni l’autre le courage. Sans le savoir tous les deux pensaient en même temps qu’il était encore trop tôt pour tout dire.
     
Seul, Sylvain, tel un enfant de son âge parlait, riait et jouait avec naturel. Il se prit de passion pour Filou et s’extasia sur Myrtille. La pureté de son regard et la fraîcheur de son rire lavaient la maison de tous les restes poussiéreux des souvenirs accumulés. Par sa simple présence, l’atmosphère devenait limpide, légère et fruitée. Abel lui proposa de jeter un coup d’œil à la petite voiture en bois qu’il avait pratiquement terminé. L’enfant accepta avec joie. Ils descendirent tous les trois dans la cave et le vieil homme lui fit découvrir la Vivastella miniature, lui expliqua en détail à qui elle était destinée. Sylvain observa le jouet sous toutes les coutures, la fit rouler sur l’établi en hochant la tête d’un air approbateur, puis son regard se voila et ses sourcils se froncèrent.
       
« Elle est très belle… très belle, presque trop belle… » jugea-t-il d’un ton d’expert
 
« Pourquoi, trop belle ? »interrogea Abel
      
« En réalité grand-père, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un jouet. C’est une auto que l’on aime regarder mais avec laquelle on n'a pas envie de jouer, cela dit, sans vouloir vous vexer »
 
Abel fut surpris par la remarque de son petit-fils. Surpris et déçu à la fois.
 
« Tu peux t’expliquer un peu plus ? » Insista Abel.
 
« Vous m’avez dit que vous l’avez fabriquée pour le jeune frère d’un garçon de sept ans, et quel âge a-t-il ce frère ? »
  
« Je pense dans les trois ans.. je n’en suis pas sûr à cent pour cent, mais ce serait logique »
 
« Alors, je maintiens grand-père… cette superbe auto n’est pas faite pour lui »
       
« Et qu’as-tu d’autre  à me proposer? » Rétorqua Abel piqué au vif.
    
« J’ai peut-être une idée… Vous permettez que j’aille chercher mon carnet dans le sac ? »
   
Abel acquiesça tout en jetant à sa fille un regard étonné.
 
« Ce n’est rien papa, laisse-le faire, j’ai l’habitude » lui confia-t-elle un sourire amusé aux lèvres.
 
Sylvain fut bientôt de retour avec un carnet de croquis et un crayon à la mine taillée. Il ouvrit le carnet à une page blanche et sous les yeux ébahis du bonhomme se mit à dessiner. Les croquis s’enchaînaient les uns derrière les autres. La main était ferme et le tracé aussi. De face, de profil et de dos, la silhouette d’un engin ressemblant à une coccinelle au museau arrondi remplit une page, puis deux, puis une troisième. Il revint sur un détail et ajouta des ombres portées. Quand il eut fini, il tendit le carnet à son grand-père :
        
« Elle est peut-être encore trop ronde, mais je crois qu’elle tient bien dans la main et ne risque pas de se casser… »
  
Abel feuilleta les pages du carnet. Des paysages, des chats, des portraits de sa mère, des esquisses de bonhommes, des têtes de gamins faisant des grimaces, des fleurs et des objets de toutes sortes s’étalaient, se chevauchaient en un désordre vivant mais toujours esthétique.  En dehors de quelques maladresses de perspectives et de quelques erreurs de proportions, l’ensemble montrait une étonnante maîtrise du dessin pour son âge.
  
« Il y a longtemps que tu dessines ? »
     
« Depuis que je sais tenir un crayon avec mes doigts » répondit le plus sérieusement du monde Sylvain.
    
« Et tu aimerais faire quoi plus tard dans l’existence ? » ajouta Abel
 
« Devenir Michel-Ange… »
 
« Un ange tu l’es déjà, mon gamin… il ne te reste plus qu’à te faire un prénom »
  
Abel ferma les yeux et sincère et motivé, il l’était. 
  
 
  
  
 
           

à suivre.... 


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9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 10:05



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Le calendrier de l’Avent
 
Contes et nouvelles

(23)  Où le temps et les événements se précipitent


 
Le cliquetis d’une machine à épandre du sable et du sel réveilla tôt Abel en ce samedi matin. Il avait travaillé une partie de la nuit et sa main droite portait la trace d’une ampoule née du maniement intensif de la scie, des gouges et des ciseaux à bois. Il avait retrouvé dans un vieux jeu de mécano les éléments nécessaires pour fabriquer des roues adaptées à la taille de l’auto. Petit à petit l’ouvrage prenait forme. Dehors, il faisait nuit et la lumière crue des réverbères jouait de contrastes saisissants entre l’aveuglante blancheur de la neige et les ombres projetées d’un noir d’ébène. Il se glissa sans bruit jusqu’à la cuisine pour se faire chauffer un café. L’odeur d’arabica qui s’échappa de la cafetière lui fit regretter de n’être pas déjà aux côtés de Louise-Charlotte au Petit Café.
           
Le silence dans la demeure, l’obscurité qui régnait dans le reste des pièces, avivait d’une note mélancolique les regrets des temps où la maison bruissait des rires de sa fille et des notes chantantes de la voix de son épouse. Il s’assit pour boire son café et songea à l’excitation qui gagnait jadis la maisonnée les jours précédant la Noël. Voilà des années qu’il n’avait pas acheté de sapin, décoré les fenêtres ni même fait un feu de bois dans la cheminée. Depuis que le calendrier était entré dans son existence, toutes ces petites choses lui manquaient cruellement. Il était temps d’y remédier. Abel se leva, animé d’une motivation nouvelle, mit de l’ordre dans la cuisine, puis descendit à la cave.
    
Plusieurs cartons annotés de sa main étaient entreposés sur une étagère et des lettres grasses indiquaient le contenu de décorations de fête. Juché sur un escabeau, il tria ceux qui l’intéressaient. Le tout fut remonté dans le salon avec la prestance d’un jeune homme. La lueur de l’aube pénétrait maintenant dans la pièce et les lumières des lampadaires de la cité s’éteignirent comme par enchantement. Il choisit avec soin ses habits du jour, supporta sans broncher les vocalises de Myrtille, se rasa à l’ancienne, au savon et au blaireau. Quand il fut fin prêt, il appela Filou pour ouvrir l’habitacle du chiffre vingt et un.
       
« Cher lecteur du Calendrier, ce jour le plus court de l’année vous ouvre les portes de l’hiver. Le temps qui s’écoule nous rappelle que tout est éphémère. Ces heures qui aujourd’hui nous séparent de la fête tant attendue règlent de sa naissance à sa mort le destin des hommes. Encore faut-il que les cloches sonnent à la même heure pour annoncer la naissance de l’enfant divin et que le cœur des hommes soient remplis à la seconde près de la même ferveur et du même espoir lors du minuit chrétien. Horlogiquement vôtre. Le calendrier »
        
Abel ricana et haussa les épaules. Le calendrier sentait vraiment sa fin de dix neuvième siècle. Fabriqué à l’époque du temps moyen de Greenwich, ses créateurs ne pouvaient se douter des progrès réalisés en plus d’un siècle. Aujourd’hui chacun disposait des moyens de connaître l’heure exacte et vivait sous l’égide du temps universel. Il regretta en son for intérieur ce vœu si démodé et pour la première fois fut vexé que la consigne ne lui soit pas adressée. Mettre à l’heure les horloges, quel gaspillage! Il soupira mais se consola vite en pensant qu’il était justement l’heure de partir au marché. Il choisit une écharpe de cachemire en accord avec un feutre vert wagon, prit une paire de gants fourrés et appela Filou pour l’attacher à la laisse. Sa liste de courses s’était agrémentée de quelques fantaisies propres à la période et au projet qu’il avait en tête.
         
La neige avait été déblayée sur la place Saint-Pierre et des congères s’étaient formées le long des trottoirs. L’activité battait son plein autour des étals où une foule en fièvre remplissait des sacs à provisions au-delà du raisonnable. Abel laissa quelques personnes le dépasser devant le présentoir du volailler et tarda à se glisser dans la file. Cela lui laissa la possibilité de comparer des yeux les marchandises exposées. Les chapons et les oies alignées côte à côte offraient leur chaire rosée à la concupiscence des clients. Les prix flambaient sans pour autant décourager les porte-monnaies. Il repéra deux belles cuisses de canard confites et un bloc de foie gras qui lui parut de bonne taille. Deux maraîchers rivalisaient d’invention et de sens esthétique pour mettre en valeur les légumes et salades les plus diverses. Mesclun, scarole, endive et batavia d’un côté, feuille de chêne, lolo rosa, trévise et romaine de l’autre. Un peu plus loin c’est le poissonnier qui avait porté son effort sur les huîtres qu’il faisait déguster aux passants à grand renfort de slogans sur les bienfaits du coquillage. Abel hésita tant le choix était grand puis succomba à l’attrait de deux douzaines de gravettes du bassin d’Arcachon.
    
Il déambula en évitant soigneusement de se faire bousculer par la foule, s’arrêta pour admirer un étalage de fruits exotiques, où il acheta après une courte hésitation, des mangues juteuses, des kiwis, des clémentines corses, des litchis et des corossols. Il jeta un coup d’œil à Louise-Charlotte qui ne savait où donner de la tête et qui préparait des plateaux de boutons de culotte et autres mignardises aux épices variés. Lorsqu’elle l’aperçut elle écarta les bras en signe d’impuissance et lui lança un « dans une petite heure demi-heure, c’est possible ? » sur un ton implorant. Abel sourit et opina en lui indiquant d’un doigt la direction de Petit Café. Le report lui laissa le temps de flâner dans les allées du marché et de retrouver le marchand de marrons et le vendeur de sapins. Un petit épicéa dans un filet en plastique blanc reposait contre le mur d’un immeuble. Le vendeur s’approcha, l’air avenant.
  
« Il est petit, mais très rond et c’est le dernier de cette taille. S’il vous intéresse, je vous le fais à douze euros… »
       
Abel accepta et chargé comme un âne ployant sous son fardeau essaya tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu’au Petit Café. Vers onze heures trente, Louise-Charlotte le rejoignit, le bonnet de travers et les joues rougies par le froid. Il lui compta tous les événements de la semaine en dégustant un Altura du Mexique. Elle l’écouta les yeux brillants de bonheur. Quand il eut terminé l’exposé des vœux et leurs conséquences, il se cala au dossier de la chaise, le visage soudain solennel.
       
« Louise-Charlotte, j’ai une faveur à vous demander… »
      
Elle lui sourit et le poussa à continuer.
 
« J’aimerais que vous acceptiez de réveillonner chez moi, mardi soir. Vous allez me trouver fort mal élevé de ne pas vous l’avoir proposé plus tôt et je comprendrais très bien un refus de votre part… D’ailleurs vous devez avoir d’autres engagements de prévus… »
        
« Je suis tellement heureuse. Bien sûr, monsieur Beaujour. Puis-je vous faire une confidence ? »
       
Abel lui sourit et la poussa à continuer.
    
« Si vous ne me l’aviez pas demandé en premier, je comptais vous inviter chez moi à dîner. Me permettrez-vous d’apporter le fromage ?»
           
Ils éclatèrent de rire ensemble et recommandèrent un café. Quand le serveur leur apporta le nectar fumant, les douze coups de la cloche de l’église résonnèrent jusqu’à l’intérieur de l’estaminet. Abel vérifia sur sa montre et son visage s’éclaira d’un sourire satisfait.
        
« Trente deux secondes de retard, c’est un vrai scandale ! » dit-il ironiquement.
          
« Vous permettez Louise-Charlotte, j’ai un vœu à faire… c’est d’une extrême importance… »
     
Le bonhomme ferma les yeux et fit son souhait. Les yeux clos, il crut sentir des lèvres se poser sur les siennes, mais lorsque ses yeux se décillèrent Louis-Charlotte était assise à sa place et paraissait ne pas voir bougé.
    
Il se quittèrent troublés l’un et l’autre, et se serrèrent la main comme un couple d’amis. Abel retourna chez lui, le cœur battant la chamade et se trompa de clé pour ouvrir la porte de sa demeure. Il déposa le sapin au pied de la cheminée, rangea les provisions dans la cuisine et les huîtres dans un garde-manger à claire-voie donnant sur la cour extérieure. Il se dévêtit, puis alla s’asseoir dans le salon pour reprendre ses esprits. Son regard s’arrêta sur le cadre posé sur la bibliothèque. Sa femme et sa fille au pied d’un sapin de Noël lui souriaient. Il crut un instant être devenu fou, se leva et saisit le cadre. Le doute n’était plus possible. La photo était là et les couleurs n’avaient pas même pali au fil des années. Filou de son côté donnait des signes d’agitation. Le fox explorait la pièce en flairant tous les meubles, poussait de petits jappements, semblait inquiet. Abel, le cadre à la main, le suivit jusque dans la salle à manger où il vit une feuille de papier posée sur la table. Il la prit et la lut.
       
« Je suis dans la région pour quelques jours et je suis passée ce matin te rendre visite. J’aurais dû te prévenir mais cela s’est décidé très vite. J’ai gardé un trousseau de la maison ce qui m’a permis d’entrer. J’ai pensé que tu étais dans la salle de bains car j’ai cru reconnaître ta voix. En réalité, j’ai du rêver car je n’ai trouvé qu’un oiseau en cage. Je repars lundi soir et j’aurais aimé te voir. Demain est-ce possible ? Je suis avec Sylvain. Je te laisse mon numéro de portable au cas où tu serais empêché. Solange PS : Je t’ai rendu la photo de moi et maman » 
          
Par bonheur, Abel n’était pas cardiaque. Il approcha le cadre de son visage et embrassa sa fille sur la photo.
 
  
 
  
  
 
           

à suivre.... 


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