15 février 2008
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La princesse ISLEE
(En modeste hommage à Jean Lorrain)
La princesse Islée n’aimait que les miroirs et les fleurs.
Le reflet indolent de ses traits la comblait de bonheur.
Egoïste et coquette, elle n’attachait de prix
Qu’aux compliments mielleux d’une cour amollie.
Les fées qui veillaient sur sa destinée,
Excusaient ses caprices et sa futilité.
Insatiable, sotte et vaniteuse, un jour elle décida
Que sa beauté méritait un animal d’apparat.
Encore fallait-il que la bête n’eut point trop de charme
Et que par contraste, ce soit elle qu’on admire et acclame.
Tandis qu’à sa toilette, elle prenait mille soins,
Elle avisa deux monstres de bronze au bord du bassin.
Il s’agissait d’antiques grenouilles, laides à souhait,
Qui de leurs gueules béantes, de l’eau tiède rejetaient.
La princesse manda les meilleurs artisans de la contrée
Pour peupler le château d’énormes batraciens sculptés.
Une foule à larges pustules et répugnantes grosseurs
Remplaça servantes, gentes dames et grands seigneurs.
Dans la demeure silencieuse et désertée,
Ne restèrent que les monstres et la stupide Islée.
Les fées s’ennuyèrent et se lassèrent.
Un complot s’organisa et quand sonna l’heure du Sabbat,
Elles jetèrent un sort à la belle aux lèvres rouge incarnat.
C’est ainsi que le tain des miroirs se voila
Et qu’Islée, en pleurs jusqu’à sa mort erra
A la recherche de l’image adorée
Que sa folie avait condamnée.
Alaligne
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