Blog-notes*
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XIX
L'éclat brutal d'un nouvel éclair éclaira d'une lueur d'acier les yeux révulsés de son frère.
Une envie de vomir, une nécessité impérieuse de hurler sa colère et son désespoir, les battements d'un coeur prêt à jaillir hors de lui, se mêlaient et le menaient au bord de
l'évanouissement.
Le couteau de chasse tomba sans bruit sur la moquette. Il porta la main à son font mais ne rencontra qu'une peau humide et glacée qui lui parut étrangère. Une flaque d'un sang épais et déjà
visqueux dessinait une étrange forme géométrique au côté gauche de la poitrine. Il l'observa s'étendre, se déformer, s'insinuer dans les fibres molles de la chemise.
Le tonnerre retentit à nouveau, proche, chargé de menaces, de reproches tonitruants.
Il resta là, figé, immobile, hypnotisé par la liqueur brunâtre qui n'en finissait pas de se répandre et déjà mouillait la moquette.
C'est à peine s'il sentit le frôlement contre sa jambe et il ne réagit que lorsque l'animal entra dans son champ de vision pour venir flairer le sang.
Il décocha un coup de pied sec dans les côtes du chat qui détala aussitôt, sauta sur le bureau, renversa une boite de talc et lui fit enfin face en crachant.
Alors seulement, il remarqua l'écran allumé de l'ordinateur, s'en approcha et lut les premières phrases d'un échange sur une messagerie instantanée.
Le visage livide et le corps figé dans une raideur catatonique, il ne voyait plus autre chose que ses courtes lignes, les dernières d'un être encore vivant. Les larmes alors débordèrent et
inondèrent sa face ramenant un peu de tiédeur et de sens de la réalité dans son esprit. Il s'assit et commença à décortiquer le contenu des quelques fichiers mémorisés, navigua sur les rares
liens archivés.
" C'est donc à cela que tu passais ton temps... Il faut que je fasse disparaître tout ce bordel " pensa-t-il à la fois consterné et dégoûté.
Il supprima un blog compromettant, effaça le contenu du disque dur et éteignit l'ordinateur.
La violence de l'orage avait encore décuplé et une rafale de vent s'engouffra dans la pièce ajoutant au paysage chamboulé par la lutte fratricide, des feuilles et des morceaux de branches
arrachés aux arbres avoisinants.
Il devait faire vite.
Il jeta un dernier regard sur le corps inerte, ramassa le couteau qu'il emmaillota rustiquement dans les pages d'un journal qui traînait sur le futon.
Tout devait disparaître et pour cela, il n'y avait qu'une solution : tout devait brûler.
Il récupéra sur le bureau un trousseau de clés, s'approcha de la porte et tendit l'oreille pour tenter de déceler en dépit du fracas de l'orage une éventuelle présence humaine. Lorsqu'il se
décida à ouvrir, le chat en profita pour s'échapper et s'enfuir dans le couloir plongé dans la pénombre.
Il lui fallait de l'essence, beaucoup d'essence, et il savait exactement où en trouver.
à suivre......
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.