Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
A mon père qui aurait eu cent ans cette année et qui nous a quittés le 9 mai 2000, cette poésie de Victor Hugo qu'il nous apprit dans notre enfance et qui résonne encore à mes oreilles...
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Mon père, ce héros au sourire si doux, Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, Parcourait à cheval, le soir d'une bataille, Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit. Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit : C'était un Espagnol de l'armée en déroute, Qui se traînait, sanglant, sur le bord de la route, Râlant, brisé, livide et mort plus qu'à moitié, Et qui disait : " A boire ! à boire ! par pitié !" Mon père, ému, tendit à son housard fidèle Une gourde de rhum qui pendait à sa selle, Et dit : " Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé !" Tout à coup, au moment où le housard baissé Se penchait vers lui, l'homme, une espèce de Maure, Saisit un pistolet qu'il étreignait encore, Et vise au front mon père, en criant : Caramba ! Le coup passa si près que le chapeau tomba, Et que le cheval fit un écart en arrière. " Donne-lui tout de même à boire ", dit mon père.
Victor Hugo |