Michel Butor,
Michel Butor est né le 14 septembre 1926, dans la banlieue de Lille, à Mons en Baroeul.
Troisième d'une fratrie de sept enfants, fils d'un employé des Chemins de fer du Nord qui était également passionné de dessin, aquarelle et gravure sur bois, Michel fera des études de lettres et de philosophie à Paris, où la famille s'installe dès 1929.
Est-ce la profession du père qui donnera au jeune Michel le goût des voyages?
Ce qui est certain c'est que jeune professeur au lycée Mallarmé de Sens, il profite d'une réforme de l'enseignement égyptien pour traverser la Méditerranée avec un certain nombre de licenciés ès lettres, et se retrouve professeur dans la vallée du Nil entre les pharaons et les ermites. Puis il saisit une opportunité de devenir lecteur à l'université de Manchester en Angleterre.
Passionné par l'écriture il publie aux éditions de minuit son premier roman en 1954 "Passage de Milan".
Mais c'est en 1957 avec la sortie de "La Modification" ouvrage récompensé par le prix Théophraste Renaudot, que Michel Butor rencontre la notoriété. Grand lecteur de James Joyce, de John dos Passos, de Kafka, grand amateur de peinture abstraite, sa vision de la poétique du roman fait de lui l'un des représentants du courant du "nouveau roman" au même titre que Marguerite Duras, Alain Robbe Grillet et Nathalie Sarraute.
Sa curiosité intellectuelle, toujours alimentée par un incessant besoin de bouger le conduira en Grèce, en Suisse où il rencontre celle qui deviendra son épouse, aux Etats-unis, au Japon, en Australie et en Chine.
Cette curiosité s'accompagne d'une capacité d'expérimentation pour représenter le monde que l'on retrouve dans tous ses ouvrages, qu'il s'agisse de Mobile, grand ouvrage fait de collages divers (encyclopédies américaines, descriptions d'automobiles, articles de journaux, etc.), de récits de voyage (série Le Génie du lieu ), de récits de rêves (Matière de rêves), ou de ses très nombreuses collaborations avec des peintres, des musiciens et photographes contemporains (recueillies dans la série des Illustrations).
Ce fabuleux chantre des oeuvres croisées a pris sa retraite en 1991 et vit désormais dans un village de Haute-Savoie.
L'écriture de Michel BUTOR
Cette courte dédicace au stylo à bille bleu, au trait particulièrement appuyé (voir plus bas un scan du dos de la page où l'on discerne le foulage du papier), à la dimension des lettres petite, au geste rapide et assuré montre le désir d'un homme décidé à agir sur le monde qui l'entoure.
S'engager, prendre part et parti lui sont indispensables pour avoir le sentiment de sa propre existence.
Le pôle cérébral très développé (écriture petite, rapide, simplifiée, stylisée) indique une capacité à prendre position, donner son opinion et témoigne d'un désir d'infléchir le cours des événements en ayant le courage d'affirmer ses opinions et d'en assumer les conséquences.
La ligne de base en mappemonde de la première phrase et la sinuosité des lignes suivantes, alliées à la pression particulièrement forte, sont la trace graphique d'une volonté d'être l'instigateur autant que l'acteur de ses projets, tout en acceptant les influences extérieures, en s'adaptant et en laissant libre cours à l'inattendu et à l'improvisation.
En effet, le mouvement qui anime l'écriture, le blanc dans les mots, la rapidité et la mobilité de la ligne de base, permettent d'éviter que la tendance naturelle à creuser, approfondir un sujet, ne limite le champ de perception, d'investigation et d'ouverture sur l'extérieur.
Foulage au dos de la dédicace
Une citation de Michel BUTOR:
« Faire de la peinture, ou de la littérature, ce serait donc bien apprendre à mourir, trouver le moyen de ne pas mourir dans la sottise de cette mort que les autres avaient en réserve pour nous et qui ne nous convient nullement. »
(Répertoire V)