Marcel Achard
(1899 - 1974)
Marcel Achard, né le 5 juillet 1889 à sainte Foy lès Lyon fut un auteur dramatique qui connut un retentissant succès dans l'écriture de comédies
douce-amères aux saveurs de "boulevards" mais où la poésie, une mélancolie et un humour souvent teintés d'amertume l'emportent sur le comique de situation.
Il se plaisait à déclarer à propos de sa naissance : « Je suis né par autorisation spéciale du pape et du Président de la République. Mon père avait épousé
la fille de sa sœur. De sorte que mon grand-père était en même temps mon arrière-grand-père, mon père, mon grand-oncle et ma mère ma cousine germaine. »
Après avoir passé sa jeunesse dans le café-tabac de son père, il envisagea une carrière d'instituteur, prépara l’École normale puis abandonna ses études. Très tôt le théâtre
l'attira. A peine âgé de huit ans, il avait déjà écrit une petite pièce de cape et d'épée.
Arrivé à l'âge de dix-huit ans à Paris, pratiquement sans le sou, il se fit embaucher comme souffleur au Théâtre du Vieux Colombier. Un temps journaliste, il se mit à écrire pour le théâtre et rencontra un honorable succès en 1924 avec sa troisième pièce Voulez-vous jouer avec moâ ? mise en scène par Charles Dullin au théâtre de l'Atelier.
Mais c’est avec Jean de la Lune (1929), qu’il connut véritablement le succès et une renommée bientôt internationale.
Dès le début des anneés 30 et jusqu' aux années 60, il écrivit un nombre important de scénarios pour le cinéma.
Peu de personnes savent par exemple qu'il fut le co-scénariste du film en 1964 de Blake Edwards: "Quand l'inspecteur s'emmêle" (A shot in the dark).
Elu au troisième tour à l’Académie française, le 28 mai 1959, cet ancien souffleur de théâtre a permis à des comédiens tels que Sacha Guitry , Louis Jouvet ou Jean Sarment d'exprimer pleinement leur art de la scène.
Son talent, sa gaieté, son brio et son regard de myope derrière de grosses lunettes rondes lui avaient conquis non seulement le suffrage des membres de l'Académie, mais également l'amour des femmes dont il était ouvertement fort friand.
Son écriture présentée ci-dessous est une dédicace de 1959 de sa pièce "Domino", créée en 1931, jouée pour la première fois à la Comédie des Champs Elysées dans une mise en scène de Louis Jouvet. La pièce sera reprise en 1958 à la Comédie française dans une mise en scène de jean Meyer avec Paul Meurisse dans le rôle principal.
L'écriture au bic bleu, montante, petite et inégale en zone médiane, parsemée de combinaisons astucieuses qui facilitent la progression en avant de l'écriture, sa projection vers l'avenir avec souplesse et ingénuosité, donne le "tempo" d'une activité cérébrale alerte, fine et vive.
Il y a du tonus et du ressort dans l'appui et ses allégements, dans les inégalités de liaison, dans le dialogue sans cesse en question entre l'angle et la courbe, dans les formes pleines et d'autres plus étrécies. Les oves ovoïdes, les simplifications du tracé, la vivacité du trait mettent en évidence les ressources d'adaptation spontanées, la capacité à faire face au changement, les réserves d'énergie à la fois physiques et mentales pour maintenir le cap, savoir faire face de manière instinctive aux difficultés éprouvées et aux aléas de l'existence.
Les finales appuyées et souvent recourbées marquent également une certaine véhémence, un besoin non seulement de marquer son emprise et le caractère assez "captateur" de sa relation à l'autre...
Quelques citations de l'écrivain aux lunettes rondes:
... La Justice coûte cher.
- C'est pour ça qu'on l'économise.
Il n’y a que deux sortes de femmes: celles qui trompent leur mari, et celles qui disent que ce n’est pas vrai.
L'important, ce n'est pas ce qu'on réussit, c'est ce qu'on essaie.