Blog-notes*
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IX
Suite à un coup de téléphone de l'inspecteur Delage, l'adjoint du commissaire Guedj, j'avais reçu deux jours auparavant un fax reproduisant un texte manuscrit. Il s'agissait une nouvelle fois de comparer ce document aux exemplaires de l'écriture de Morgane. J'avais d'abord pesté en constatant la mauvaise qualité du fax et le montage imbécile, fait par je ne sais quel fonctionnaire zélé, qui avait dû découper le texte et l'avait collé sur un formulaire de la gendarmerie nationale, me privant ainsi de l'observation de la gestion de l'espace et de l'ordonnancement.
En dépit de cette absurdité, le reste du travail fut aisé à réaliser.
L'écriture appliquée et conventionnelle, correspondait en tous points aux caractéristiques relevées sur les cahiers de classe de Morgane.
J'avais noté, comme seule différence, un léger ralentissement de l'écriture, plus posée et plus dessinée qui m'avait fait penser que ce texte n'avait pas été écrit spontanément et qu'il s'agissait d'une recopie.
Conformément aux instructions laissées par Delage, j'avais joint le Lieutenant Gerbaut qui s'était avérée être une femme, un poil pète-sec, très formatée gendarmerie nationale.
Elle s'était abstenue de tout commentaire sur mes conclusions, s'était bornée à les répéter tel un automate et avait clôt l'entretien par une curieuse remarque sur le fait que les graphologues étaient toujours des femmes, sans me laisser le temps de nuancer ses propos et sans que je sache s'il s'agissait d'une critique, d'une question ou d'une simple constatation.
- Si ce texte en français vous intéresse, je peux vous en faire une copie, suggéra poliment Alex
- Je ne vois pas en quoi il intéresse ma mère? intervint Clarisse. Tu dois partir dans un quart d'heure et j'ai encore un exo de maths à te montrer. A moins que ce texte, man tu en ais vraiment besoin ?
- Il ressemble mot pour mot à un document trouvé dans les affaires de la jeune Morgane, mais Clarisse a raison enchaînai-je. Je peux sans problème trouver la traduction sur Google. Terminez ce que vous avez à faire...
Je les quittai, délivrée de ne pas avoir à fournir de plus amples explications mais en même temps persuadée qu'Alex n'en resterait pas là. Le regard qu'il me jeta, au moment où je me retournai pour fermer la porte, était sans équivoque sur ce point précis et je regrettai déjà d'avoir mentionné la possible relation entre cette chanson et le décès de la jeune fille.
Rappeler immédiatement le commissariat pour leur faire part de mon étrange découverte me parut une tâche dénuée de tout intérêt. Cela pouvait attendre jusqu'à demain. Il faisait vraiment trop beau et trop chaud pour affronter l'incrédulité de policiers qui manifestement ne s'intéressaient plus à l'affaire. Et puis, qui appeler ? J'avais maintenant trois interlocuteurs, Guedj, Delage et cette dénommée Gerbaut.
Si naturellement je me sentais plus à l'aise avec le premier, je répugnai à le déranger pour une information qui ne s'apparentait pas à un scoop. Quant à Delage et à la gendarmette, je n'avais aucune envie d'entendre leurs voix m'expédier en trente secondes réglementaires.
Le soleil, ça ne colle pas avec les flics, les soucis, les suicides, le Lithium et Kurt Cobain. Le soleil, c'est fait pour recharger les batteries, rêvasser, fantasmer, glander, au pire, mener-mener son chien dans la forêt le long de sentiers embaumant le fenouil sauvage, l'ancolie violacée et la blanche anémone des bois.
Oui, il n'y avait pas urgence... J'attendrai un nuage, voire même une menace d'ondée.
à suivre......
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.