23 février 2008
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Tristan BERNARD
Bernard Paul, dit Tristan Bernard est né à Besançon le 07 septembre 1866.
Il quitte sa ville natale à l’âge de 14 ans pour suivre son père à Paris, reçoit l’enseignement du Lycée Condorcet et se prépare à une carrière
d’avocat après avoir obtenu sa Licence en droit.
Pourtant, après son service militaire, il se tourne vers les affaires et dirige une usine d’aluminium près de Creil, dans l’Oise. Jeune homme sportif et
éclectique, il prend rapidement la direction d’un vélodrome à Neuillly sur Seine, se livre sans restrictions à sa passion pour les paris hippiques et en 1891 commence à rédiger des articles
pour la Revue Blanche. Il s’agissait d’une revue littéraire et artistique où collaborèrent les plus grands écrivains et artistes de l’époque et qui prit notamment clairement position
pour le capitaine Dreyfus lors du procès.
Joueur invétéré, un jour, il mise sur un cheval du nom de Tristan. Le cheval gagne la course et lui rapporte une importante somme d'argent .
Pragmatique, il décide alors d'adopter le nom de ce cheval pour signer ses articles.
Il publie un recueil de contes en 1894 et écrit sa première pièce de théâtre « Les pieds nickelés » qui connaît un grand succès.
Dès lors, les romans et les pièces de théâtre s’enchaînent :
« Les contes de Pantruche et d’ailleurs » en 1897, « Sous toutes réserves » » en 1898, « L’anglais tel qu’on le
parle » en 1899, « Mémoires d’un jeune homme rangé » la même année, « Amants et voleurs » en 1905, « Triplepatte » la même année,
« L’affaire Larcier » en 1907, « le Petit café » en 1911, « Paris secret » en 1933.
Ami proche de Léon Blum, mais également de Jules Renard, Marcel Pagnol et Guitry, il crée une œuvre où l’humour est omniprésent. Ses personnages légers,
parfois frivoles sont le reflet de ceux qu’il observe avec ironie au temps de la Belle époque. Son humour lui vaut de collaborer pour quelques articles au canard enchaîné en 1917.
Auteur célèbre, mais sans doute pas assez sérieux au goût de l’Académie française, il n’obtient lors de sa présentation en 1932, que 2 voix sur
39.
Lors de l’occupation, ses origines juives lui valent un internement dans le sinistre camp de Drancy en 1943. Agé de soixante dix sept ans, son sort émeut
de nombreux artistes et écrivains dont Sacha Guitry et Arletty. Libéré, il n’est plus que l’ombre de lui-même, d’autant que la mort en déportation de son petit-fils François l’affecte au
plus haut point.
Camp de Drancy en 1943
Usé, il meurt le 7 décembre 1947 et est enterré au cimetière de Passy.
Camp de Drancy en 1943
Usé, il meurt le 7 décembre 1947 et est enterré au cimetière de Passy.
On lui doit en dehors de son œuvre littéraire, l’invention du jeu de société « des petits chevaux », clin d’œil à sa passion pour les courses
hippiques. Il fut également le promoteur des mots croisés.
Quelques citations :
Beaucoup de divorces sont nés d’un malentendu. Beaucoup de mariages
aussi.
Avec mes gains au casino, je me suis acheté une casquette de yachtman, avec mes pertes, j’aurais pu me payer le bateau.
Avec les femmes, il faudrait que les paroles soient d’autant plus respectueuses que les gestes le deviennent de moins en moins.
J’aimerais bien le Paradis, à cause du climat ; seulement, l’Enfer doit être joliment plus agréable, à cause de la
société !
Les Français croient qu'ils parlent bien le français parce qu'ils ne parlent aucune langue étrangère.
Dans la chanson « Marquise » de Georges Brassens, la dernière strophe porte son coup de patte :
« Peut-être que je serai vieille,
Répond Marquise, cependant,
J’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t’emmerde en attendant. »
Son écriture:
De l'élégance, de la légèreté dans ce graphisme qui effleure la page avec beaucoup de délicatesse mais également une plume qui sait se faire plus acérée dans les finales.
Beaucoup d'ouverture dans la forme des lettres qui signe un don d'observation au champ large, une curiosité pour le monde et les gens qui l'entourent. La préciosité des formes, l'importance donnée aux majuscules, montrent une recherche assez élitiste, une prédilection pour des échanges basés sur la qualité.
Les acérations qui animent l'écriture sont la trace de l'acuité d'un esprit perspicace, d'un sens critique actif, d'un sens de la répartie particulièrement développé.La causticité, l'ironie s'y dévoilent au grand jour mais sans méchanceté. En effet la finesse du trait, la guirlande dans les "m", les courbes et les jambages en vasque, le mouvement coulant, tendant vers le dynamique, signent une sociabilité conciliante, une capacité à utiliser aux mieux ses possibilités, un souci de se préserver des complications, d'éviter le désaccord.
Une écriture de "dandy", d'esthète, sachant manier la plume avec grâce et humour.