Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
Yann QUEFFELEC
Yann Queffélec est né à Paris le 4 septembre 1949. Son père, Henri Queffélec, brestois d'origine, agrégé de lettres, après une carrière d'enseignant se consacra dès 1942 à la littérature et est considéré comme "l'écrivain maritime" du XXe siècle.
Ce père connu et reconnu aura une influence sur les débuts en littérature du fils qui dans une interview se souvient que : "Pendant des années, il m'a interdit d'écrire, il déchirait tout ce que j'écrivais et dessinais, j'étais un pirate à ses yeux. Il m'a parlé une seule fois de mes livres, lors d'un dîner. Cela a duré cinq minutes, ça m'a semblé des siècles, nous étions aussi gênés l'un que l'autre."
En revanche sa mère l'encourage dans cette voie et semble pendant de longues années être la seule à croire en la vocation de son fils
et en son talent. Aussi quand elle meurt alors qu'il vient de passer son bac, Yann n'a plus qu'une idée : partir...
Sur les flots et les terres du monde entier, le breton s'acharne à coller à l'image que son père donne de lui: "Un incapable, la honte de la famille!" Des années d'errance qui s'achèvent sur une
beuverie ahurissante et salutaire: c'est en 1979, sur l'île de Ré qu'il croise le chemin de la grande prêtresse de l'édition, Françoise Verny, qui lui jette son fameux: "Toi chéri, t'as une
gueule d'écrivain. Tu vas m'écrire un livre!"
A la fin des années 70, il a déjà écrit deux romans qu'il garde soigneusement rangés dans un tiroir et pour gagner sa vie devient critique littéraire au Nouvel Observateur. La publication
en 1981 d'une biographie de Béla Bartók, puis de son roman Le charme noir en 1983 est salué par la critique mais ce n'est que deux ans plus tard en 1985 avec la sortie des
Noces barbares qu'il acquiert son statut d'écrivain et pas n'importe lequel, puisque ce livre lui vaut le Goncourt !
Le succès lui monte-t-il à la tête ? Il le venge au minimum d'une critique cinglante d'Angelo Rinaldi qui avait traité ses Noces barbares de "roman dont même la Pensée universelle n'aurait pas voulu". Sans doute Yann en rajoute-t-il, sans doute provoque t-il la critique littéraire qui de son côté aiguise sa plume: La femme sous l'horizon, le roman suivant, est qualifiée de "pavé lourdingue, mélo, maso, zéro", Le maître des chimères se voit taxé d'excès de pathétisme, Prends garde au loup est transformé en "Disneyland de rêve en grande surface".
"Il faut dire que je m'étais rendu très agaçant, reconnaît-il aujourd'hui, je prends ma part
de responsabilité mais cela ne justifie pas les critiques ad nominem. Tout cela m'a persuadé d'une chose, ne jamais lire les mauvaises critiques. Pourquoi se faire mal?".
Les années passent, les rapports de Yann Queffélec avec la presse littéraire se détendent et la sortie en 1994 de Perdue
dans la nuit, l'histoire de deux adolescents de la chaude banlieue marseillaise livrés à eux-mêmes, reçoit un accueil plutôt favorable.
Interrogé en Octobre 2002, après la publication de son roman Boris, après l'amour, par le magazine l'Express il répond ainsi aux questions du journaliste :
Le bonheur parfait selon vous?
Etre intensément amoureux et en même temps intensément créatif. Le tout, si possible, à bord d'un magnifique voilier.
Où et à quel moment de votre vie avez-vous été le plus heureux?
En 1989, aux îles du Cap-Vert, avec ma femme. En 1991, en Corse, avec mes enfants. Et en Bretagne, chaque fois que j'y vais.
Le principal trait de votre caractère?
L'appétit de vivre.
Et celui dont vous êtes le moins fier?
J'ai du mal à arriver à l'heure...
Votre dernier fou rire?
Une nuit, à 3 heures du matin, avec ma femme, en entendant notre fils Neven, 2 ans, éclater de rire en plein sommeil.
Et la dernière fois que vous avez pleuré?
Quand mon père est mort.
La qualité que vous préférez chez un homme?
La drôlerie.
Et chez une femme?
La féminité.
Votre boisson préférée?
Le vin rouge.
Votre peintre favori?
Picasso.
Votre livre de chevet?
Le Maître de Milan, d'Audiberti. C'est le plus beau roman d'amour que je connaisse.
Vos auteurs préférés?
Faulkner, Gombrowicz. Et le Britannique Jonathan Coe.
La chanson que vous sifflez le matin, sous votre douche?
Elaeudanla Teïteïa, de Gainsbourg. Vous savez: L.A., E. dans l'A., T.I.T.I.A...
Votre compositeur préféré?
Bartok.
Votre film culte?
Les Vestiges du jour, de James Ivory.
Le talent que vous auriez aimé avoir?
Très bien jouer de la guitare ou du piano.
Le personnage historique auquel vous auriez aimé ressembler?
Magellan.
Votre plus grand regret?
Que ma mère soit morte sans que j'aie pu lui dire au revoir.
Que possédez-vous de plus cher?
Le désir d'émerveiller.
Qu'avez-vous réussi de mieux dans votre vie?
A conserver le sentiment que la réussite est pour demain.
Votre devise?
Carpe diem.
Votre plus grande peur?
Mourir sans avoir donné le meilleur de moi-même.
Frère de la pianiste Anne Queffélec, il a été marié à une autre pianiste connue Brigitte Engerer, avec laquelle il a eu une fille. Il vit aujourd'hui à Paris.
Son écriture: