Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
Blog-notes*
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XVII
Pour la première fois, sa main trembla en effleurant le clavier.
Il hésita, faillit abandonner. Son désir était violent, impérieux irraisonné.
Harassé par la lutte qu'il menait contre lui-même depuis plus d'une heure, il appuya presque machinalement sur la touche " Entrée ".
Dès que la messagerie instantanée apparut à l'écran, il repéra le pseudonyme en sur brillance. Il était donc là, à attendre sa venue. Les battements de son coeur s'accélérèrent lorsque la
première phrase s'afficha :
" Bonsoir, ange des ténèbres "
Il souhaitait l'étreindre, le serrer contre son corps, en humer le parfum, le couvrir de baisers.
Rien de ce qu'il avait préparé, calculé, répété tout au long de nuits blanches ne s'était réalisé.
Le falot Auguste Langlois qu'il avait tenté d'attirer dans les arcanes de son blog, s'était révélé au fil de leurs échanges, tendre séducteur, blasphémateur adoré, pervers en pensées,
machiavélique à en jouir.
Il avait lutté pour prendre le dessus, l'asservir par des phrases assassines enrobées de miel frelaté, par des changements d'humeur inopinés, des revirements d'attitudes, des sentences ambiguës.
Mais il avait perdu pied, laissé l'autre exercer sa puissance, le torturer avec délice, l'abaisser, l'enchaîner par écrans interposés.
Il l'avait haï et il le désirait. Il l'aimait.
Sacrifier à l'usage d'une messagerie instantanée, était une erreur. Il le savait.
Un indice supplémentaire de sa présence sur le net, des conversations qui pouvaient être espionnées. Encore, avait-il résisté à l'envie de brancher sa webcam, de découvrir le visage de celui qui
le harcelait, de caresser son image.
Il pianota fébrilement :
" Je suis là, Adonis, je t'espérais... "
Le grondement du tonnerre et la lueur d'un éclair le firent sursauter. Le fracas de l'orage qui venait d'éclater sur Dublin, lui avait à peine masqué un autre bruit, plus familier.
Il tendit l'oreille, aux aguets.
Quatre coups brefs à la porte de sa mansarde résonnèrent plus distinctement.
Une vague de colère le submergea.
" Il " ne pouvait pas lui faire cela. Pas venir, maintenant, là, à l'instant même où il atteignait une profonde jouissance. " Il " ne pouvait contrarier une fois de plus sa vie, le
sermonner, lui parler sur le ton doucereux des psychiatres de son enfance. " Il " n'avait aucun droit sur lui, " Il " ne pouvait l'obliger à déménager encore et encore... " Il " ne devait même
pas soupçonner ses activités sur le net. Et surtout pas là, pas maintenant.
Il entrouvrit le tiroir de la table. La lame d'un couteau de chasse brilla à la lueur de la lampe halogène.
Il se leva, s'approcha de la porte et attendit, la sueur lui coulant le long de l'échine que quatre nouveaux coups brefs retentissent.
Il ouvrit lentement la porte. " Il " avait un sourire figé sur les lèvres.
" Tu en as mis du temps pour ouvrir... Tu me laisses entrer ? ".
à suivre......
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.