Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
Blog-notes*
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VIII
Peut-être était-il trop dur ou trop aigri pour juger avec impartialité. Corinne était une fille intelligente et sur le terrain elle avait des nerfs d'acier; ça il avait pu le constater.
Le commissaire ouvrit la porte de son bureau, s'effaça pour laisser entrer Corinne la première en se demandant si elle noterait cette marque de civilité. Un léger battement de cils lui confirma qu'elle était plutôt étonnée par sa galanterie après la vanne qu'il venait quelques instants plus tôt de lui envoyer.
Il s'installa à son bureau, récupéra le dossier de comparaison d'écritures puis composa le numéro de téléphone de la graphologue.
- Bonjour, commissaire Delage au téléphone, pourrais-je parler à Madame... Ha c'est vous ! Je suis l'adjoint du Commissaire Guedj... Nous nous sommes croisés jeudi au commissariat. Je viens de récupérer un autre document. Nous aimerions savoir s'il a été écrit par la jeune Morgane... (silence) Non, je vous l'envoie par fax, pas la peine de vous déplacer... Oui, par fax. J'ai besoin rapidement d'un avis oral, pas de rapport écrit...(silence) Je comprends... Faites au mieux. Dès que vous avez vos conclusions, vous appelez le Lieutenant Gerbaut qui se mettra en rapport avec les parents... Sa ligne directe ? Même numéro avec 07 à la fin. C'est cela, merci, au revoir.
Delage raccrocha satisfait d'être débarrassé de cette corvée.
Corinne était restée debout à contempler par la fenêtre grillagée un couple de tourterelles perché sur la branche d'un platane qui tentait depuis des années de se frayer un chemin entre les murs du commissariat et le jardin d'un pavillon mitoyen. Les deux oiseaux avaient dû bâtir leur nid non loin de là, se frottaient les ailes mutuellement et échangeaient à légers coups de becs leur tendresse.
- Il y en a qui profitent du printemps, dit-elle en se tournant vers Delage
Un sourire timide et enfantin aux lèvres, elle s'approcha du bureau et s'assit sur la chaise en face de Delage.
- Hervé, vous permettez que je vous appelle Hervé ? commença-telle. J'aimerais vous poser une question...
Delage cala son dos dans le fauteuil tout en se demandant ce qu'elle manigançait.
- Je vous écoute Corinne...
- Hervé, je travaille ici depuis bientôt six mois et je suis censée vous assister dans vos enquêtes. Vous avez la réputation d'être un excellent commissaire et beaucoup m'envient la chance de pouvoir faire mes armes sous vos ordres. J'ai pourtant l'impression de stagner et pardonnez-moi d'être aussi directe, mais je pense parfois que vous ne m'appréciez pas, que vous ne me faites pas confiance. Je viens d'en parler avec le commissaire Guedj et il m'a conseillé de m'en ouvrir directement à vous. Vous me trouvez franchement mauvaise ou bien est-ce parce que je suis une femme que vous agissez ainsi ?
- Vous avez dit une question, plaisanta Delage
- Oh ! S'il vous plait, arrêtez de me traiter comme une gamine et épargnez-moi votre humour facile, lança-t-elle, excédée
Le commissaire la dévisagea d'un oeil froid. Il n'appréciait pas cette subite rébellion, n'avait nullement l'intention de s'expliquer ni de se justifier. De plus, en suggérant à Corinne cette discussion sans l'en avoir averti en priorité, Guedj affaiblissait sa position face au Lieutenant ce qui l'irritait le plus au plus haut point.
Il jaugea rapidement la situation et finit par en déduire qu'il avait sans doute intérêt à crever l'abcès.
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.