Blog-notes*
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XVIII
Il figea sa main sur la poignée de la porte, parut hésiter, puis tourna lentement son visage vers celui de la jeune fille. Leurs regards se croisèrent, ils
cillèrent en même temps. Il soupira, lâcha la poignée et lui fit résolument face. Les corps tendus, ils étaient là, s'observant, s'épiant dans la lueur falote et blafarde de la lampe de chevet.
Le petit espace qui les séparait prit les proportions d'un gouffre infranchissable. Il se prit à espérer un mouvement d'elle, une simple inclinaison de son corps vers lui, l'esquisse d'un sourire
pour trouver la force de la prendre dans ses bras. Mais la gêne et l'embarras le maintenaient sur place, la tension du désir marquait ses traits d'un masque rigide. Ce fut elle qui au final mit
un terme à ce douloureux et délicieux supplice en s'approchant de lui et en passant ses bras frêles autour de son cou.
Libéré par cette invitation muette, il l'enlaça par la taille et d'une main tremblante ôta le bic qui entravait la lourde chevelure. Il la repoussa d'une douce impulsion de quelques
centimètres.
- Je te préfère les cheveux défaits, finit-il par murmurer d'une voix à peine audible.
Dans un geste de coquetterie, elle pencha la tête tout autant pour mettre en valeur les vagues légères de ses cheveux que pour lui signifier qu'elle acceptait le compliment. Leurs lèvres se scellèrent avec une fougue exacerbée par l'attente, les interminables moments de complicité ambiguë passés à traquer leur proie. Il la plaqua brusquement contre le mur et entreprit d'abord maladroitement puis avec de plus en plus de douceur de baiser chaque parcelle de peau tendre et parfumée qui s'offrait à sa bouche. Il glissa ses mains le long du corps de Clarisse, en épousa chaque contour, s'agenouilla, releva avec précaution le pan de coton de la robe et caressa du bout des doigts les jambes longilignes qui s'écartèrent sous la caresse. Il parcourut millimètre par millimètre cette peau qui se couvrait de frissons, se raidissait ou s'émolliait au gré des allers et retours de ses phalanges. Pourtant, au moment où ses lèvres et sa langue remontaient l'intérieur d'une cuisse délibérément offerte, Clarisse le saisit par les épaules et le repoussa fermement.
- Arrête !
Elle le toisa avec méchanceté, serra les poings dans une attitude qui ne reflétait plus la moindre trace d'abandon. Alex se releva, le visage exprimant le doute et une incompréhension qui se mua peu à peu en un rictus de colère. Il la plaqua derechef et sans ménagement contre le mur.
- Tu joues à quoi maintenant ? gronda-t-il en serrant les mâchoires
- Je veux seulement que tu arrêtes ! répondit-elle d'un ton sec
- Que j'arrête ! Mais c'est toi qui es venue me chercher. Tu m'allumes et puis tu me jettes. Tu crois pouvoir jouer avec moi comme avec ce taré sur le net ? On n'est pas dans le virtuel ici.
J'ai envie de toi, merde, et toi aussi ! Ne me dis pas le contraire... Tu te prends pour qui ? Tiens, t'es trop conne, je me barre...
Alex libéra Clarisse de l'étau de ses mains, ramassa le livre tombé sur la moquette de la chambre et quitta la pièce en faisant claquer la porte derrière
lui.
Restée seule, toujours adossée au mur, Clarisse se laissa lentement glisser contre la paroi. Accroupie le long de la plinthe, elle donna enfin libre cours, au fil de petits hoquets mouillés, à
son dépit et à son chagrin.
Une voix inquiète s'éleva dans le couloir :
- Tu as un problème, ma minette ?
à suivre......
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.