Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
Rachid DJAIDANI
VISCERAL
Pour continuer la rubrique sur mes coups de coeur de lecture, je vous présente aujourd'hui un petit roman de 185 pages édité aux Editions du Seuil:
Viscéral de Rachid Djaïdani.
Pas de "critique" de ce roman trouvée sur le net, mais un certain nombre de sites sur l'auteur à la fois, écrivain, acteur et réalisateur dont une longue et très intéressante interview
que je vous invite à lire ICI .
Je n'ai pas lu son premier roman Boumkoeur paru en 1999, ni le second Mon nerf de 2004. Le premier
reçut d'après ce que j'ai pu lire et les éloges des critiques littéraires et un accueil enthousiaste des lecteurs.
J'ai donc abordé Viscéral sans a priori, ne connaissant ni le style, ni l'auteur, juste une quatrième de couverture avec un résumé un peu plat mais un extrait des premières lignes du roman qui
ont capté immédiatement mon attention.
Tout d'abord, un bref résumé de l'histoire:
Viscéral raconte 10 jours de la vie de Lies, un gars de la banlieue qui partage ses occupations entre l'enseignement de la boxe aux jeunes des quartiers et
aux détenus de la prison voisine et qui gère tant bien que mal avec un ami, son "soce" une petite affaire de taxiphone, lieu où se retrouve une faune cosmopolite pour appeler à l'étranger. Son
destin va être bousculé par deux rencontres, l’une avec une jolie jeune femme, Shéhérazade soeur de deux de ses élèves et l’autre avec une directrice de casting qui semble découvrir en lui un
énorme potentiel d'acteur. La destinée de Lies va s'en trouver définitivement chamboulée.
Mes impressions sur ce roman:
J'ai aimé la succession de très brefs chapitres (parfois seulement deux pages) qui scandent les événements de ces dix jours et les destins croisés des protagonistes.
Le roman a donc du rythme, du punch à l'instar de son héros professeur de boxe.
On comprend vite que Rachid écrit et décrit un univers qu'il connaît bien; la banlieue avec sa faune cosmopolite, les salles d'entraînement de boxe qui "résonnent de boum boum", les
micro-salles de sport des prisons avec ses murs "épais, badigeonnés de blanc cassé au moral", les séances de casting avec "Profil droit - flash... Face - flash... Profil gauche - flash".
Si le recours au verlan et aux expressions "typiques" émaillent la narration et les dialogues, il n'en abuse jamais et s'amuse plutôt, en insérant dans des phrases à la construction irréprochable
des trouvailles de son cru qui se dégustent au détour des pages comme "gossebo" ou des tournures pour décrire la cité comme "Le béton a de l'herpès soigné au Karsher, les
barbelés le Sida, et la Déclaration universelle des droits de l'homme est une blague qui circule sous le manteau".
Tendresse, générosité, intelligence et crétinerie, veulerie, méchanceté, alternent au fil du récit sans pourtant tomber dans le manichéisme.
On croit aux différents personnages qui évoluent tout au long du roman même s'ils semblent être condamnés par l'auteur, un peu sytématiquement à être rattrapés par leur destin.
En résumé, un petit livre plus que sympa qui mérite d'être logé dans son sac ou sa valise lors d'un voyage, lu dans le RER ou dans les transports en commun. Il se pourrait même qu'au terme de sa
lecture, levant la tête pour découvrir les passagers assis en face de vous, vous soyez amené à sourire au black ou au beur qui partage votre trajet et lui tendiez ce roman pour le lui offrir, en
lui disant:
"Tenez c'est pour vous, passez une bonne journée!"