Blog-notes*
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XV
Delage sourit en prenant l'attitude satisfaite d'une personne ayant gagné une victoire personnelle.
- Juste une petite question, ajouta-t-il l'air bravache. On se tutoie ou l'on se vouvoie ?
Le principal haussa les sourcils et répondit d'un ton glacial :
- Moi, je fais ce que je veux Hervé. Merci de continuer à me vouvoyer.
Delage leva les yeux au ciel et quitta le bureau de son supérieur sur un tonitruant : " Comme vous voulez ! " suivi mentalement d'un " Fais
chier ce con..."
Ayant cherché vainement Djamila dans les bureaux et les couloirs du commissariat, il allait se résigner à partir seul lorsqu'il l'entraperçut
en vive discussion avec le jeune planton à la réception. D'un rapide coup d'œil à l'extérieur il repéra également deux journalistes aux aguets sur le trottoir d'en
face.
La jeune femme riait nerveusement en parlant, secouait la tête tout en jouant avec les boucles de ses cheveux. Si Delage la trouva
irrésistiblement attirante, il dut se rendre à l'évidence qu'il n'était pas le seul. Le visage empourpré du jeune flic, la manière gauche dont il agitait les mains tout en parlant, en disaient
long sur ses sentiments. Cela déplut à Delage. Il se sentit vieux, moche, jaloux, hors compétition. Une sourde colère monta en lui, ses mâchoires se serrèrent. " Je te mets au défi de la sauter "
pensa t-il avant de se diriger vers eux, d'un pas assuré, les épaules en avant.
Arrivé à leur hauteur, il empoigna la jeune femme par le bras un peu trop fermement à son gré.
- Désolé de vous interrompre, mais vous m'accompagnez à l'hôpital. On va prendre la déposition du prof d'anglais qui vient d'être agressé, puis une petite visite de courtoisie à un témoin
dans une autre affaire. Du travail de terrain ma petite, cela vous fera le plus grand bien.
Puis se tournant négligemment, il ajouta à l'intention du jeune planton :
- Quant à vous, si les deux baveux, là sur le trottoir d'en face arrivent à moins de cinq mètres de l'entrée de ce commissariat,
c'est direct une mutation en Seine Saint Denis ! Compris ?
Sans attendre de réponse de l'un ou de l'autre, il se dirigea vers la voiture de service tirant toujours par le bras une Djamila à la fois
effarée et rétive. Elle réussit enfin à se libérer, se campa sur la chaussée prête à l'affrontement. Surpris, Delage s'arrêta également et les deux se toisèrent du
regard.
- Mary Kate, finit-il par déclarer un sourire amusé aux lèvres, je vous attends deux secondes, deux secondes, pas plus, après… cela sera
trop tard !
La jeune femme fronça les sourcils en signe de totale incompréhension.
- Mais, je ne m'appelle pas Mary Kate !
- C'est bien ce que je pensais, soupira Delage... En plus de vous apprendre le métier, il va falloir que je fasse votre éducation
cinématographique. Allez, venez, il y a en a deux que notre petit manège amuse... Ce n'est guère le moment de se donner en spectacle.
Le commissaire s'éloigna vers la voiture avec cette fois-ci la certitude d'avoir gagné une petite bataille. Djamila, certes, ce n'était pas Guedj, mais l'enjeu était très différent.
à suivre......
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.