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  • : Ecritures à la loupe
  • : Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 23:00

 

 

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                                                                            à suivre........

 

 

*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.

 

 

 

 

 

IX

 

 

 

 

 

 

 

- Bonjour Alex, entonnai-je d'une voix ferme. Je croyais que vous n'étiez pas libre aujourd'hui ! Alors, qu'est-ce qui nous vaut le plaisir de votre visite ?


Avant qu'il n'ouvre la bouche pour me présenter ses civilités et répondre à ma question, ma gamine réglait le problème en prenant la parole à sa place. J'appris ainsi qu'Alex s'était proposé pour l'aider dans ses révisions. Il était, selon ses dires, une flèche en équation différentielle ainsi qu'en loi exponentielle, cette dernière partie du programme de terminale S ayant une haute probabilité de tomber cette année.


- Ainsi que les lois de Newton en physique mécanique, ajouta Alex en guettant l'effet que provoquerait sur moi l'étalage de sa culture scientifique.


- Ah, oui, j'oubliai les lois de Newton ! renchérit Clarisse, trop heureuse d'allonger la liste des raisons objectives justifiant la présence d'un répétiteur privé.


- Vous comptez travailler dans le salon ? Hasardai-je avec l'espoir d'une réponse affirmative.


- Non, dans ma chambre, man ! J'ai tous mes documents. Dans le salon, j'arrive pas à me concentrer et puis si on révise dans ma chambre, on ne te dérangera pas. Je ferme la porte et tu n'entendras rien.


 Fermer la porte, c'est bien ce que je redoutais. J'essayai une dernière tentative pour la faire changer d'avis.


-   Vous ne me dérangerez pas. J'ai décidé de faire une pause cet après-midi et j'allai enfiler un maillot de bain pour profiter du soleil dans le jardin.


- T'as raison, man, faut te faire plaisir. Bon, tu viens Alex ?


Ma petite peste accompagna sa réflexion d'un signe de tête autoritaire pour indiquer la direction de sa chambre. Son grand échalas de compagnon, perdu dans ses fringues d'obèse, souleva les épaules en signe de soumission, un sourire contrit sur les lèvres.


- Désolé pour ce soir. J'ai rendez-vous à Bercy avec mon père. C'est son anniversaire et nous allons dîner ensemble dans un restau branché.


Je faillis lui demander s'il comptait s'y rendre dans cette tenue, mais me retint in extremis car je n'étais aucunement habilitée à critiquer ses goûts vestimentaires. Il me quitta pour rejoindre Clarisse et je notai qu'il ne portait pas des Nike, mais des Tiger, Wizzer Lo, choix très discutable lorsque l'on prétend ne pas avoir grand chose en commun avec les jeunes de sa génération.

 

Le soleil qui éblouissait la terrasse s'avéra rapidement impitoyable à une peau qui détestait les radicaux qu'ils soient libres ou captifs des UV. Après avoir déplacé ma chaise longue en plusieurs endroits du jardin, je finis par opter pour l'ombre éparse d'un massif de bambous.

 

Washington inspecta le lieu, testa différents lits de mousse et de trèfle mêlés, parut insatisfait et grâce à la perfection de son sens stratégique affûté, opta pour la fraîcheur d'un saule pleureur. De cet endroit, situé en bordure de haie et légèrement surélevé, il pouvait en effet non seulement surveiller mes moindres gestes mais également tous les accès au jardin.

 

Ayant enfin trouvé nos places, nous laissèrent nos esprits vagabonder. Je dus m'endormir car lorsque je rouvris les yeux, l'ombre des bambous avait effectué une large rotation et le soleil avait déjà commis ses méfaits, nonobstant l'indice 20 censé l'en dissuader. J'avais chaud et soif.

 


Je me levai pour aller chercher une bouteille d'eau au réfrigérateur, mouvement que Washington interpréta comme une invitation à me suivre. L'intérieur de la maison me parut une oasis de calme et de relative tiédeur. J'aurais pu la croire inhabitée, si les échos assourdis d'une guitare basse ne m'avaient rappelé la présence de ma fille et d'Alex.

 

Intriguée par la musique, je me rapprochai de la porte de la chambre de Clarisse et distinguai plus nettement les accords mineurs d'une chanson mélancolique qu'elle avait l'habitude d'écouter. En prêtant l'oreille, je perçus des rires étouffés qui scandaient la mélodie. Convaincue que cette gaîté ne pouvait ni être le résultat de la solution d'une équation, ni l'effet hilarant d'une complainte déprimante, je frappai à la porte tandis que ma fidèle doublure canine en grattait la peinture laquée avec énergie.


La porte s'entrebâilla pour laisser entrevoir la mine chiffonnée de ma cadette.

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16 janvier 2007 2 16 /01 /janvier /2007 23:00

 

 

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IX

 

Rester cloîtrée dans mon bureau en cet estival début d'après-midi de juin ressemblait à un défi dont les enjeux diminuaient au fil des heures. Par la porte-fenêtre entreouverte, l'odeur insidieuse d'un gazon fraîchement coupé et déjà égayé de pâquerettes, fleurs de trèfle, genêt rampant et tendre véronique me suggérait que si j'avais choisi de travailler à mon compte, ce n'était pas pour me retrouver avec des horaires et des contraintes de salarié.

 

Cependant, j'hésitai encore à refermer mes dossiers, enfiler un maillot de bain, me tartiner de crème solaire et m'allonger sur une chaise longue, pour une simple et unique raison : Clarisse révisait son Bac. Etait-il décent et responsable de se gorger de soleil, rêvasser tout son saoul lorsque sa progéniture se coltine des nombres complexes et tente d'amadouer le théorème de Bernoulli ?


Les yeux implorants de Washington, mon setter Gordon de douze ans d'âge, militaient en faveur d'une entorse au code de bonne conduite de mère de famille. Toujours collé à mes basques, ce baveur impénitent avait depuis des lustres réduit son champ de libre-arbitre à mes choix personnels.

 

Sa longue langue pendante et son halètement de chien en pleine sudation balayèrent mes dernières hésitations. Il lui fallait du grand air et l'eau des bassins de la terrasse pour étancher sa soif. Si l'hypocrisie d'un tel raisonnement jetait une ombre sur le plaisir à venir, j'étais décidée à m'autoriser aujourd'hui un peu de temps libre.


- Allez Wash, c'est fini de bosser ! On va mener-mener le chien ?


L'expression débile déclencha les jappements de joie habituels et quelques éclaboussures mousseuses sur le tiroir à caissons de mon bureau.
Armée d'un kleenex, j'effaçai ces traces d'allégresse lorsque la sonnette de la porte d'entrée égrena ses trois notes électroniques. Avant d'avoir pu réagir, j'entendis une porte s'ouvrir dans le couloir et la voix de ma fille claironner : " Bouge pas, man, c'est pour moi, je vais ouvrir ! ".


Une telle réactivité de sa part, fort inhabituelle, titilla ma curiosité et je jetai un coup d'oeil par la fenêtre afin d'identifier le visiteur.

 

Je reconnus à l'instant Alex, un Alex pourtant relooké, arborant une nouvelle coupe de cheveux à la tondeuse, style Bruce Willis, le torse flottant dans un T-shirt XXL blanc, finement orné de l'effigie d'un taureau aux naseaux fumants, me rappelant vaguement le logo d'une boisson énergétique. Un horrible pantalon baggy beigeasse, resserré aux mollets par un cordon coulissant aux embouts enchâssés dans deux boules de plastique noir achevait de le mettre en valeur.

 

Pour les chaussures, il me faudrait attendre, car mon angle de vue s'arrêtait au niveau des chevilles. Je pariai pour des Nike, mais sans grande conviction, mes enfants m'ayant informée que celles-ci n'étaient plus du tout tendance.


Je quittai mon poste d'observation afin de connaître les raisons exactes de sa présence à ma porte, alors qu'il avait annulé deux jours auparavant notre rendez-vous hebdomadaire.

 
Je les rejoignis dans l'entrée et constatai non sans un certain agacement que Clarisse arborait un sourire plutôt niais et que ses yeux pétillaient.

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11 janvier 2007 4 11 /01 /janvier /2007 23:00

 

 

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VIII

 

- Vous avez tort sur un point et raison sur l'autre, Corinne. Professionnellement, j'apprécie votre travail. Vous êtes précise, observatrice, rigoureuse et intelligente. Non seulement je vous ai observée depuis votre rattachement, mais je vous ai laissé, vous en conviendrez, à plusieurs occasions une grande marge de manoeuvre.

- Non ! Ne faites pas cette moue, c'est vrai ! Si je n'avais pas eu confiance en vos capacités, pensez-vous que dans l'enquête sur le règlement de comptes du Bar du Canal, je vous aurais laissée seule mener certains interrogatoires ?


Corinne esquissa vaguement un acquiescement de la tête.


- Le second point est plus délicat. Mais, puisque vous sollicitez mon avis, oui, je trouve que ce métier n'est pas fait pour une femme. Car, quelles que soient vos compétences, votre motivation, vos qualités personnelles, je ne pense pas qu'une femme soit à sa place dans la police. Regardez autour de vous, regardez vos collègues, regardez-moi ! Est-ce que la vie que nous menons est enviable ? Est-ce ce style de vie dont vous rêviez petite fille ? Regardez les gens que vous interrogez ! Avez-vous envie de passer le reste de votre existence à remuer la boue, à vous coltiner des camés, des barjos, des alcoolos ? A  patauger dans le sang, la merde, le vomis, le foutre ? Et puis, ne me sortez pas le couplet sur la veuve et l'orphelin, sur la grandeur et la noblesse du métier. Foutaises ...
 
Le ton était rapidement monté et Delage avait machinalement ramené les épaules en avant, serré les poings au fur et à mesure que les mots jaillissaient de sa bouche dans une attitude qui lui était familière lorsque la colère l'envahissait et que le jeune Lieutenant jugeait limite lors des interrogatoires.


- La grandeur et la noblesse du métier enchaîna-t-il, consisterait, Lieutenant, à ne rien avoir à faire, à vivre dans une société qui n'aurait besoin de flics que pour aider des vieilles dames à traverser les rues, à ouvrir le passage aux ambulances et aux femmes enceintes sur le point d'accoucher ! Je vais vous dire, Lieutenant, peut-être avez-vous raison sur le premier point. Je n'ai pas totalement confiance en vous... En réalité, pas suffisamment confiance en moi pour vous juger. Car, si un jour vous devez tirer et abattre un homme, je vous en voudrai de le faire, je vous en voudrai d'avoir appuyé sur la gâchette et de vous condamner vous-même toute votre vie à revivre cette scène, et pas seulement en rêve, Corinne, non, pas seulement en rêve ! Et si vous ne le faites pas, je vous en voudrai aussi, sans doute plus encore, car je serai alors obligé de le faire à votre place en bon flic exemplaire que je suis! Si vous avez un besoin désespéré de vous rendre utile, de voler au secours de votre prochain, vous n'aviez qu'à faire l'école de la magistrature, devenir juge ou avocat...


- Juge pour enfants, je suppose ? répondit Corinne avec une pointe d'ironie dans la voix. Parce que Juge d'instruction ce n'est sans doute pas non plus un boulot pour une femme, si je suis votre raisonnement jusqu'au bout.


- Tout à fait, vous avez parfaitement compris, Lieutenant. Vous pouvez me considérer comme un parfait macho, un vieux réac, c'est vraiment le dernier de mes soucis. Vous vous conduisez bien en bonne femme en allant pleurer dans le giron de Guedj et en vous attendrissant devant deux tourterelles qui n'ont qu'une envie, celle de baiser.

  
Delage s'interrompit, redressa ses épaules et desserra ses mains dont les jointures des phalanges étaient devenues blanches mais ses mâchoires restaient crispées et une lueur de rage animait le fond de ses prunelles.


Le Lieutenant n'avait manifestement pas prévu une telle sortie et semblait maintenant chercher ses mots, hésitant à contrer le policier ou se soumettre.


- Je... Je ne pensais pas,  finit-elle par balbutier


- Penser quoi ? tonna Delage. Vous vouliez connaître mon avis, vous l'avez. Maintenant, Lieutenant, si vous souhaitez travailler avec quelqu'un d'autre, faites-le moi savoir, j'appuierai votre demande. Autre chose, Lieutenant Gerbaut ?


- Non, Commissaire fit-elle d'une voix blanche. Heu, si ! se ravisa-t-elle. Je n'ai nullement l'intention de demander ma mutation. Pour le moment, je vais me contenter de récupérer les conclusions d'une autre bonne femme, la graphologue et je vous rappelle que devriez être en ce moment dans le bureau du Principal... Vingt minutes se sont écoulées ajouta-t-elle en le narguant avec effronterie.

 
Quel culot! pensa Delage en la voyant tourner des talons et quitter son bureau sans vraiment savoir si cela renforçait sa colère ou éveillait son intérêt. Il se foutait totalement d'arriver en retard à la réunion et ne désirait qu'une chose : boire une bière.

Il avait besoin de se calmer et d'analyser ce qui venait de se passer, d'en évaluer les possibles conséquences. Il essaya de se concentrer, mais son cerveau refusa de fonctionner en ce sens et des images se mirent à défiler dans sa tête en vagues de plus en plus accélérées.

La trogne hilare du père Matthieu émergeant de reliures colorées prit subitement les traits de son oncle furieux, hurlant de rage et brandissant de sa main valide, un livre de collection dont il avait corné une page, puis ce furent les traits effarés d'un jeune collègue venant de prendre une balle à bout portant dans le ventre, s'affaissant lentement la bouche ouverte, les yeux exorbités en un ultime appel qui émergèrent de sa mémoire.


Arrête de déconner, pense à un truc sympa, se dit mentalement le policier. Il bloqua ses neurones et entreprit méthodiquement l'exploration des zones roses de ses souvenirs, mais rien ne filtra de sa recherche. Il était sur le point d'abandonner la partie, de jeter l'éponge lorsque surgirent quelques mèches folles, aux reflets cuivrés au henné d'un chignon à demi défait.


- Il y en a qui ne profitent pas assez du printemps, soupira intérieurement Delage, les yeux mi-clos.

 

 

 

 

 

                                                                            à suivre........

 

 

*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.

 

 

 

 

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8 janvier 2007 1 08 /01 /janvier /2007 23:00

 

 

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VIII

 

Peut-être était-il trop dur ou trop aigri pour juger avec impartialité. Corinne était une fille intelligente et sur le terrain elle avait des nerfs d'acier; ça il avait pu le constater.


Le commissaire ouvrit la porte de son bureau, s'effaça pour laisser entrer Corinne la première en se demandant si elle noterait cette marque de civilité. Un léger battement de cils lui confirma qu'elle était plutôt étonnée par sa galanterie après la vanne qu'il venait quelques instants plus tôt de lui envoyer.


Il s'installa à son bureau, récupéra le dossier de comparaison d'écritures puis composa le numéro de téléphone de la graphologue.


- Bonjour, commissaire Delage au téléphone, pourrais-je parler à Madame... Ha c'est vous ! Je suis l'adjoint du Commissaire Guedj... Nous nous sommes croisés jeudi au commissariat. Je viens de récupérer un autre document. Nous aimerions savoir s'il a été écrit par la jeune Morgane... (silence) Non, je vous l'envoie par fax, pas la peine de vous déplacer... Oui, par fax. J'ai besoin rapidement d'un avis oral, pas de rapport écrit...(silence) Je comprends... Faites au mieux. Dès que vous avez vos conclusions, vous appelez le Lieutenant Gerbaut qui se mettra en rapport avec les parents... Sa ligne directe ? Même numéro avec 07 à la fin. C'est cela, merci, au revoir.


Delage raccrocha satisfait d'être débarrassé de cette corvée.


Corinne était restée debout à contempler par la fenêtre grillagée un couple de tourterelles perché sur la branche d'un platane qui tentait depuis des années de se frayer un chemin entre les murs du commissariat et le jardin d'un pavillon mitoyen. Les deux oiseaux avaient dû bâtir leur nid non loin de là, se frottaient les ailes mutuellement et échangeaient à légers coups de becs leur tendresse.


- Il y en a qui profitent du printemps, dit-elle en se tournant vers Delage


Un sourire timide et enfantin aux lèvres, elle s'approcha du bureau et s'assit sur la chaise en face de Delage.


- Hervé, vous permettez que je vous appelle Hervé ? commença-telle. J'aimerais vous poser une question...


Delage cala son dos dans le fauteuil tout en se demandant ce qu'elle manigançait.


- Je vous écoute Corinne...


- Hervé, je travaille ici depuis bientôt six mois et je suis censée vous assister dans vos enquêtes. Vous avez la réputation d'être un excellent commissaire et beaucoup m'envient la chance de pouvoir faire mes armes sous vos ordres. J'ai pourtant l'impression de stagner et pardonnez-moi d'être aussi directe, mais je pense parfois que vous ne m'appréciez pas, que vous ne me faites pas confiance. Je viens d'en parler avec le commissaire Guedj et il m'a conseillé de m'en ouvrir directement à vous. Vous me trouvez franchement mauvaise ou bien est-ce parce que je suis une femme que vous agissez ainsi ?


- Vous avez dit une question, plaisanta Delage


- Oh ! S'il vous plait, arrêtez de me traiter comme une gamine et épargnez-moi votre humour facile, lança-t-elle, excédée

Le commissaire la dévisagea d'un oeil froid. Il n'appréciait pas cette subite rébellion, n'avait nullement l'intention de s'expliquer ni de se justifier. De plus, en suggérant à Corinne cette discussion sans l'en avoir averti en priorité, Guedj affaiblissait sa position face au Lieutenant  ce qui l'irritait le plus au plus haut point.


Il jaugea rapidement la situation et finit par en déduire qu'il avait sans doute intérêt à crever l'abcès.

 

 

 

 

 

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4 janvier 2007 4 04 /01 /janvier /2007 23:00

 

 

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VIII

 

De retour au commissariat, Delage se mit en quête de Guedj pour lui communiquer le document confié par le marinier. Il le trouva négligemment assis sur le bord du bureau de Corinne. Celle-ci buvait les paroles du Principal, le corps raidi dans une attitude proche du garde à vous que le comportement décontracté de Guedj, ne justifiait nullement. Ses joues, légèrement rosies, en disaient long sur l'émotion et l'intimidation qu'elle ressentait en présence du patron.  Les yeux rivés sur le visage de Guedj, elle ne vit pas le policier arriver et tressaillit lorsqu'il prit la parole.


- J'ai cela pour vous de la part du père Matthieu, dit-il en tendant à son supérieur, la pochette en plastique contenant la feuille de papier quadrillé


- Il avait oublié de nous remettre  un document trouvé dans les affaires de la jeune Morgane. Une simple omission. J'ai d'ailleurs le sentiment que le bonhomme perd un peu la mémoire, mentit Delage sans hésitation.

Guedj s'empara de la pochette, en fit glisser le contenu sur le bureau de Corinne, ajusta ses lunettes de vue, lut le texte qu'il rendit aussitôt à son adjoint.


- Merci Hervé, faites-en une copie et faxez-la à notre graphologue. Juste pour confirmer qu'il s'agit bien de la même écriture. Vous lui direz qu'un avis oral m'est largement suffisant, pas la peine de m'envoyer un rapport par écrit. Les numéros de son téléphone et de son fax sont sur mon bureau ainsi que sur l'exemplaire de son dernier rapport, dont vous avez d'ailleurs une copie.


Puis se tournant vers Corinne :


- Lieutenant Gerbaut, vous vous mettrez en contact avec les parents pour les tenir au courant de nos conclusions. Agissez avec tact et rapidement. Nous avons plusieurs affaires en cours qui piétinent et j'ai besoin de vous dans les meilleurs délais.


- Bien Commissaire ! répondit la jeune femme d'un ton décidé


- Vous ne claquez pas des talons aux ordres du Principal ? lui demanda un Delage goguenard


- Hervé, foutez-lui la paix ! s'insurgea Guedj, et rendez-vous dans un quart d'heure dans mon bureau...


Delage haussa les épaules et partit en direction de son bureau, Corinne le suivant sans empressement.


Le commissariat en ce milieu d'après-midi bruissait de toutes parts. Si Delage était habitué à cette activité incessante, à ces allées et venues perpétuelles dans les couloirs, si tout son être redoutait plus que tout de rester confiné entre quatre murs, aujourd'hui sa brève incursion dans l'univers du père Matthieu lui suggérait qu'il avait aussi besoin de calme, de rapports simples et d'authenticité.


Il se prit à détester, l'espace d'un instant, un travail qu'il avait pourtant, lui semblait-il, choisi par vocation.

Mais voilà, tant d'années s'étaient écoulées depuis, tant d'espoirs s'étaient évanouis, tant de liens s'étaient brisés dans son coeur qu'il pensa qu'il devenait trop âgé pour ce genre de boulot, trop blasé pour retrouver la flamme qui jadis l'animait, trop fatigué pour essayer de donner le change.

 
Le claquement sec et saccadé des chaussures réglementaires du jeune Lieutenant résonnait dans ses oreilles comme un avertissement.

Lui-même commençait à traîner des pieds, à peser d'une jambe sur l'autre. Le son du pas d'une personne recelait du sens. Il avait mémorisé sur le plan visuel et sonore tant de démarches au fil du temps. Il flairait rapidement au travers de cette observation les multiples états d'âme d'un individu, son assurance ou sa crainte, sa rébellion ou sa docilité. Son ouïe s'était tellement affinée qu'elle était devenue une arme à part entière et lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises.


Le pas de Corinne lui disait qu'il la gênait dans ses ambitions, qu'elle n'entendait pas se laisser faire, qu'elle ne reconnaissait qu'une autorité, celle  de Guedj devant qui elle marchait avec plus de souplesse et de légèreté.

Le pas de Corinne lui disait : pousse-toi de là, t'es qu'un vieux con.

 

 

 

 

 

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20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 23:00

 

 

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VII

L'écriture lui sembla familière, mais le contenu du texte le laissa perplexe.


- Vous avez trouvé cela où, c'est quoi, une prière ? interrogea Delage


- Ben, voilà... je sais pas pourquoi j'ai fait cela. Bon, voilà... Lorsque j'ai trouvé les affaires de la petiote, l'autre jour, il y avait aussi ce papier là. J'avais envie de le garder, en souvenir, quoi... Vous savez, ma femme et moi, on n'a pas eu d'enfant. Ma pauvre Germaine, c'est pas qu'elle voulait pas, mais bon, on a pas pu. Stérile, ils disaient les toubibs. Et puis de notre temps, y'avait pas tous ces trucs " in vitro " qui font que même si vous pouvez pas, ben, quand même vous en avez.


Tout en parlant, le père Matthieu tripotait d'une main la couverture de laine rouge et de l'autre cherchait machinalement dans la poche de sa chemise le paquet de cigarillos, laissé dans la marquise. Il leva un regard de chien battu vers le policier, quêtant un signe d'approbation et un encouragement à continuer. Mais Delage avait sorti un calepin de sa poche et prenait des notes avec une indifférence clairement affichée.


- Alors, reprit-il, quand j'ai lu ce mot, j'ai pensé à elle. Enfin, je veux dire à ma femme, une femme pieuse, pas une bigote, mais une femme qui vous récitait son " Je vous salue Marie ", comme si la Vierge, elle était là, là, vous voyez assise à votre place,  même que parfois, c'était à croire qu'elle la voyait. Alors la prière de la petiote, j'ai voulu la garder, en souvenir de Germaine. Puis, je me suis dit, c'est pas correct de voler à des morts leur prière. Comme je connais pas l'adresse des parents, j'ai pensé que le Commissaire, lui, il saurait et qu'il leur donnerait.


Delage reprit le mot et se mit à le lire à voix basse :
   
Je suis si heureuse car aujourd'hui
J'ai trouvé mes amis
Ils sont dans ma tête
Je suis si laide
Mais c'est pas grave, car toi aussi
Nous avons cassé nos miroirs.
Dimanche matin
Est le seul jour qui m'intéresse
Et je n'ai pas peur
J'allume mes bougies
Ça m'éblouit

Car j'ai trouvé Dieu

 

- Drôle de prière, tout cela n'a guère de sens. L'écriture ressemble effectivement à la lettre que vous nous avez remise et je regrette que vous vous décidiez seulement à nous la donner. C'est très grave, père Matthieu, de dissimuler des pièces à la police gronda t-il d'une voix grave.


Puis il sortit de sa veste une pochette en plastique transparent et glissa la feuille de papier à l'intérieur.


- Je ne pense pas que cela change les conclusions de notre enquête, mais je communiquerai ce document à Guedj et nous verrons au moins s'il a bien été écrit par la suicidée. Etes-vous sûr de rien avoir oublié d'autre ?

Delage avait volontairement laissé traîner sa voix sur le mot oublié.


- Foi de marinier ! Je le jure ! s'écria le père Matthieu. J'suis tout sauf un gobeur !


- Un quoi ? s'exclama Delage


- Un gobeur, fiston... De la mauvaise engeance, des bateliers malhonnêtes qui exploitaient des coches d'eau sur la Loire et qui escroquaient les voyageurs. La honte de la profession ! Mais, c'était il y a bien longtemps...


- Pourtant, le temps semble s'être arrêté quelque part sur ce bateau, ironisa le policier.


-  Je reviendrai vous voir bientôt père Matthieu. Vous me parlerez batellerie et je vous parlerai de vos livres. Au fait, vous savez que vous avez une fortune en papier dans votre bibliothèque ?


- Vous êtes bien de votre époque, vous ! Dès qu'il y a du rêve, vous pensez pognon. Mais bon, vous me paraissez être un bon gars, fiston. Alors d'accord pour vous enseigner mon jargon et pour vous laisser tripoter mes bouquins. Top là, c'est quand vous voudrez...


Delage serra la paume ouverte du Père Matthieu et songea qu'il n'avait au final pas vraiment perdu son temps.

 

 

 

 

 

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13 décembre 2006 3 13 /12 /décembre /2006 23:00

 

 

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VII


- Là, aidez-moi à m'asseoir là, intima le Père Matthieu en désignant de sa main libre un fauteuil recouvert d'une grande couverture de laine rouge.


- Vous n'avez qu'à vous installer dans l'autre fauteuil et le rapprocher du mien. Je suis pas sourd, mais le toubib prétend que j'ai l'ouie qui baisse. Il m'a fait une ordonnance pour me faire appareiller. Non mais, de quoi il se mêle ce blanc-bec ? Vous me voyez, moi, avec un truc en plastique rose dans l'oreille qui se met à grésiller et à siffler les trois quarts du temps ?  Pourquoi pas une plume de paon dans la raie des fesses ?

 
Delage trouva l'image cocasse et dut chasser la vision fugitive d'un père Matthieu transformé en danseuse du Casino de Paris pour reprendre son sérieux.


- Bon, venons-en aux faits. Qu'avez-vous de si important à me montrer ?


- J'vous ai vu reluquer mes bouquins en entrant. Jolie collection, pas vrai ? Amassée au fil du courant de mes navigations, dans toutes les foires que le long cheminement de cette péniche m'a permis en plus de quarante ans de visiter. Ben justement c'est dedans. Comme cela, vous vous ferez doublement plaisir, ajouta le vieil homme, en plissant malicieusement les yeux.


Delage compta mentalement les dos reliés de la bibliothèque. Plus de quarante titres. Vertigineux ! Avec des cartonnages d'une rareté exceptionnelle. Une fortune rangée sur des étagères rustiques.

De quoi rendre fou et transformer en monte en l'air le moindre collectionneur amateur vaguement éclairé.


Or Delage était plus qu'un amateur éclairé. Sa passion pour les livres de Jules Verne remontait à son adolescence, à l'époque où ses parents, faute de moyens financiers, le confiaient pour les vacances d'été à un oncle célibataire, ancien combattant de la Grande Guerre, amputé, misanthrope, habitant un coin paumé dans le Limousin.

Le grincheux, n'ayant pour seule passion que la compagnie des livres, s'était constitué au fil des ans une abondante bibliothèque, aux titres, auteurs et thèmes  variés.

Si la compagnie de l'oncle taciturne et l'isolement de la demeure, nichée au creux de la vallée de la Maulde,  transformaient en cauchemar chaque " déportation " estivale, la fréquentation assidue de sa bibliothèque était venue au fil des années, panser le sentiment d'abandon et de solitude dans lequel Delage, jeune homme, s'abîmait désespérément.

Délaissant, au grand dam de son oncle, la collection complète des oeuvres de George Sand, il avait lu et relu au cours de ces longs étés ponctués d'orages effrayants, les Voyages Extraordinaires, était devenu John Hatteras pour atteindre  le pôle nord, avait fait le tour du système solaire avec Hector Servadac et partagé entre la Géorgie et Pékin, le voyage mouvementé de  Bombarnac.

 
Ayant, bien des années plus tard, hérité d'une partie de la collection, son admiration pour Jules Verne, s'était enrichie d'un dévotion sincère pour les cartonnages de l'éditeur Hetzel.

Il n'avait de cesse dès lors, de compléter les ouvrages de l'oncle par de nouvelles acquisitions où la qualité de la reliure l'emportait parfois sur l'attrait de l'histoire. Les ouvrages multicolores éveillaient sa concupiscence.


- Ben, on ne vous entend plus ! se gaussa le père Matthieu


- J'admire, se contenta de répondre Delage


- Allez, fiston, c'est dans le volume rouge, le premier à droite sur l'étagère du haut. C'était celui que préférait ma femme, soupira le marinier


Delage se leva et sortit avec précaution le livre désigné. Il reconnut sans peine, une édition au portrait imprimé avec un bandeau noir au premier plat, peu courante, mais en parfait état de Mistress Branican.


- Superbe, vraiment superbe, murmura-t-il en effleurant du bout des doigts la reliure de Lenègre.


- Ouais, pas vilain, concéda le Père Matthieu


- Ya un papier dedans, c'est cela que je voulais montrer à votre commissaire


Le flic ouvrit l'album et s'attarda quelques instants sur une gravure de Bennett exempte de toute trace de rousseur.


Une feuille à petits carreaux était soigneusement pliée au dos de la page de garde. Il rangea à regrets le livre à son emplacement initial, et sans prendre la peine de se rasseoir, se mit à déchiffrer le contenu de la lettre.

 

 

 

 

 

                                                                            à suivre........

 

 

*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.

 

 

 

 

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8 décembre 2006 5 08 /12 /décembre /2006 23:00

 

 

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VII


 

 

 

                                                                            à suivre........

 

 

*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.

 

 

 

 

 

L'inspecteur vit une petite chaise pliante adossée à une table, la prit, l'ouvrit et la posa face au marinier. Une fois assis, il planta son regard dans l'iris bleu nuagé de presbytie du vieil homme, esquissa un léger sourire et d'une voix qui se rapprochait du murmure, réitéra sa question.


- Vous vouliez me montrer quelque chose ? Je suis là pour cela, Vous voulez me montrer quoi, père Mathieu ?


Le vieux dodelina de la tête, sembla hésiter, chercha du regard son paquet de cigarillos resté sur la table, re dodelina de la tête, puis marmonna :


- J'aurais préférer en parler au commissaire...


Delage, qui n'avait pas entièrement digéré l'hilarité passée du vieux, sentit une bouffée d'adrénaline lui parcourir le corps. La poussée de colère venait de balayer toute la sympathie que le père Matthieu lui inspirait.


- Bon, ça suffit maintenant ! Vous me dites immédiatement de quoi il s'agit. Je n'ai vraiment pas que cela à foutre. Vous parlez ou je me casse. A vous de choisir!


 La mise en garde et le ton sec de l'inspecteur eurent l'effet d'un électro-choc sur le père Matthieu qui mit fin à ses atermoiements, redressa le torse, affronta le regard glacial de Delage et tenta de se lever. Une grimace de douleur apparut sur son visage.


- Aidez-moi à me mettre debout et je vais vous montrer...


L'inspecteur quitta sa chaise, la replia et la rangea consciencieusement à l'endroit où il l'avait prise. Il revint vers le père Matthieu, glissa son bras gauche sous l'aisselle droite de celui-ci et d'une brusque traction arriva à le faire se redresser.


- Aïe, putain, vous n'y allez pas de main morte, gémit le marinier


- Vous vouliez vous lever, voilà c'est fait, décréta Delage en desserrant son étreinte


- Ouais, mais quand même fiston, faudrait apprendre à prendre soin des vieillards, j'pourrais être votre père et un père, ça se ménage.


Delage remercia mentalement le ciel de l'avoir pourvu d'un père encore vert et actif pour ses soixante dix printemps, un père qui consolait son récent veuvage en parcourant les quatre continents aux côtés d'une jeunette de quarante trois ans.

 
- Bon, on va où maintenant ?


- Dans mon logement, là derrière la porte. Y'a quelques marches à descendre. Va falloir que vous m'aidiez. J'ai dit m'aider, pas briser ce qui reste de ma vieille carcasse. Compris fiston ?


L'inspecteur serra les mâchoires afin de contenir la réplique cinglante qui venait de lui traverser l'esprit. Il souhaitait accélérer le mouvement et éviter de se coltiner les états d'âme et les humeurs du marinier. Il ouvrit la porte qui conduisait au logement, puis avec douceur mais fermeté guida le père Matthieu vers les marches, le tenant par le bras de peur qu'il ne fasse un faux pas.


 Une odeur de cire d'abeille pénétra ses narines, tandis que ses yeux tentaient de s'habituer à l'obscurité du lieu. La pièce paraissait vaste. Il en embrasa rapidement les principaux contours, mémorisa l'ameublement succinct mais de bon goût  et les battements de son coeur s'accélérèrent lorsqu'il repéra le long de la cloison qui lui faisait face, un long alignement de rangements en bois, sorte de bibliothèque bricolée présentant ostensiblement le dos parfaitement conservé d'une collection qu'il connaissait bien.

 

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5 décembre 2006 2 05 /12 /décembre /2006 23:00

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VII


 

 

Si au moins elle ressemblait à une femme, pensa Delage en s'engageant dans la rue Maurice Berteaux, mais non, dès qu'elles postulent dans la police toutes ces nanas n'ont qu'une obsession : ressembler le plus possible à un mec.

 Avec leur nuque rasée, leur démarche de piliers de rugby, leur jargon de débardeur des halles, elles en rajoutent dans le machisme et se prennent pour des pitt-bulls. Passant en revue les nouvelles recrues du commissariat, il fut dans l'obligation de constater que la seule baisable était Djamila.

Un comble ! Une beurette! Mais elle, au moins, gardait des attraits féminins avec ses longs cheveux noirs bouclés sagement noués dans un chignon d'où s'échappaient toujours quelques mèches folles, son regard de jais brillant, à peine rehaussé par un peu de khôl.

 Perdu dans ses pensées, Delage faillit emboutir le 4X4 Discovery 3 qui venait de piler devant lui. Delage donna du klaxon, et le conducteur, l'oreille vissée à son portable, lui répondit en tendant par la fenêtre un doigt d'honneur dépourvu de toute ambiguïté.

 Delage, fou de rage, hésita à mettre son gyrophare sur le toit de la Clio, histoire de lui foutre la pétoche, puis se ravisa et décida de noter mentalement le numéro d'immatriculation dans sa tête, au cas où.


Il mit à peine cinq minutes pour atteindre le bout du Quai de la République et repérer la péniche du père Matthieu.

Celle-ci, peinte dans un rouge sang de boeuf détachait magnifiquement sa masse de deux autres bâtiments fluviaux, noirs, luisants, qui semblaient juste posés là, pour le mettre en valeur.


Des touristes asiatiques, agglutinés devant l'échelle de coupée, échangeaient leurs appareils numériques pour se photographier à tour de rôle et lui en interdisaient l'entrée.

Delage dût jouer des coudes pour se frayer un chemin, s'attirant au passage des remarques qu'il jugeât déplaisantes au ton employé. Une fois arrivé sur le pont, il frappa à la porte du poste de pilotage, attendit une réponse qui peinait à venir, frappa une seconde fois, mais plus fort, supposant que le vieux marinier était un peu sourd de la feuille.


- Oui, qui c'est ? s'enquit une voix rauque


- Inspecteur Delage, père Matthieu


- Qui ?


- Inspecteur Delage, l'adjoint de Guedj, rugit le flic qui commençait à perdre patience


- Ben entrez et gueulez pas si fort, j'suis pas sourd ! tonna le vieux


Le flic poussa la porte et trouva le père Matthieu, fumant un cigarillo, assis dans un fauteuil en osier, bourré de coussins en macramé.


- Bienvenu dans la marquise ! Désolé de ne pouvoir me lever mais j'ai une sacrée sciatique qui  ne me lâche pas depuis hier soir, dit le père Matthieu en tendant une main aux doigts boudinés et jaunis par le tabac.


- La Marquise, c'est le nom du bateau ? interrogea Delage en guise de salutations


Le père Matthieu cracha une épaisse fumée bleue et se mit à rire, un rire entrecoupé de toussotements gras.


- Ben, manquerait plus que cela ! La marquise, c'est la timonerie, jeune homme. Je vois que l'on ne vous apprend pas ce genre de chose dans votre commissariat. Pas eu de problème pour monter à bord ?


- Un peu, reconnut Delage. Votre péniche est une véritable attraction. Les touristes veulent tous se faire photographier devant. En ce moment même, vous avez une quinzaine de japonais grimpés sur l'échelle de coupée.

Delage s'interrompit en voyant la tête du père Matthieu virer au rouge cramoisi et s'étrangler de rire.


- Bon Ok, soupira Delage, Ok, ce n'est pas une échelle de coupée. Vous appelez cela comment ? poursuivit-il en prenant un ton conciliant.


Le père Matthieu essuya du revers de la main une grosse larme, fut secoué par une nouvelle cascade de rires qui finit en cataracte de toux. Puis il prit une profonde inspiration, écrasa le bout humide du cigarillo dans un gros cendrier jaune Pastis 51 qu'il avait placé sur l'accoudoir du fauteuil, à portée de main.

 
- Ha, vous êtes trop drôle, hum, bon, faut pas m'en vouloir, mais ça me fait le même coup à chaque fois. Une échelle de coupée... Ha, ha, ha ! pardon, j'peux pas m'empêcher. On est pas sur un voilier, ni dans la Royale... Bon, c'est vrai, vous pouvez pas savoir. La grosse planche que vous avez empruntée pour monter à bord, on appelle cela un pont d'écurie... Vous pigez ? Un pont d'écurie. Ca vient du temps où y'avait des écuries à bord des péniches et que les bêtes empruntaient cette planche pour descendre à terre. Si vous saviez le nombre de termes spécifiques, que nous les mariniers, on emploie. Tenez, par exemple...


- Attendez, père Matthieu, l'interrompit Delage. C'est sûrement passionnant et je ne demande pas mieux que de revenir un jour de congé prendre un cours de batellerie avec vous, mais je suis là pour entendre ce que vous n'avez pas pu confier au commissaire Guedj, ce matin au téléphone. Il m'a précisé que vous vouliez lui montrer quelque chose de particulier, en rapport, paraît-il avec le suicide de la jeune fille dont on a retrouvé le corps dans la Seine.


Le sourire du père Matthieu, qui quelques secondes plus tôt irradiait son visage, fondit brutalement et fit place à une moue boudeuse, puis renfrognée. Dans ses yeux, l'ancienne trace des larmes de rire accentuait l'impression de tristesse et d'abattement dans laquelle il venait de sombrer.

 

                                                                            à suivre........

 

 

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1 décembre 2006 5 01 /12 /décembre /2006 23:00

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VII


Jules Guedj laissa le silence faire son travail de sape. Immobile, les yeux plantés dans ceux de son adjoint, il savourait intérieurement cette minuscule victoire. Hervé Delane n'avait pourtant aucune envie de perdre la face devant son supérieur. Il avait haï Guedj dès sa nomination à Conflans.


- Je ne mets pas en cause le sérieux de ce travail, commissaire, entonna Delage en agitant à bout de bras une liasse de papiers fraîchement sortie de l'imprimante. Je dis simplement que cette femme n'est pas qualifiée pour faire ce genre de boulot...


Guedj jaugea du regard son adjoint. Le gars avait dix ans de plus que lui et le dépassait d'une bonne demie tête. Il avait pour lui une réputation de bosseur et de flic intègre. Tous les rapports de l'administration convergeaient dans ce sens. Delage irréprochable, Delage le meneur d'équipe, le gars de terrain qui se ferait hacher menu plutôt que de laisser un membre de son équipe prendre des risques, un mec capable de tenir en respect pendant plus de trois heures un preneur d'otages et le convaincre de se rendre sans tirer un coup de feu.

 Delage, en gros, le mec qui aurait dû être là, à sa place, qui aurait dû se caler les fesses dans un fauteuil de Principal, plutôt que de continuer à en découdre avec de jeunes délinquants de banlieue, à passer des nuits blanches dans des bagnoles banalisées qui sentaient la sueur et l'urine des gars interpellés. Delage qui s'était un poil trop exposé au goût de sa hiérarchie lors des dernières élections syndicales qui avaient vu L'Alliance Police Nationale prendre le pas sur l'UNSA. Delage qui aurait pu être son ami si Guedj n'avait pas flairé très tôt des relents de racisme et d'anti-sémitisme chez ce flic " exemplaire ".


 Guedj n'avait pas envie de répondre. Il sentait parfaitement l'animosité de l'homme qui piétinait la moquette de son bureau et trouvait son attaque infantile. Le dossier était pratiquement clos et ce n'était que par souci de transparence, pour reprendre un terme à la mode, qu'il lui avait communiqué le rapport d'authentification. Si Delage cherchait l'affrontement, il n'avait pas frappé à la bonne porte et encore moins au bon moment.

 
- Hervé, ce rapport est seulement destiné à faire taire les doutes des parents. Nous ne sommes pas dans une affaire criminelle, il s'agit d'un suicide et sachez que si j'avais le moindre doute sur ce point, j'aurais bien évidemment fait intervenir un expert. Ceci dit, je me demande ce qu'un expert aurait pu produire de mieux que cette analyse là. Comme j'apprécie votre côté scrupuleux, voire même pointilleux, je vais vous demander avant de fermer définitivement le dossier de rendre une petite visite au père Matthieu. Il m'a joint ce matin au téléphone pour me demander si je pouvais passer le voir à sa péniche. Il a soi-disant quelque chose à me montrer d'important et est cloué là-bas par une crise de sciatique. Il n'a pas souhaité m'en dire d'avantage et j'ai plusieurs problèmes urgents à régler cet après-midi au bureau. Pouvez-vous y aller à ma place ?


Delage  passa nerveusement les doigts dans ses cheveux en broussaille en pensant : Bien sûr connard que je vais y aller pendant que toi tu vas plancher sur tes problèmes urgents. Comme si moi je n'avais que ça à faire, tenir le bavoir à un vieux débile qui s'emmerde à cents sous de l'heure dans sa putain de péniche et qui s'est trouvé un nouveau passe-temps, faire chier les flics.


- Aucun problème Commissaire, je me demandais justement ce que j'allais bien pouvoir faire aujourd'hui, vu que je viens juste de terminer le Sudoku du Parisien.


Guedj ne releva pas la pointe, trop heureux de voir Delage déguerpir. Il pensa qu'il devenait urgent de trouver un moyen d'amadouer l'inspecteur, d'améliorer leurs rapports, puis il cliqua sur l'adresse e-mail de la graphologue pour la remercier de son travail.

- Salut Hervé, tu pars tout seul comme un grand, sans ta garde du corps ? demanda d'une voix pointue le jeune planton de service en voyant Delage franchir le seuil du commissariat.


- Hé bleusaille, je t'en pose des questions, moi ? Tu ferais mieux de planquer tes fesses, j'sens qu'il y a de la racaille dans le coin qui a envie de se taper du poulet tout cru et j'serais toi, j'irai planquer mes miches rapidos dans les jupons de maman, répondit Hervé en ponctuant sa phrase d'une grande claque sur l'épaule du flic qui simultanément piqua un fard et rattrapa au vol le képi que la bourrade avait fait voler.


Delage partit d'un grand éclat de rire en voyant la mine dépitée du jeune et se dirigea vers sa vieille Clio de fonction garée sur l'emplacement réservé.


Après avoir mis la clé dans le contact et enclenché la marche arrière, il constata que la dernière personne ayant emprunté sa voiture n'avait pas pris la peine de remettre le rétroviseur dans sa position d'origine. Or la dernière personne à être montée dans sa bagnole, était cette pétasse de Corinne, une gonzesse tout juste sortie de la Fac, qui narguait des vieux comme lui avec ses pseudos diplômes et ses cours à la con de psychologie - sa garde du corps - comme avait dit le bleu, depuis que ce trou d'uc de Guedj l'avait affectée à son équipe.

                                                                            à suivre........

 

 

 

 

 

                                                                       

 

 

 

 

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