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  • : Ecritures à la loupe
  • : Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
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Mes romans

histoire

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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 15:00


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Le calendrier de l’Avent
Contes et nouvelles
 
(2) Où Abel Beaujour a bien des émotions. 

 
C’est ainsi qu’Abel devint propriétaire d’un objet dont il ne savait que faire et que son porte-monnaie se trouva soulagé de cinq billets de vingt euros.
   
Sa liste de courses ressemblait à sa vie : simple, réduite à l’essentiel, dépourvue de tout chichi. Il prenait soin de laisser la file des clients s’allonger devant chaque étal pour prendre son tour. Cela lui donnait le temps de détailler les marchandises, d’en apprécier les couleurs et les parfums, d’écouter les conversations de ses voisins et d’y participer avec humour et finesse lorsque l’occasion s’en présentait, car Abel avait de l’esprit. Attendre plus d’un quart d’heure dans le froid de novembre, une escalope de veau de cent vingt grammes « ni plus, ni moins » ne lui posait pas problème. La vie des autres endormait les picotements dans ses orteils, les sourires que ses remarques déclenchaient réchauffaient le bout de ses oreilles.
   
C’est donc le cabas aux deux tiers vide qu’il prit sa place devant le stand de Louise-Charlotte. Un jeune apprenti, au visage rond comme une pleine lune l’aidait à emballer les morceaux de fromage dans un papier ingraissable, préparait les commandes mais seule Louise-Charlotte maniait le couteau, la louche à crème et celle à cancoillotte. Abel s’émerveillait de la délicatesse de ses gestes, de la précision de son œil pour fournir la part en parfait accord avec la demande du client, se liquéfiait au son de sa voix douce et chantante. Lorsque vint son tour, il se livra au petit manège habituel qui consistait à hésiter entre plusieurs produits, s’enquérir de l’origine des nouveautés, de la provenance des fromages, tout en complimentant la crémière sur sa mine et sa dextérité. Louise-Charlotte le laissait faire avec une évidente satisfaction, répondait à des questions déjà cent fois posées avec la même grâce et la même patience. Abel ayant épuisé sa palette d’interrogations et sa mosaïque de jolis mots, le rituel du Saint Marcellin pouvait commencer.
         
Ce jour là pourtant, avant de prononcer la phrase qui concluait leurs échanges hebdomadaires, Abel, un peu gêné, l’invita à prendre un café. Loin de paraître choquée, Louise-Charlotte s’empressa de se défaire de son tablier, donna quelques consignes au jeune apprenti, rajusta d’un geste coquet son bonnet et un sourire toujours épanoui aux lèvres rejoignit un Abel enchanté. Sans même en parler, ils délaissèrent le neo pub londonien de la brasserie Saint Pierre pour diriger leurs pas vers Le petit café, un endroit qui avait gardé son comptoir à l’ancienne, ses tables en bois, son grand miroir et qui proposait un choix varié de cafés délicieux. Abel s’effaça en tenant la porte pour laisser passer Louise-Charlotte la première, puis il choisit une petite table à l’écart de l’entrée, proche d’un vieux poêle à bois que l’on avait gardé pour la décoration. Les premières lapées d’un Moka d’Ethiopie au parfum d’arum scellèrent entre eux une tendre complicité. Réchauffé et rasséréné, Abel ouvrit son cabas et en sortit le calendrier de l’Avent, qu’il déposa sur la table avec précaution.
         
« Je voulais vous demander Louise-Charlotte, si j’ai rêvé ou si vous ne m'auriez pas encouragé  à en faire l’acquisition ? »
« Vous aviez l’air tellement heureux devant ces livres mais également tellement hésitant que oui, je l’avoue, j’ai eu envie que vous fassiez plaisir » répondit-elle sans hésitation.
« Et bien, voilà qui est fait, mais pas pour un livre, comme vous pouvez le constater… Un calendrier de l’Avent qui détient selon les dires du vendeur des pouvoirs magiques… Oui, vous pouvez sourire, Louise-Charlotte, il n’y a qu’un vieux fou comme moi pour acheter un tel objet. Je pense l’offrir à mon petit-fils. Pensez-vous que cela peut amuser un enfant de dix ans ? »
La crémière fronça les sourcils, prit le calendrier dans ses mains et l’examina sous toutes les coutures un long instant.
« Je crains qu’il ne soit trop tard » finit-elle par déclarer.
«  Oui, j’y ai pensé. Nous sommes déjà le 30 et le temps de l’emballer, de le poster, même en colissimo, mon petit-fils ne l’aura que le lundi ou mardi prochain »
« Je ne parle pas de cela, monsieur Beaujour. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a en bas du calendrier, là, sur le bandeau rouge inscrit en petites lettres un avertissement qui dit quelque chose d’intéressant : Les vœux correspondants à chaque jour devront être sincères et motivés. Ils ne pourront être émis que par la personne ayant fait l’achat de ce calendrier, à l’exclusion de toute autre. Enfreindre cette règle, enlève à ce calendrier tout pouvoir. Voilà, il n’y a que vous qui pouvez vous en servir, car il a l’air neuf et vous en êtes sûrement le premier propriétaire ».
         
Louis-Charlotte reposa le calendrier sur la table, but le reste de son café et jeta un rapide coup d’œil par la fenêtre en direction de son étal.
             
« Il va falloir que je vous quitte, monsieur Beaujour, les clients font la queue et le gamin semble complètement débordé. Grand merci pour ce délicieux café. Pour le calendrier, je suis certaine que vous en ferez bon usage et surtout n’hésitez pas à me tenir au courant, j’adore les mystères ».
      
Elle se leva, hésita un bref instant, puis se pencha pour déposer un léger baiser sur la joue droite d’Abel.
         
Beaucoup d’émotions pour le bonhomme en une seule matinée. Que Louise-Charlotte n’ait montré aucune surprise à la révélation des pouvoirs magiques du calendrier était déjà difficilement croyable, mais qu’en plus elle le quitte sur un baiser le laissait stupéfait. Le chemin du retour vers sa demeure se déroula comme dans un rêve. La confusion des sentiments et des idées qui traversaient son esprit était telle qu’il dépassa la porte de sa maison sans s’en rendre compte et dut rebrousser chemin quelques vingt mètres plus loin.
              
Enfin, une fois rentré, il rangea machinalement ses courses dans la cuisine puis gagna le salon où il se laissa lourdement tomber dans son fauteuil préféré. Il s’y assoupit d’un sommeil lourd  sans que la faim ne vienne le réveiller. Vers cinq heures du soir, il ouvrit les yeux, mit de longues minutes à trouver ses repères. Le jour faiblissant, il se leva pour allumer le lampadaire et buta contre le cabas qu’il avait déposé au pied du fauteuil. La lumière filtrant de l’abat-jour fit briller la couverture du calendrier de l’Avent qui débordait d’un bon centimètre des rebords usés par le temps de son sac à provisions. Sept longues heures le séparaient encore du premier jour de l’Avent.
  
   

à suivre.... 


Pour accéder aux précédents chapitres, il suffit de cliquer dans la colonne de droite "Catégories": Contes et nouvelles
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30 octobre 2007 2 30 /10 /octobre /2007 14:25


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Le calendrier de l’Avent
Contes et nouvelles
 
(I) Où l’on apprend comment Abel Beaujour trouva un calendrier de l’Avent pas comme les autres.
 
 
 
Le jour venait à peine de se lever. Abel savait parfaitement que rien ne l’obligeait à en faire de même. Mais les habitudes à son âge, ça avait un côté rassurant. Des habitudes qui rythment le défilement des jours où l’on sait que l’on va quitter un lit veuf de partenaire, une couche dont la moitié gauche des draps n’est jamais froissée, mais où l’on ignore si l’on pourra s’y glisser le soir venu. C’était samedi, jour de marché. Là aussi, une habitude.

La perspective d’arpenter la place Saint Pierre, de traîner le long des étals en faisant semblant de s’intéresser à la fraîcheur des primeurs, tâter d’un indexe noueux le cœur d’une laitue, flairer d’un nez d’expert le cul d’une poire Louise Bonne d’Avranches, le tout pour tromper sa solitude, valait la peine de sacrifier une grasse matinée. Occasion hebdomadaire de s’amuser à faire « le jeune homme » avec la crémière, une femme d’âge mûr, aux joues perpétuellement rosies de fines mailles sanguines, au cœur aussi tendre que ses Saint Marcellin.

Celle qu’il appelait Louise Charlotte en écho à l’épouse du Dauphin Louis II, grande amatrice de ces petits fromages de chèvre, attendait patiemment qu’il ait fini de lui conter fleurette pour lui indiquer d’un clin d’œil complice le fromage dont l’affinage lui « dirait des nouvelles ». Il lui confiait alors son porte monnaie pour qu’elle se règle et répondait sans déroger à leurs us et coutumes à l’habituel « et avec cela, ce sera tout, monsieur Beaujour ? » l’inévitable « Oui, Louise-Charlotte, tout pour aujourd’hui ».
Oui, les habitudes, cela avait vraiment du bon.
 
Abel s’approcha de la petite fenêtre du salon et nota que la température avait encore baissé de deux degrés. Pour une fois la météo ne s’était pas trompée. Il se munit d’une longue écharpe de soie qu’il s’obstinait à nouer en lavallière, prit le vieux feutre gris anthracite pendu à la patère de l’entrée, s’en coiffa, adressa à son double un sourire dans le miroir du couloir et glissa dans sa poche son trousseau de clés.
 
Le marché nichait à une centaine de mètres de sa demeure, dans une zone devenue piétonne depuis que les élus avaient voté à l’unanimité moins une voix, celle d’Abel, que le standing de leur commune de dix mille habitants méritait un centre ville digne d’une cité historique. De fait, l’histoire de ce bourg agricole, n’avait jamais brillé de quelques feux, hors ceux de la traditionnelle Saint Jean. La statue du poète Paul Démère déclamant à l’éternité de sombres quatrains face au square de l’école primaire n’avait d’autre utilité que de servir de perchoir aux étourneaux, seuls témoins vivants de la gloire de l’obscur rimeur.
 
Un vendeur de marrons chauds avait installé son brasero à l’angle de la rue Grande et de la place Saint Pierre. Il haranguait les promeneurs et les habitués du marché d’un traditionnel « Chauds, mes marrons, chauds ! », tandis qu’une fillette, emmitouflée dans un long manteau bleu marine pliait avec soin des demies pages de papier journal pour en faire des cornets. Le boucher avait déjà disposé de lourdes guirlandes de faux sapin ornementées de gros nœuds rouges sur sa vitrine. Abel déchiffra l’enseigne ainsi transformée : Bou.. Petit. A apprécier tant l’énergumène vantard aimait la gaudriole et les plaisanteries gaillardes et polissonnes.
 
Pour suivre la mode de l’époque, un alignement de stands, pompeusement surnommé « Marché de Noël » reléguait à l’arrière de la scène les marchands de fripes et le sénégalais aux bijoux Taiwanais.
Abel contempla avec une pointe de tristesse, les amoncellements de décorations de sapins et de crèches, les guirlandes clignotantes, les pyramides de pain d’épice, l’armée de santons provençaux peints « à la main ». Son unique petit-fils, il ne l’avait vu qu’une fois depuis sa naissance ; sa fille ayant coupé les ponts peu de temps après le décès de madame Beaujour. Il soupira en se remémorant les Noëls d’antan, les longs préparatifs, les cachettes à cadeaux que sa femme renouvelait chaque année pour déjouer la curiosité de leur fille, les stratagèmes inventés pour choisir les présents lors des courses dans l’hypermarché de la ville. Il s’apprêtait à quitter les lieux et entreprendre ses emplettes lorsqu’un étal retint son attention : des rangées de livres en relief, d’autres à tirettes, tous flambants neufs, tous attrayants.  Il en feuilleta plusieurs, d’abord au hasard puis affina sa curiosité pour le plaisir du travail bien fait et l’ingéniosité de la fabrication. Le Règne de Nane d’un certain Lichtenberg et un Sherlock Holmes à quatre pattes illustré par de la Nézière lui firent regretter amèrement de ne pas avoir de cadeaux en prévision.
 
« Ils sont beaux, n’est-ce pas ? ». Le vendeur, un jeune homme au visage mangé par une abondante chevelure brune et les yeux masqués par des lunettes aux verres fumés, lui souriait d’un air engageant.
« Très beaux, jeune homme, c’est une très belle réédition » répondit Abel.
« Ce sont des originaux… 1926 pour l’un 1908 pour l’autre » ajouta le jeune homme en désignant les livres qu’Abel tenait à la main . « Je peux vous faire un bon prix, si les deux vous intéressent… ».
« Hélas jeune homme, je n’ai qu’un petit-fils qui habite fort loin, que je ne verrai pas à Noël, et je ne suis même pas sûr qu’il apprécierait ce genre de cadeaux » .
« Quel âge ? »
« Laissez-moi réfléchir… Il doit avoir dans les dix ans »
« Dans ce cas, j’ai sans doute quelque chose qui pourrait lui convenir… »
Le vendeur releva le pan de feutre vert qui couvrait l’étal, fouilla dans une malle et en sortit un rectangle épais de carton, richement décoré.
« Voilà, exemplaire unique : un calendrier de l’avent qui date de 1889, une pure merveille à plus d’un titre ». Il tendit le calendrier à Abel qui l’examina avec précaution.
« Effectivement, il est très beau, mais qu’a-t-il de si particulier ? »
Le jeune homme jeta des regards à droite et à gauche, comme pour s’assurer que personne ne les écoutait.
« Il est magique ! » murmura-t-il d’une voix à peine audible.
« Magique ! »  s’esclaffa Abel.
 « Le prix, lui j’en suis sûr n’est certainement pas magique ! ».
« C’est un calendrier à vœux… chaque jour correspond à un vœu et si ce vœu est motivé et sincère, il est exaucé… »
« Vous m’en direz tant…et son prix ? » questionna Abel franchement amusé.
« Il n’a pas de prix… mais pour vous, ce sera 100 euros ».
« S’il a de réels pouvoirs magiques, c’est donné, sinon, c’est une pure escroquerie… »
« A vous de voir » répondit le jeune homme en feignant de se désintéresser de la vente.
 
Abel s’en voulait de s’être laissé entraîner dans un marchandage sans issue, puisqu’à aucun moment il n’avait envisagé d’acquérir un calendrier de l’Avent. En admettant qu’il se décida à l’acquérir, on était le 30 novembre et dans le meilleur des cas son petit-fils recevrait ce calendrier le 2 décembre, ce qui ôtait une partie du charme à l’affaire. La raison lui disait de rendre le calendrier au vendeur, mais il se passa alors un étrange phénomène. Se tournant à la lumière du jour pour admirer les couleurs des illustrations, son regard croisa celui de Louise-Charlotte. Ceinte de son large tablier blanc, les cheveux argentés emprisonnés dans un bonnet de laine gris bleu, celle-ci l’observait avec aménité et le petit signe de la tête qu’elle lui adressa, ressemblait à s’y méprendre à un acquiescement.
 
Abel, troublé, referma les doigts sur le calendrier de l’Avent et lâcha autant pour lui-même que pour le vendeur d’un filet de voix tremblant: « Marché conclu »

à suivre....





 
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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 10:23



En quelques minutes hier
et à deux pas de ma maison...





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un bolet edulis 


    


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De gauche à droite:
Bolet leucophaeus, bolet badius et bolet aurantiacus



Oui, oui... je les ai mangés... miam...







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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 10:16







Agenda de Novembre...
de ma filleule "O"


 
  

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QUELQUES LANGUES (DÉ)RAPPEUSES
>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

La langue française est peut-être parvenue au bout de ses possibilités littéraires."
(R. Millet, 'Désenchantement de la littérature', in Le Monde des livres, 19 oct. 2007)

_________________________________'

"L'instauration d'une novlangue, c'est-à-dire d'une manière de parler destinée
à rendre impossible l'appartion de toute pensée (..) cette nouvelle langue substitue
le rapport de force au rapport de sens, et privilégie les formes du discours visant
systématiquement le coup gagnant."
( art. 'La grammaire aberrante et appauvrissante du libéralisme',
Le Monde des livres, 19 oct. 2007)
_____________________________________________'

"Le rap n'est pas un retour à une langue supposée primitive (..)
NTM, la belle langue française KO sur le ring les bras en croix,
la belle langue française malmenée, piétinée, empoignée,
traînée par les cheveux, jetée dans le coffre d'une grosse bagnole
américaine ... vitres fumées... et le tour du périph la nuit à 160."
(J. Sorman, 'Du bruit')
______________________'

"De la plume au micro, il existe un monde. Du stylo jusqu'au flow,
un langage qui prend son sens dans la rythmique et la cadence,
dans le concert des rimes qui claquent et dansent. (..)
La littérature se retourne contre ses geôliers, ce petit cercle de
bobos parisiens se complaisant entre congratulations mutuelles et
autosatisfaction béate. La suffisance outrageante de ces pédants lettrés
(d'autres auraient dit pédés lettrants) ne saurait faire étalage de toute
la vivacité des lettres."
('The wrong fanzine', n°4, 'La littérapture')
_____________________________________'

"La reappropriation de la langue classique par les classes dominees
constitue un veritable enjeu (..) Ecrire dans un style classique,
c'est m'approprier la langue bourgeoise qui m'a condamne et dont
l'imparfait du subjonctif est le plus beau symbole."
(Thomas A. Ravier, entretien sur Lire.fr)


____________________________
soirée LANGUES RAPPEUSES

lekture/muZik eXperience
avec Joy Sorman + Olivier Cachin
concert : Soul'Sens + O2 Zen

4 nov. 18h30
La Bellevilloise
19-21 rue Boyer
m° Ménilmontant-Gambetta

Les Grandes Boucheries
myspace.com/souslaligne2txt


                                                   A noter sur vos agendas...

 
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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 12:14







Yann QUEFFELEC 

   

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Yann Queffélec est né à Paris le 4 septembre 1949. Son père, Henri Queffélec, brestois d'origine, agrégé de lettres, après une carrière d'enseignant se consacra dès 1942 à la littérature et est considéré comme "l'écrivain maritime" du XXe siècle.

Ce père connu et reconnu aura une influence sur les débuts en littérature du fils qui dans une interview se souvient que : "Pendant des années, il m'a interdit d'écrire, il déchirait tout ce que j'écrivais et dessinais, j'étais un pirate à ses yeux. Il m'a parlé une seule fois de mes livres, lors d'un dîner. Cela a duré cinq minutes, ça m'a semblé des siècles, nous étions aussi gênés l'un que l'autre."

En revanche sa mère l'encourage dans cette voie et semble pendant de longues années être la seule à croire en la vocation de son fils et en son talent. Aussi quand elle meurt alors qu'il vient de passer son bac, Yann n'a plus qu'une idée : partir...
 
Sur les flots et les terres du monde entier, le breton s'acharne à coller à l'image que son père donne de lui: "Un incapable, la honte de la famille!" Des années d'errance qui s'achèvent sur une beuverie ahurissante et salutaire: c'est en 1979, sur l'île de Ré qu'il croise le chemin de la grande prêtresse de l'édition, Françoise Verny, qui lui jette son fameux: "Toi chéri, t'as une gueule d'écrivain. Tu vas m'écrire un livre!"
 
A la fin des années 70, il a déjà écrit deux romans qu'il garde soigneusement rangés dans un tiroir et pour gagner sa vie devient critique littéraire au  Nouvel Observateur. La publication en 1981 d'une biographie de Béla Bartók, puis  de son roman Le charme noir en 1983 est salué par la critique mais ce n'est que deux ans plus tard en 1985 avec la sortie des Noces barbares qu'il acquiert son statut d'écrivain et pas n'importe lequel, puisque ce livre lui vaut le Goncourt !

Le succès lui monte-t-il à la tête ? Il le venge au minimum d'une critique cinglante d'Angelo Rinaldi qui avait traité ses Noces barbares de "roman dont même la Pensée universelle n'aurait pas voulu". Sans doute Yann en rajoute-t-il, sans doute provoque t-il la critique littéraire qui de son côté aiguise sa plume: La femme sous l'horizon, le roman suivant, est qualifiée de "pavé lourdingue, mélo, maso, zéro", Le maître des chimères se voit taxé d'excès de pathétisme, Prends garde au loup est transformé en "Disneyland de rêve en grande surface".

"Il faut dire que je m'étais rendu très agaçant, reconnaît-il aujourd'hui, je prends ma part de responsabilité mais cela ne justifie pas les critiques ad nominem. Tout cela m'a persuadé d'une chose, ne jamais lire les mauvaises critiques. Pourquoi se faire mal?".

Les années passent, les rapports de Yann Queffélec avec la presse littéraire se détendent  et la sortie en 1994 de Perdue dans la nuit, l'histoire de deux adolescents de la chaude banlieue marseillaise livrés à eux-mêmes, reçoit un accueil plutôt favorable.
 


Interrogé en Octobre 2002, après la publication de son roman Boris, après l'amour, par le magazine l'Express il répond ainsi aux questions du journaliste :

Le bonheur parfait selon vous?
Etre intensément amoureux et en même temps intensément créatif. Le tout, si possible, à bord d'un magnifique voilier.

Où et à quel moment de votre vie avez-vous été le plus heureux?
En 1989, aux îles du Cap-Vert, avec ma femme. En 1991, en Corse, avec mes enfants. Et en Bretagne, chaque fois que j'y vais.

Le principal trait de votre caractère?
L'appétit de vivre.

Et celui dont vous êtes le moins fier?
J'ai du mal à arriver à l'heure...

Votre dernier fou rire?
Une nuit, à 3 heures du matin, avec ma femme, en entendant notre fils Neven, 2 ans, éclater de rire en plein sommeil.

Et la dernière fois que vous avez pleuré?
Quand mon père est mort.

La qualité que vous préférez chez un homme?
La drôlerie.

Et chez une femme?
La féminité.

Votre boisson préférée?
Le vin rouge.

Votre peintre favori?
Picasso.

Votre livre de chevet?
Le Maître de Milan, d'Audiberti. C'est le plus beau roman d'amour que je connaisse.

Vos auteurs préférés?
Faulkner, Gombrowicz. Et le Britannique Jonathan Coe.

La chanson que vous sifflez le matin, sous votre douche?
Elaeudanla Teïteïa, de Gainsbourg. Vous savez: L.A., E. dans l'A., T.I.T.I.A...

Votre compositeur préféré?
Bartok.

Votre film culte?
Les Vestiges du jour, de James Ivory.

Le talent que vous auriez aimé avoir?
Très bien jouer de la guitare ou du piano.

Le personnage historique auquel vous auriez aimé ressembler?
Magellan.

Votre plus grand regret?
Que ma mère soit morte sans que j'aie pu lui dire au revoir.

Que possédez-vous de plus cher?
Le désir d'émerveiller.

Qu'avez-vous réussi de mieux dans votre vie?
A conserver le sentiment que la réussite est pour demain.

Votre devise?
Carpe diem.

Votre plus grande peur?
Mourir sans avoir donné le meilleur de moi-même.

Frère de la pianiste Anne Queffélec, il a été marié à une autre pianiste connue Brigitte Engerer, avec laquelle il a eu une fille. Il vit aujourd'hui à Paris.




Son écriture:


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Autant le dire tout de suite... cette dédicace qui date de 1985, j'ai eu beaucoup de difficultés à la déchiffrer  et je butte encore sur un ou deux mots.

La qualité du trait est en effet avec la forme et la continuité des particularités qui rendent le graphisme de Yann Queffélec particulièrement difficile à décrypter, souvent flou et même parfois illisible.

Le trait spasmodique, très inégal en largeur, parfois très fin et souvent engorgé d'encre est un trait flou, limite boueux qui révèle une hypersensibilité exarcerbée, une impressionabilité, sans doute une  difficulté à s'affirmer de manière spontanée, avec simplicité et naturel. Le fonds du tempérament ombrageux ne facilite pas la communication et les sentiments ne peuvent qu'être forts, violents, contenus avec une tension importante.

Les trous (blanc à l'intérieur des mots) le prolongement des hampes et des jambages, la contrainte qui  domine l'écriture, la relative régularité de l'inclinaison des lettres et de la tenue de ligne, mettent des bornes, des limites à ces démons intérieurs. Retranché dans une attitude sélective, dans un "monde à soi",  le scripteur peut se sentir protégé, fort, voire, paradoxalement invicible. Au sein de cette "tour d'ivoire", il se sent parfois incompris, monologue et entretient son for intérieur.  

La disposition du texte qui joue avec le format de la page, indique également, non seulement la volonté de s'affranchir des règles mais aussi et sans doute une pointe d'humour salvateur, humour qui ne fait peut-être pas forcément dans la légèreté mais qui permet de prendre ses distances par rapports aux états d'âmes et aux pulsions.

Aujourd'hui, soit 27 ans après la rédaction de cette dédicace, les journalistes qui interviewent Yann Queffélec le décrivent comme "apaisé". Il est clair que j'aimerais pouvoir le constater dans un écrit récent...




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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 10:26



Pour démarrer la semaine sur une note "select", 
de bon goût et toute en finesse, 
je vous propose cette courte vidéo...


 

 


LOLO - FAUSSE PUB LOTO
envoyé par comitedelaclaque





Bon grattage
du lundi......


 

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20 octobre 2007 6 20 /10 /octobre /2007 11:29


Resquiat in pacem...
 
Voilà comment au mexique on souhaite

la paix éternelle à ses défunts ;)

  


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Bon samedi...!


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18 octobre 2007 4 18 /10 /octobre /2007 13:15



Tristan Corbière

1845-1875

Le cercle des poètes oubliés (4)



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Edouard-Joachim - Tristan - Corbière naît le 18 juillet 1845 à Morlaix. Son père, capitaine au long cours et auteur de romans maritimes est âgé de 52 ans,  sa mère de 19. 

Ce père, prénommé également Edouard, est un homme d'influence à Morlaix. Considéré comme le premier romancier maritime de France, son roman "Le négrier " a été réédité à maintes reprises. C'est un libéral anticlérical. Ses prises de position très marquées le condamnèrent notamment à un an de prison et à de nombreuses poursuites judiciaires sous la Restauration. C'est à cette époque qu'il fonde  un journal libéral "La guêpe" et participe aussi à la rédaction du journal du Havre. Durant la révolution de 1830, il prend la tête de la jeunesse du Havre qui lutte pour la liberté de la presse.  Après s'être fait une grosse fortune grâce à ses romans, ses articles et sa carrière maritime, il décide de créer la "Compagnie du Finistère" qui instaure une liaison maritime régulière entre le Havre et Morlaix.

Après une petite enfance passée dans le manoir du Launay, Tristan, âgé de 14 ans est envoyé en pension au lycée impérial de Saint-Brieuc. Des années difficiles loin de sa famille et dans un environnement sévère. Il souffre du froid, se plaint d'engelures répétitives aux mains et aux pieds. Il tombe rapidement malade et part rejoindre son oncle médecin établi à Nantes.

A 15 ans, il entre au lycée de Nantes  en qualité d'externe. Par la suite, la maladie ayant encore progressé, Tristan ne peut se présenter au baccalauréat et sur les conseils du docteur Chenantais, il vient s'installer à la station balnéaire de Roscoff.

Commence alors sa vie de marginal. 

Il navigue sur un sloop de plaisance que son père lui a fait construire, écrit des poèmes, traîne sa maigre silhouette dans les rues et les bars de la ville, s'amuse à se déguiser en forçat, en femme ou en mendiant, à se raser les sourcils ou bien encore lors de son voyage à Rome traîne un porc en laisse déguisé en évêque et ce lors du carnaval en présence du pape.


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Tristan Corbière déguisé en femme et Corbière le "dandy"



C'est sans doute parce qu'il se sent laid, malade, inactif face à un père qui, lui a tout réussi et qui force l'admiration de tous, que va naître son agressivité et son "spleen". 

En 1875, Tristan s'installe à Paris où il rencontre une jeune actrice parisienne Armida Josefina Cuchiani que Tristan appelle "Marcelle". Celle qui était également la maîtresse du comte Rodolphe de Batine inspire à Tristan la plus grande partie de son oeuvre. Les relations perverses du trio n'ont d'égales que la fougue du jeune poète à aimer une femme qui " n'aime pas qu'on l'aime ".

De cette relation masochiste, ambiguë, " cocufiante ", il écrira  les "Amours jaunes", sa seule oeuvre, un recueil de poèmes et de textes en prose sans lien apparent ou cohérence interne qu'il dédie  à son père et qui est publié en 1873 à compte d'auteur chez le petit éditeur Gladys à Paris (éditeur spécialisé dans la littérature érotique dont les livres étaient reconnaissables à leurs couvertures jaunes). 

De plus en plus malade, il entre à l'hôpital Dubois et écrit  à sa mère: "Je suis à Dubois... du bois dont on fait les cercueils". Juste présage puisqu'il y décède  peu de temps après. Il faut attendre Verlaine qui huit ans après la mort de Tristan consacre une étude  aux "poètes maudits" dont Corbière figure en tête pour que "Les Amours jaunes" sortent enfin de l'ombre. 
    
Ce livre aux images crues, rédigé dans une langue très heurtée, ne respectant ni l'orthographe ni les règles de syntaxe élémentaires, utilisant la ponctuation à outrance pour mieux briser les règles, le rythme et la fluidité de la poésie classique a pourtant exercé un influence considérable sur la poésie moderne en raison justement de sa liberté d'expression et de son côté novateur.


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lettre de Tristan à ses parents


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Il fut un des premiers à avoir eu le courage de faire passer la sincérité de son malaise avant l'apaisement harmonieux que doit produire la bonne forme. Son style et son inspiration emportèrent l'adhésion des symbolistes, puis des surréalistes: T.S. Eliot ou Ezra Pound admirèrent en lui un lointain précurseur de leurs démarches poétiques.



Voici deux poèmes qui illustrent bien son style:

 

Son épitaphe :

Mélange adultère de tout :
De la fortune et pas le sou,
De l'énergie et pas de force,
La liberté, mais une entorse.
Du coeur, du coeur ! de l'âme non !
Des amis, pas un compagnon,
De l'idée et pas une idée,
De l'amour et pas une aimée,
La paresse et pas le repos ;
Vertus chez lui furent défauts.
Ame blasée, inassouvie ;
Mort, mais pas guéri de la vie ;
Gâcheur de vie hors de propos,
Le corps à sec et la tête ivre,
Espérant, niant l'avenir,
Il mourut en s'attendant vivre,
Et vécut s'attendant mourir.



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aquarelle de Jean Fougereux: Roscoff


Au vieux Roscoff

Trou de flibustiers, vieux nid
A corsaires ! - Dans la tourmente,
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante...

Ronfle à la mer, ronfle à la brise ;
Ta corne dans la brume grise,
Ton pied marin dans les brisants...
- Dors : tu peux fermer ton oeil borgne
Ouvert sur le large et qui lorgne
Les Anglais depuis trois cents ans.

- Dors vieille coque bien ancrée ;
Les margats et les cormorans,
Tes grands poètes d'ouragan
Viendront chanter à la marée...

- Où battaient-ils, ces pavillons,
Echarpant ton ciel en haillons ?
- Dors au ciel de plomb sur tes dunes...
Dors : plus ne viendront ricocher
Les boulets morts, sur ton clocher
Criblé - comme un prunier - de prunes...

- Dors : sous les noires cheminées
Ecoute rêver tes enfants,
Mousses de quatre-vingt-dix ans,
Epaves des belles années...

Il dort ton bon canon de fer,
A plat ventre, aussi dans sa souille.
Grêlé par les lunes d'hiver...
Il dort son lourd sommeil de rouille.
- Va : ronfle au vent, vieux ronfleur,
Tiens toujours ta gueule enragée
Braquée à l'Anglais !... et chargée
De maigre jonc marin en fleur.

 

 

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17 octobre 2007 3 17 /10 /octobre /2007 09:31




Dur, dur d'être un coucou!



Engrenage
envoyé par PeteRock





Bonne journée!


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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 10:13


Elles fleurissent dans le jardin...
 
à vos souhaits...

  

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Bon dimanche!


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