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  • : Ecritures à la loupe
  • : Présenter des écritures manuscrites d'écrivains célèbres avec une étude graphologique, des comptines pour enfants, l'un de mes romans et beaucoup de mes coups de coeur, voilà l'objectif de ce blog. J'espère que vous vous y sentirez également chez vous...
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histoire

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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 09:29
Le philosophe Alain... toujours d'actualité...



Dans la grande prairie


5 juin 1909


 

 

 





Platon a des contes de nourrice, qui ressemblent, en somme, à tous les contes de nourrice, mais qui, par certains petits mots jetés comme en passant, retentissent au fond de nous-mêmes, et éclairent subitement des recoins mal connus. Tel est ce récit d'un certain Er, qui avait été pris pour mort après une bataille, puis revint des Enfers une fois que l'erreur fut reconnue, et raconta ce qu'il avait vu là-bas.


Voici quelle était l'épreuve la plus redoutable. Les âmes, ou ombres, ou comme on voudra, sont conduites dans une grande prairie, et on leur jette devant elles des sacs où sont des destinées à choisir. Ces âmes ont encore le souvenir de leur vie passée ; elles choisissent d'après leurs désirs et leurs regrets. Ceux qui ont désiré l'argent plus que toute chose choisissent une destinée remplie d'argent. Ceux qui en ont eu beaucoup en cherchent davan­tage encore. Les voluptueux cherchent des sacs pleins de plaisirs ; les ambitieux cherchent une destinée de roi. Pour finir, chacun trouve ce qu'il lui faut, et ils s'en vont, avec leur nouveau destin sur l'épaule, boire l'eau du fleuve Léthé, ce qui veut dire le fleuve Oubli, et partent de nouveau pour la terre des hommes, afin de vivre selon leur choix.


Voilà une singulière épreuve et une étrange punition, qui est pourtant plus redoutable qu'elle n'en a l'air. Car il se trouve peu d'hommes qui réfléchissent sur les véritables causes du bonheur et du malheur. Ceux-là remontent jusqu'à la source, c'est-à-dire jusqu'aux désirs tyranniques qui mettent la raison en échec. Ceux-là se défient des richesses, parce qu'elles rendent sensible aux flatteries et sourd aux malheureux ; ils se défient de la puissance, parce qu'elle rend injustes, plus ou moins, tous ceux qui en ont ; ils se défient des plaisirs, parce qu'ils obscurcissent et éteignent enfin la lumière de l'intelligence. Ces sages-là vont donc retourner prudemment plus d'un sac de belle apparence, toujours soucieux de ne point perdre leur équilibre et de ne point risquer, dans une brillante destinée, le peu de sens droit qu'ils ont conquis et conservé avec tant de peine. Ceux-là emporteront sur leur dos quelque destinée obscure dont personne ne voudrait.


Mais les autres, qui ont galopé toute leur vie après leur désir, se régalant de ce qui leur semblait bon, sans regarder plus loin que l'écuelle, ceux-là que voulez-vous qu'ils choisissent, sinon encore plus d'aveuglement, encore plus d'ignorance, encore plus de mensonge et d'injustice?  Et ainsi ils se punissent eux-mêmes, plus durement qu'aucun juge ne les punirait. Ce millionnaire est maintenant dans la grande prairie, peut-être. Et que va-t-il choisir?  Mais laissons les métaphores ; Platon est toujours bien plus près de nous que nous ne croyons. Je n'ai aucune expérience d'une vie nouvelle qui suivrait la mort ; c'est donc trop peu de dire que je n'y crois pas ; je n'en puis rien penser du tout. Je dirais plutôt que la vie future, où nous sommes punis selon notre propre choix, et même selon notre propre loi, c'est cet avenir même où nous glissons sans arrêt, et où chacun développe le paquet qu'il a choisi. Et il est très vrai aussi qu'au fleuve Oubli nous ne cessons de boire, accusant les dieux et le destin. Celui qui a choisi ambition n'a pas cru choisir basse flatterie, envie, injustice; mais c'était dans le paquet.




5 juin 1909


Pour en savoir plus sur Alain : ICI



 

 

 


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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 14:08

Secret story in may


 

 

 

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Bon week-end...


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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 14:34
Maxime Chattam



Il sait de quoi il parle... et lorsqu'il évoque Harris mais surtout Denis Lahanne dans la vidéo ci-dessous, on comprend mieux son style et son parcours...

Au cours de son enfance, le jeune Maxime fait de fréquents séjours aux États-Unis : sa première destination en 1987 est Portland dans l'Oregon, ville qui inspire son premier roman. Durant son adolescence, souhaitant devenir acteur, il prend des cours de comédie au Cours Simon à Paris. Il obtient des rôles pour la télévision et la publicité.

Cette passion est vite abandonnée pour revenir à son premier amour : l'écriture. En 1988, il passe quelque temps dans la jungle thaïlandaise. Le journal qu'il écrit alors est sa première expérience avec l'écriture. Il la poursuit au début des années 1990 avec ses premiers essais littéraires d'abord inspirés de Stephen King et notamment du film Stand By Me tiré de la nouvelle "Le Corps" dans le recueil de nouvelles Différentes Saisons. C'est lors d'une répétition en 1995 pour le spectacle Angélique, Marquise des anges de Robert Hossein auquel Maxime Chattam participe qu'un des comédiens, Pierre Hatet, lui suggère d'écrire pour le théâtre. Il écrit alors "Le Mal" qu'il ne publie pas. Il ébauche son premier roman, "Le Coma des mortels", fable humoristique sur la solitude, racontant un mois dans la peau d'un jeune homme plongé dans le coma, suite à un accident qui s'avère être une tentative de meurtre.


Ayant abandonné la comédie, il exerce quelques petits boulots avant de reprendre des études de lettres modernes. Il écrit Le Cinquième règne à cette époque puis fin 1999, il est engagé à la FNAC au rayon "Livres policier", ce qui le met en contact avec les maisons d'Editions. Excellent vendeur, Maxime Chattam se fait remarquer et propose en lecture son premier Polar aux plus gros fournisseurs de la FNAC. Michel Lafon lui donne sa chance. Il a 25 ans à peine ! "Le Cinquième règne" est publié bien plus tard, en 2003, sous le pseudonyme de Maxime Williams. Ce roman mêle la traque d'un tueur en série à un thème récurrent de la littérature fantastique - la découverte d'un grimoire magique par une bande d'enfants et les affrontements de groupuscules pour en avoir la possession - le livre est couronné par le prix du roman fantastique du Festival de Gérardmer.


Très vite, il se fascine pour les romans policiers mais, conscient des connaissances qu'il faut avoir pour ce genre d'écrits, il suit une formation en criminologie pendant un an à l'université de Saint-Denis. Durant cette année il apprend les rudiments de la psychologie criminelle, de la police technique et scientifique et de la médecine légale.


Début 2000, il s'attelle à la rédaction de L'âme du mal qu'il achève à l'automne 2001 et qui est publié en 2002 par Michel Lafon. Suivent In Tenebris et Maléfices.


Il présente "L'âme du mal" à Michel Lafon, un éditeur orienté exclusivement vers les thrillers américains. Cet éditeur décide de miser sur lui. Signé du pseudonyme de « Chattam », en référence à une petite ville de Louisiane, le livre crée la surprise et conquiert rapidement un public. Des critiques saluent ce jeune auteur français qui, pour eux, renouvelle de façon spectaculaire le genre, rompt avec la tradition du polar à la française.


"L'âme du mal" raconte l'enquête menée par Joshua Brolin, transfuge du FBI au sein de la police de Portland en Oregon, aidé d'une jeune étudiante en psychologie. Un tueur abattu semble avoir ressuscité, mutilant ses victimes de manière rituelle, laissant des indices issus de la Bible Noire. Grâce à ce premier roman, Maxime Chattam convainc son éditeur de le laisser vivre de sa plume. Il désire écrire une trilogie sur le mal, dans laquelle le personnage de Brolin serait le fil conducteur. Plus abouti, le deuxième volet, "In Tenebris" (2003), plonge le lecteur dans les ténèbres de New York. Une femme retrouvée scalpée et traumatisée soutient qu'elle revient de l'Enfer. Aidée de Joshua Brolin qui a démissionné de la police, l'officier Annabel O'Donnel mène l'enquête. Mais devant la multiplication des crimes, ils abandonnent vite la simple piste d'un tueur en série : le tueur n'agit pas seul. Dans "Maléfices" (2004), Brolin et O'Donnel se trouvent confrontés à un serial killer qui momifie ses victimes dans de la soie d'araignée. À travers ces trois livres qui peuvent se lire séparément et qui fournissent trois définitions du tueur en série, Maxime Chattam a souhaité traiter le thème du mal du point de vue le plus réaliste. Quand L'âme du mal évoque le rôle de la famille dans la genèse du monstre, In Tenebris, lui, met en avant la société de consommation. Avec "Maléfices" qui constitue une fin d'histoire, renaît une certaine forme d'espoir.


Chaque tome de la trilogie représente une saison. L'automne pour L'âme du mal, l'hiver pour In Tenebris et enfin le printemps avec Maléfices comme dans la vie du héros de la série, Joshua Brolin.


Maxime Chattam sait utiliser les ficelles du thriller américain qu'il a assimilées : courts chapitres, tension permanente, rebondissements, scènes d'horreur, héros émouvants qui conservent une part de mystère, structure cinématographique... Dans un souci de réalisme, il confronte les dernières technologies de la police scientifique à des enquêtes que tout désigne de prime abord comme impossibles. Le but est de créer des atmosphères angoissantes et efficaces. Ses situations, avec des effets de miroir, laissent entrevoir de multiples dénouements potentiels.


Il fait partie de cette nouvelle génération d'auteurs français de romans policiers influencés par la culture américaine et revendiquant, en ce qui concerne les États-Unis, la puissance d'un imaginaire collectif (romans, série télévisées, films): Jean-Christophe Grangé, Laurent Botti, Alec Covin, Franck Thilliez..




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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 09:11

 

 

 

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Nouvelle: 2ième partie (2/2)

(texte déposé et protégé ©)

 

 

  ( sur le lecteur Deezer en colonne de droite, vous pouvez écouter la version originale de la chanson "it's murder" qui est citée dans cette nouvelle)

 


Dehors, la pluie a cessé de tomber. Derrière le volant de sa Traction 7 C, le commissaire Guillaume perd patience. Pourtant l'indic du brigadier Lemoine avait été formel : un tel rassemblement de nerveux de la gâchette ne pouvait se terminer qu'en bain de sang. Attendre la bavure... Guillaume a trop d'expérience pour y croire. La pègre sait se faire discrète et ranger les flingues au vestiaire les soirs de nouba. Bien sûr, coincer Rocca ou Battestini, il bosse dessus depuis des mois. Il en rêve. Mais cette nuit, sans l'insistance pressante du préfet de police, il serait au pieu, lui et la moitié de sa brigade. Le super flic a la vue qui se brouille à force de scruter le numéro 66. Pas de mandat et quand bien même... Le Bricktop's a une réputation hors de tout soupçon : aucun trafic, pas de prostitution. Pire ! Un lieu où des têtes couronnées viennent régulièrement s'encanailler et s'exercer aux charmes des onomatopées « skatées ». Il ne manquerait plus qu'un lord ou une duchesse se soit fourvoyé dans ce mini Harlem parisien, et justement ce soir. Le siège de la bagnole lui brise les fesses. Si rien ne bouge dans l'heure qui suit, il abandonnera la planque. Dans le rétroviseur, il aperçoit Monnier sous le porche du 52 allumer une cigarette. La lueur du briquet découpe le profil du flic avec une étonnante netteté. Ses yeux se ferment... Trop de sommeil en retard... Un coup de coude dans les côtes le ramène à la réalité. Berger, assis à ses côtés, lui désigne la porte du 66 qui s'entrouvre et régurgite ses noctambules.


Un groupe de six mecs se fraye un passage, puis une femme engoncée dans de la zibeline soutenant un homme aux jambes en flanelle. Berger siffle entre ses dents : il a reconnu au centre de la grappe humaine, Rocca et dans la silhouette de l'ivrogne, Battestini. Les caïds sont entourés de leurs fidèles lieutenants, tous aussi frais et luisants que des peaux de harengs. Ils semblent hésiter sur la direction à prendre. Des bribes de corse mélangées à de l'argot parviennent jusqu'aux oreilles des flics. Les truands se détachent peu à peu de l'entrée du cabaret et avancent en titubant dans la direction de Guillaume. Rocca zigzague sur le trottoir. Il s'arrête à la hauteur d'une juvaquatre, garée à une dizaine de mètres de la voiture du commissaire. Manifestement, il est pris d'une incoercible envie de pisser. Ses nervis s'esclaffent comme des potaches en bamboche et le mettent au défi d'atteindre d'un jet puissant les essuie-glaces du véhicule. Le commissaire n'en croit pas ses yeux ! Là, devant lui, à portée de menottes, Rocca déboutonne sa braguette et vise le pare-brise. Les sbires, l'encouragent et, chacun son tour, ils se lancent de nouveaux défis : la calandre, un rétroviseur... tout y passe. Battestini que la fraîcheur du soir dégrise, les rejoint et tente d'en faire autant. Erreur fatale : il inonde d'un jet fumant, les Weston du caïd. Le visage de Rocca se fige puis l'injure suprême jaillit de sa bouche: « Luchesu ! ».


Battestini, la biroute à l'air, a les yeux qui lui sortent de la tête. Que lui, l'aîné d'une fameuse famille corse se fasse traiter devant sa régulière, de journalier émigré ! Le sang reflue à sa tête. Il se redresse et pointe l'index gauche vers la poitrine du trafiquant. Tout le monde a compris la signification du geste, même la starlette qui s'époumone : « Non, Dominique, pas ça ! ». Les hommes de mains se séparent et resserrent les rangs. Seul, en retrait des deux groupes, Marco, le fidèle de Rocca, plonge le bras à l'intérieur de sa veste. Cliquetis de holsters...


Une bande-annonce en noir et blanc s'imprime dans le cerveau du commissaire: les malfrats dans un remake corse de L'ennemi publique, avec Joseph Rocca dans le rôle de James Cagney. Il se tasse dans son siège, croise les doigts, le palpitant en alerte. Des perles de sueur glissent sur son front pendant qu'il espère le bruit sec d'une détonation. Berger s'énerve et lui réclame un ordre. Il imagine l'inspecteur Monnier prêt à intervenir et le reste de la brigade aux abois. Au lieu de cela, le patron hésite... Le crachat d'un browning le décide enfin à agir. Les portières de la Traction claquent. Les flics, arme au poing, se ruent sur les truands. Guillaume entend dans son dos Monnier aboyer un ordre sec. Des flics surgissent de tous côtés et les pavés résonnent sous la ruée des godillots. Puis tout s'arrête. Dans le noir, le commissaire cherche une forme humaine gisant dans la rue. Rien. Il s'approche à moins de deux mètres de Rocca qui, sourire narquois aux lèvres, lève les bras mollement au ciel.


-  Ah, c'est vous commissaire ! ... on traîne ce soir dans Pigalle ? On allait s'en jeter un dernier au Monico. Je vous y inviterais bien, le taulier est un ami, mais paraît qu'il n'aime pas la poulaille... Et là, vous débarquez avec toute la basse-cour. Une autre fois peut-être ?


Guillaume a une furieuse envie de lui casser la gueule. La fouille commence... les holsters sont garnis mais les revolvers sont froids. Adossée à la carlingue de la juvaquatre, la fille à la zibeline sanglote. Des traces de khôl se mêlent à un filet de sang sur sa joue enflée. Elle tremble des mains et à ses pieds gît un objet qui luit. Guillaume le ramasse : un Puppy à canon jais et crosse de nacre. La souris chiale de plus belle. Ça casse l'ambiance... Flics et truands, les uns, arme au poing, les autres, bite rabattue, ont l'air gênés. Battestini tente de refermer maladroitement sa braguette. Il a beau avoir les neurones embrumés, l'haleine chargée et une trace humide de vomis sur son oxford blanche, il prend l'initiative.


-  Ben ma poulette, tu laisses tomber ton flingue, un beau pétard de collection ! Qu'est-ce qu'il foutait dans ton sac ? Je t'ai déjà dit... c'est pas un jouet, le coup part tout seul... Tu t'rends compte que t'aurais pu te faire mal... P'tête même tuer quelqu'un !


La fille hoquette de plus belle, jette ses bras autour du cou de son mac et lui demande pardon.

Le commissaire Guillaume enrage. Il se jette sur le mac, lui saisit un bras qu'il replie à angle droit dans le dos. Battestini laisse échapper un grognement de douleur pendant que le policier en profite pour le ceinturer et lui passer les menottes. Sonnés, hagards, les autres comparses se laissent tour à tour neutraliser par les flics sans coup férir. Monnier qui ne digère pas une nuit humide passée en embuscade s'en prend au lieutenant de Rocca et lui décoche un coup de genoux dans les parties. Marco s'effondre en poussant un râle. Le commissaire tente de calmer le jeu et demande à un jeune gradé d'aller chercher le panier à salade garé dans une rue adjacente.

Rocca ricane et apostrophe Guillaume.


-  Arrêtez votre cirque ! Vous ne pouvez pas nous foutre en cabane. D'ailleurs, on peut savoir de quoi on est coupables ?


 - Juste cinq bites à l'air en plein Paris, exhibition, ivresse sur la voie publique, outrage aux bonnes mœurs, permis de port d'arme à vérifier et accessoirement, confusion entre une voiture appartenant à un policier et un urinoir... article 222-32 du code pénal... laisse-moi réfléchir Rocca... disons un an ferme assorti d'une amende... pas vrai Berger ?


L'inspecteur éclate de rire et confirme à l'intéressé que la juvaquatre est bien la sienne. Le caïd ne sait plus quoi penser. Lui, un dab respecté, tomber pour outrage aux bonnes mœurs ? Foutaises...

On entend couiner la porte du Bricktop's d'où s'échappe un grand échalas esquissant deux pas de swing. C'est Antonelli.


-  Alors, on se le prend ce verre au Monico ?


Le gars n'a rien vu, rien entendu et son invitation, il la lance à la volée.


 -  Une autre fois, peut-être ? Mais si tu veux rejoindre tes potes, il reste de la place dans la limousine.


Le commissaire lui désigne le fourgon Citroën qui s'arrête dans un grincement d'essieux au niveau des flics. On gueule, on se débat, la zibeline s'accroche à la portière, mais le fourgon engloutit fissa sa cargaison de viande frelatée et redémarre cahin-caha en direction de la Place Blanche. L'adrénaline retombe...


Il flotte. Guillaume remonte le col de son imperméable, ferme les yeux et esquisse un mince sourire en entendant le hululement de la sirène dans le petit matin.


Serrage de pognes... les policiers se séparent et leurs silhouettes noires se dissolvent dans la lueur blafarde de l'aube naissante.

Les mille et une putes du quartier vont pouvoir retourner l'esprit tranquille, au turbin.

 

FIN

 

 

© Alaligne

 


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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 12:47

 

 

 

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Nouvelle: 1ère partie (1/2)

(texte déposé et protégé ©)


  ( sur le lecteur Deezer en colonne de droite, vous pouvez écouter la version originale de la chanson "it's murder" qui est citée dans cette nouvelle)


La rue de Pigalle est déserte. La pluie glacée laque les pavés disjoints. Un panneau publicitaire, veuf de plusieurs lettres affiche son slogan aussi clairement qu'un rébus directement sorti des pages de l'Almanach Vermot. Le "j" et le "f" y pendent lamentablement, comme les testicules d'Enoch Poznali, dit La Volga, après son exécution. Les flonflons du Front populaire ne feront pas, ce soir, chavirer le cœur du quartier interlope. Inutile de chercher sous une porte cochère, dans l'embrasure d'un hôtel de passe, les appâts d'une putain aux jambes gainées de soie.


Un œil attentif, scrutant les encoignures noires pourrait surprendre quelques silhouettes furtives, un pan d'imperméable, deux ombres discutant dans une tire, la flamme d'un briquet à essence.


Une oreille, tout aussi attentive, percevrait derrière les volets clos du cabaret, au numéro 66, les éclats de voix et résonances de la grande messe des marlous de la Butte.


Ce soir, les malfrats ont troqué casquettes canailles et vestes à carreaux pour leur tenue de deuil : alpagues noires, oxfords blanches, vernis et crocos. Leurs poules, nippées en bourgeoises, ont sagement enfermé quelques mèches rebelles dans des turbans de velours noir, pincés par des diams de chez Mauboussin. Un unique requiem pour tout ce beau monde: Le Bricktop's va fermer définitivement ses portes ! Les plus fines gâchettes et les meilleures gagneuses se coudoient au zinc déjà poissé par des débords de Veuve Cliquot.

Les « Corses » ont investi l'endroit dès minuit et faisant taire les rivalités ordinaires, se croisent, s'embrassent, se tapent sur l'épaule comme de francs compaings. Rocca-Serra chuchote dans l'oreille d'un Battestini qui tente de tenir à distance une blonde platine, emmaillotée dans un fourreau Lanvin. On sort les havanes et dans la plus totale confiance, on batifole sur les mérites comparés du trafic d'héroïne et de la traite des blanches. Il n'y a guère que deux ou trois lieutenants qui gardent l'œil, refusent d'un geste sec les coupes pétillantes. Deux accords plaqués sur un Gaveau modern style donnent le signal de la fête. Le pianiste est un black qui a cédé aux charmes de la capitale et refusé de suivre le Duke en tournée. Humour ou provocation ? Il entame « It's murder » et le swing couvre petit à petit les rires et les conversations. Qui aurait pensé que le Bricktop's prendrait en cette ultime soirée d'agapes des allures de Savoy avec cette faune trempée dans la bonne gâche ? Les guiboles s'agitent, les décolletés se trémoussent, les bouchons sautent à la fréquence d'une salve de mitraillette. Le pianiste enchaîne les bœufs et fait crépiter sous ses doigts les touches d'ébène et d'ivoire.

Du grand jus... une soirée de ribouldingue à ingurgiter jusqu'à la nausée tout ce que la boîte contient d'alcool et de tord-boyaux.

A quatre heures du mat' on éteint les lumières. Ada, la taulière, a prévenu : ce sera du jamais vu... Antonelli en profite pour faire admirer à Battestini la montre qu'il porte au poignet gauche. Les aiguilles fluorescentes d'une Panerai Radiomir affichent dans l'obscurité quatre heures et deux minutes. A peine un murmure d'étonnement de la part du malfrat ; il est tellement cuit que la montre aurait bien pu se transformer en horloge parlante ! On réclame le silence... Les lourds rideaux rouges du fond de la salle s'écartent et quatre balèzes hissent à bout de bras une énorme pièce montée d'un mètre soixante de haut, couronnée d'une dizaine de fontaines d'artifice enflammées. Les oh ! les ah ! fusent au milieu des claquements de mains. Nouvelle tournée de champagne dès le rallumage des loupiottes. Battestini vomit sur le fourreau de sa blonde. Deux gars fendent la foule, le soutiennent et l'entraînent vers les toilettes. La fille, choquée, s'effondre en larmes sur les genoux du pianiste. Rocca grimace. Il ne tient pas à ce que la fête dégénère et que l'alcool aidant, les luttes de clans refassent surface. La trêve est fragile et trop de cadavres sur les ardoises. Les flics n'attendent qu'un dérapage, le crachat indiscret d'un revolver pour jeter leurs filets ; il le sent, il le craint, mais le champagne a ramolli ses sens. Place au plaisir et tournée générale! Chocs des verres et cul sec ! Il cherche du regard Marco, son fidèle bras droit, qui tangue maintenant dans les bras d'une grosse rouquine à deux automnes de la retraite.

Que son Rudolph Valentino de service arbore un sourire béat devant cette vieille masse de gélatine, « désembulle » quelques uns de ses neurones. Il est temps de quitter les lieux. Pas besoin de consignes, de gestes particuliers, il suffit qu'il se lève pour que le message à ses lieutenants soit clair. Enfin, se lever... c'est là le problème. Il s'y prend à trois fois, sous le rire hystérique de la femme de Battestini, une starlette, dont le seul haut fait de plateau, se résume à trois répliques insipides dans le dernier film de Duvivier, Pépé le Moko. La main en forme de clapet, il lui fait signe de la boucler et retombe avachi une nouvelle fois sur son siège. La fille doit non seulement être idiote, mais aveugle, car elle rigole de plus belle. La claque part : empreinte de chevalière sur la joue et boucle d'oreille qui valse à trois mètres. Ada s'approche de Rocca, le regard assassin. Il faut avouer qu'elle préfère de loin ses « lovely parties » avec Cole Porter, la compagnie de Scottie, d'Eliot ou d'Ernest H, à celle de ces truands qui transforment son cabaret select en vomitoire et en officine de tabassage. Peu impressionnée par le caïd qui peine à garder l'équilibre, son tempérament afro-américain mâtiné d'une pointe d'écossais s'apprête à frapper fort. Le sourire crispé aux lèvres, un soupçon d'accent virginien dans une voix graillonneuse, elle lui demande en insistant sur chaque syllabe de « calter » au plus vite. Le nœud papillon en soie blanche de Rocca tressaute. Sa pomme d'Adam en dit long sur l'estime qu'il porte à cette ex-guincheuse métisse devenue en quelques années la coqueluche du Tout Paris huppé. Si la chaloupeuse tient à lui faire perdre la face, c'est perdu d'avance car il sait que le flouze la ramènera à de meilleurs sentiments. D'un claquement de doigts, il avise son avocat - homme d'affaires - comptable, un juif polonais répondant au sobriquet de « l'artiche ». Pas besoin de lui faire un dessin : une épaisse liasse de billets s'abat sur la table. Ada soupire, hausse les épaules et empoche. Antonelli qui a observé la scène, se rapproche de Rocca et lui suggère de finir la nuit au Monico où Alix Combelle officie à la clarinette. Une dernière coupe de champagne scelle le compromis. Peut-être la coupe de trop...

(à suivre)...

 

 

© Alaligne

 


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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 16:16







Soupault et l'écriture automatique



Philippe Soupault est un poète français, né à Chaville le 2 août 1897, décédé à Paris le 12 mars 1990.

Avec ses amis André Breton et Louis Aragon il participe à l'aventure Dada, qu'il considère comme une « table rase nécessaire », pour ensuite se tourner vers le surréalisme, dont il est un des principaux fondateurs avec André Breton. Avec ce dernier, ils ont en effet écrit le recueil de poésie Les Champs magnétiques en 1919, selon le principe novateur de l'écriture automatique. Ce recueil de poésie peut être considéré comme une des premières oeuvres surréalistes, alors que le mouvement ne se lancera vraiment qu'en 1924 avec le premier Manifeste du surréalisme d'André Breton.


Il est cependant exclu du mouvement surréaliste en 1926, pour motif de « trop de littérature », alors que le mouvement surréaliste s'engage dans la cause communiste.


Il est resté fidèle à sa manière à l'écriture automatique.

Sa poésie est depuis le début très cosmopolite et ouverte aux mouvements d'avant-garde. Soupault fut aussi journaliste, critique, essayiste, producteur à la radio (en compagnie de Paul Gilson) et il est l'auteur de nombreux romans.

Il dirigea Radio Tunis de 1937 à 1940, date de son arrestation par les pro-vichystes. Il réussira à s'enfuir vers Alger.


 



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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 11:06


Blu anime les murs de ses dessins à Buenos Aires et à Baden...

jetez également un coup d'oeil à son site










Bonne journée!





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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 17:04
Les trois cloches de Pâques


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Campana, nota et tintinabulla
Sont trois pimbêches et bronzées demoiselles
Qui, lors de leur baptême, furent nommées: Pétronelle
Bella Remigia et pour la cadette, Legata Quinitina.

Dans la tendre campagne florentine
Nichées au sommet pointu d'un campanile
Elles oscillent crânement au gré du vent
Carillonent, tintinabulent, scandent le temps.

Leur vie est réglée avec la précision d'une horloge,
Et du haut du clocher, elles sont aux premières loges
Pour espionner les bigotes qui se rendent à confesse
Cancaner et gloser aux sorties des basses messes.

Et là, aujourd'hui, en cette fin d'un long et pieux carême,
Elles sont à deux doigts du péché, voire même du blasphème.
Elles vibrent de colère, de jalousie, de rancoeur accumulée
Au spectacle, pourtant délicieux, des mille clochettes ailées
Qui annoncent dans les cieux, le retour du Christ ressuscité.

Et Pétronelle peut bien agiter ses deux tonnes,
Ses soeurs frapper du bourdon leurs couronnes,
Elles resteront au linteau de chêne attachées
N'iront point dans jardins et bosquets se cacher.

Elles n'ont toujours pas compris
Que la grâce n'a pas de prix
Et que pour changer leur bronze en chocolat
Il eut fallu plus de piété et moins de tralala.


Alaligne


Pour accéder aux autres comptines, il suffit de cliquer dans la colonne de droite, catégorie: comptines



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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 10:53




André Malraux

 

1901-1976




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André Malraux est né le 3 novembre 1901 au pied de la butte Montmartre. Deux ans plus tard ses parents se séparent et le jeune Malraux sera élevé par trois femmes, sa mère, sa grand-mère et une tante épicière à Bondy. Dans ses Antimémoires (1967) il évoquera son enfance en ces termes : " Presque tous les écrivains que je connais aiment leur enfance, je déteste la mienne". Il n'aimait guère, non plus, que l'on fouille ce "tas de petits secrets" qu'est la vie d'un homme... Aussi s'emploiera-t-il à brouiller les pistes concernant sa propre existence.


Il existe néanmoins suffisamment d'éléments pour tenter de le faire...


À l'âge de 14 ans, il entre à l'école supérieure de la rue Turbigo (le futur lycée Turgot), période durant laquelle il fréquente déjà assidûment les bouquinistes, les salles de cinéma, de théâtre, d'expositions, de concerts.

Doué d'une grande curiosité et d'une mémoire prodigieuse, il devient "chineur" pour un libraire-éditeur parisien, et s'immisce ainsi dans les milieux littéraires et artistiques de l'avant-garde.

En 1918, il n'est pas admis au lycée Condorcet et abandonne ses études secondaires, il n'obtiendra jamais son baccalauréat ce qui ne l'éloignera pas de la littérature, bien au contraire. Il fréquente les milieux artistiques de la capitale et publie ses premiers textes dès 1920 : petits essais de théorie littéraire, comptes rendus critiques et premières proses

 Malraux se passionne pour la peinture cubiste. Un grand marchand de tableau, qui est aussi éditeur, Kanhweiler, éditera en 1921 le premier livre de Malraux : Lunes en papier.


Puis il rencontre Clara Goldschmidt, riche héritière d'une famille allemande émigrée. Il l'épouse en 1921 et décide de placer la fortune de son épouse dans des actions d'entreprises minières mexicaines. Les cours chutent et le jeune couple est ruiné. L'idée farfelue de se rendre en Indochine pour y voler des statues khmères et les revendre à un collectionneur afin de se reconstituer un capital germe dans son esprit. Nouvel échec : le couple est arrêté à Phnom Pen et André Malraux écope de trois ans fermes. Sa femme, bénéficiant d'un non-lieu rentre en France et parvient à le faire libérer grâce au soutien de grands écrivains français et d'un arrangement diplomatique.

En 1930, dans  le roman La Voie royale, il s'inspirera de ces péripéties.


Impressionné par la vie coloniale, il repart pour l'Indochine et y fonde un journal d'idées anticolonialistes : L'Indochine enchaînée.


Revenu en France, il publie ses premiers romans : La Tentation de l'Occident en 1926, Les Conquérants en 1928 , La Voie royale en 1930, prix Interallié.

La condition humaine lui vaut le prix Goncourt en 1933.


Dès cette même année 1933, il milite contre le fascisme et le nazisme, puis rejoint les républicains espagnols à partir de 1936. Il monte de toutes pièces l'escadrille España et en prend le commandement comme colonel, jusqu'en 1937. Après s'être inspiré de son combat pour écrire le roman L'Espoir, publié en décembre 1937, il tourne le film « Espoir, sierra de Teruel » en 1938, puis s'engage en 1939, à la déclaration de guerre.


En novembre 1939, il est admis dans une unité de chars de combat basée à Provins, où il reste jusqu'au 14 mai 1940. La défaite, une évasion d'une ferme après s'être déclaré volontaire pour aider aux moissons, puis plus rien... jusqu'en 1943 où il entre sous le nom de colonel Berger dans la résistance, après l'arrestation par les allemands de ses deux demi-frères.


Il s'est entre temps remarié à Josette Clotis dont il aura deux fils, Gaultier et Vincent.


Arrêté par les Allemands à Gramat le 22 juillet, il est transféré de prison en prison jusqu'à Toulouse) pour des interrogatoires au terme desquels il aurait été l'objet d'un simulacre d'exécution. Libéré par un coup de force des frères Angel, du groupe de Jean-Pierre Vernant, il se retrouve libre quand les Allemands quittent la ville, le 19 août.


Fin août 1944, séjournant à Paris, il rencontre Ernest Hemingway. En septembre, il forme la brigade Alsace-Lorraine, qui réunit d'anciens maquisards alsaciens et lorrains réfugiés dans le sud-ouest. À la tête de la brigade, Malraux reçoit la reddition de la première unité allemande en zone sud, puis participe dans les Vosges et en Alsace à la campagne de la première armée française, notamment lors des prises de Dannemarie, de Strasbourg et de Colmar. Le 15 mars 1945, la brigade est dissoute.


C'est alors qu il rencontre le Général de Gaulle. Une grande admiration réciproque se crée entre les deux hommes. Malraux accepte de devenir son conseiller technique à la Culture et devient un éphémère ministre de l'Information de novembre 1945 à janvier 1946.


Pour André Malraux débute une collaboration avec le Général qui sera sans failles. Il est à ses côtés au RPF, s'occupe de la propagande entre 1947 et 1954 et deviendra lorsque le général sera au pouvoir, Ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles de 1959 à 1969.

Le militant révolutionnaire s'est mué en militant gaulliste. Sa diction magnétique et haletante résonne pour longtemps dans toutes les mémoires : l'oraison funèbre de Braque et le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon...






Il publie en 1951 La Voix du Silence, La Métamorphose des dieux à partir de 1957 et les Antimémoires  en 1967.


Mêlant politique de prestige et œuvre sociale, il crée les Maisons de la Culture, le système "d'avance sur recettes", en juin 1959 pour aider la création cinématographique.


Pour Malraux, l'œuvre d'art, comme la civilisation, est éphémère et mortelle :

« Nous croyons savoir depuis quelques siècles que l'œuvre d'art survit à la Cité et que son immortalité s'opposerait à la misérable survie des dieux embaumés, or ce qui apparaît c'est la précarité de la survie artistique, son caractère complexe » (Malraux, 1972). Parce que l'art est éphémère, il faut redonner à l'œuvre sa voix, la rendre à nouveau présente. Dès 1935, dans son discours au congrès international des écrivains, il déclare : « Toute œuvre est morte quand l'amour s'en retire » (Malraux, 1996, p. 123). Parce que « l'œuvre d'art n'est pas seulement un objet mais une rencontre avec le temps », elle a besoin de nous pour revivre de notre désir, de notre volonté : « L'héritage ne se transmet pas, il se conquiert » (p. 123). Le domaine de la culture est la vie de ce qui devait appartenir à la mort. Si « l'un des objets de la culture, c'est l'ensemble des résurrections », (Malraux, 1972, p. 278), c'est parce que les statues de nos cathédrales ou les statues de la Grèce ne sont pas ce qu'elles étaient pour ceux qui les sculptaient. Par ailleurs pour lui, comme pour Baudelaire, c'est le lecteur qui fait le poème ou comme le déclarait Marcel Duchamp : « Ce sont les regardeurs qui font le tableau ». Cela explique ses actions en faveur du plus grand accès possible de la « masse » à la Culture.


Lorsque le général de Gaulle quitte le pouvoir, il en fait de même, fidèle jusqu'au bout à son engagement. En 1970, il publie les Chênes que l'on abat, un dernier hommage au général de Gaulle disparu, dont il était resté le plus proche des compagnons et l'une des rares personnes admise auprès de lui jusqu'à sa mort.


Sa vie aura été marquée par de cruelles épreuves personnelles : il a perdu, pendant la guerre, ses deux demi-frères, Claude et Roland, engagés dans des réseaux britanniques du SOE et morts en déportation, puis Josette Clotis, décédée en novembre 1944 happée par un train. Enfin, ce sont ses deux fils qui meurent ensemble en mai 1961 dans un accident de voiture.

Lui-même n'a-t-il que de peu échappé à un attentat de l'OAS le 7 février 1962, à son domicile de Boulogne-Billancourt.


Remarié en 1948, à Madeleine, la veuve de son demi-frère Roland mort en déportation, il s'en sépare en 1966, et vit alors auprès de Louise de Vilmorin jusqu'à la mort de celle-ci en 1969, puis auprès de la nièce de Louise, Sophie de Vilmorin.


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Louise de Vimorin (à gauche sur la photo) et André Malraux



André Malraux décède le 23 novembre 1976, d'une congestion pulmonaire à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.

Dans le cadre de la célébration du 20e anniversaire de sa mort, et à l'instigation de Pierre Messmer, les cendres de Malraux ont été transférées au Panthéon en 1996.


On lui a souvent attribué la phrase « Le siècle prochain sera religieux ou ne sera pas », qui semble en fait une citation non littérale de ce propos authentique : « Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu'ait connue l'humanité, va être d'y réintégrer leurs dieux. »





Et son écriture :





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Petite écriture alerte, rapide, inclinée, au bic bleu foncé, à l'appui différencié, étalée, à la continuité très inégale (nombreuses levées de plume et quelques trous dans les mots - cf le mot "hommages"), aux finales à peine equissées pour certaines (certains "e" et certains "s" sont à peine lisibles), comportant des combinaisons, des jambages très variés (étayés, pendants, remontants), sur une ligne de base souple et tenue, interlignes espacés et mise en page  aérée et progressive. Signature conforme à l'écriture, mais montante et soulignée.


Maturité et réflexion chez un André Malraux,  parfaitement conscient de ses compétences et parfaitement déterminé à jouer un rôle de premier plan. Les capacités d'analyse, de prise de recul, la lucidité intellectuelle et la vivacité de la pensée s'expriment avec spontanéité et naturel dans son graphisme.


Le tempérament inquiet, sur le qui-vive est combattu par une extrême concentration et une rigueur d'analyse. Pourtant, l'enthousiasme, l'emballement, l'aptitude également à ressentir les choses avant tout le monde et avec une sensibilité intellectuelle exacerbée, scandent l'écriture et expliquent dans un climat général de mesure, de contrôle et de discrétion, des coups de coeur et des coups de gueule, des impulsions et des initiatives hardies.


Pressé par le temps, inquiet de ne pas en avoir assez pour mener à terme l'ensemble des projets qui alimentent sa détermination et son goût de l'action, sa vision large et prospective, il essaie néanmoins de faire la part des choses, de ramener les faits, leur importance, les problèmes qu'ils suscitent à leur juste proportion. Le "chaud" et le "froid" soufflent donc en permanence et en parfaite symbiose sur cette écriture plus complexe que la simplicité apparente des formes ne le laisserait supposer.








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21 mars 2009 6 21 /03 /mars /2009 10:50

Toujours dans la cour de récréation de ce blog,

 voici une vidéo découverte grâce à la talentueuse Tiphaine qui vous permettra, si vous êtes sujet à l'insomnie, de compter des moutons d'une manière plus qu'originale...











Bon samedi!







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