Paul Gérardy 1870-1933
Paul Gérardy, à ne pas confondre avec Paul Géraldy (poète également oublié) est né le 15 février 1870 à Maldange
alors situé en Wallonie prussienne. Il habite successivement Liège, Bruxelles, Munich, Paris puis retournera en Belgique pour y mourir en 1933. Avec Charles Delchevalerie, il devient l'animateur
de la revue liégeoise Floréal en 1894, inscrite dans la mouvance du Symbole et dans le même temps écrit en français et en allemand avec son ami prussien Stefan George.
En 1898, il réunit sous le titre de Roseaux ses poèmes composés de 1892 à 1894, recueil qui
paraîtra au Mercure de France.
La forme est brève, le vers généralement court, proche du modèle de la chanson ou du lied. On y note
quelques audaces versificatoires, approximations ou inachèvements qui touchent au mètre ou à la rime, frôlée parfois par l'assonance.
Camille Mauclair, poète lui-même, romancier, critique français, disciple de Mallarmé, et parmi les meilleurs
historiens du Symbolisme dira de ses poèmes qu'ils contiennent : « des mélodies douces et harmonieuses où l'influence de Verlaine n'empêche point une personnelle sensibilité, un
tact frileux, quelques hésitations devant la vie, et beaucoup d'art. Les vers de Paul Gérardy, délicieusement ingénus, pleins de musique, nimbent des sentiments simples d'une langue naïve, d'une
authentique naïveté.... M. Gérardy est imprégné de la mélancolie demi-souriante des ciels mouillés du pays wallon. »
Depuis 2002, un musée lui est consacré à Burg Reuland.
A titre d'exemple d'ingénuité et de naïveté poétique, j'ai choisi l'un de ses poèmes, Le chasseur noir
:
Le chasseur noir
J'aime le noir chasseur de l'ombre
Qui, l'arc en mains, carquois au dos,
Traverse quand la nuit est sombre,
Le bois où dorment les échos.
De son chien noir les yeux l'éclairent,
Et son chien est un démon ;
Les loups, les sangliers le flairent
Par les halliers touffus du mont.
Ils se taisent de peur et tremblent ;
Le chasseur noir et le chien noir
Passent tout lentement et semblent
Dans la nuit sombre ne rien voir.
Le morne chien regarde l'herbe,
Le chasseur regarde la nuit ;
Dans le lointain monte une gerbe
De feux follets qui les poursuit.
Et toujours dans la nuit et l'ombre
Le chasseur et le chien s'en vont ;
Et l'homme rêve un rêve sombre,
Et le chien noir est un démon.