Blog-notes*
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XV
Jusqu'à présent, il n'avait eu à déplorer aucun incident grave dans les établissements scolaires de sa circonscription. Un coup de canif porté par un élève de quatrième à un professeur d'anglais venait de mettre un terme à ce bilan positif. Heureusement, la jeune enseignante s'en était tirée avec une entaille dans le bras, peu dangereuse mais suffisamment profonde pour justifier la pause de points de suture aux urgences de l'hôpital départemental. Le choc psychologique avait été rude et les médecins la gardaient quelques temps en observation. Elle portait plainte et le gamin qui selon les dires du chef d'établissement n'avait jamais posé de problèmes, était entendu par Gerbault dans le commissariat. Guedj avait fait passer des consignes strictes : quoique mineur, le gosse devait être traité sans indulgence et l'on attendait l'arrivée des parents, un couple de commerçants respectables de la ville pour essayer de comprendre ce qui avait pu déclencher un tel gâchis.
Les journalistes faisaient déjà le siège de l'hôpital et une équipe de télévision s'employait à interviewer les copains de classe du jeune agresseur ainsi que des
collègues du professeur.
Il fallait faire vite et face à la presse, Guedj avait besoin d'un flic aguerri. Delage était le seul dans son équipe capable de s'exposer tout en maîtrisant tous les tenants et aboutissants de
l'affaire. Un fait divers de cette importance nécessitait que l'on prit des précautions.
Le Principal invita son adjoint à le rejoindre dans son bureau.
- Hervé, je ne t'apprends rien, on a une affaire délicate à régler depuis ce matin. La prof d'anglais qui vient d'être agressée, a été transportée à l'hôpital, assez choquée selon les infos que j'ai. Tu y vas prendre sa déclaration et enregistrer sa plainte. Comme tu le sais également, le gamin est entre les mains de Gerbault. Pas de temps à perdre, les journalistes sont à l'affût et je veux que cette histoire ne fasse pas pendant toute la semaine les gros titres des journaux. Tu files et tu me boucles ça aux petits oignons.
Delage fit la moue, se mit à se balancer d'une jambe sur l'autre et fit craquer ses doigts, trois attitudes qui avaient pour résultat d'exaspérer Guedj.
- Hervé, tu m'as entendu ? Tu files direct à l'hosto ! s'enflamma le Principal
- Je croyais que Gerbault s'occupait de l'affaire, marmonna Delage. Vous ne croyez pas qu'il vaut mieux qu'elle y aille elle-même ?
- Hervé... Si je te demande à toi et pas à Gerbault d'y aller, c'est que j'ai mes raisons. Ca pullule de journalistes dans tous les coins, la télé est sur le coup et il n'y a que toi qui ait
la carrure suffisante. J'ai besoin d'un homme d'expérience. Gerbault et la presse ce n'est pas encore pour demain. Un jour peut-être, mais maintenant non ! En dehors de moi, il n'y a que toi qui
puisse mener cela en prenant les bonnes précautions.
Delage sourit au compliment, fit mine de partir puis se ravisa.
- J'emmène Djamila avec moi. Ca lui fera du bien à la p'tite de voir un flic à la " carrure suffisante " faire son boulot de terrain. Pas d'objection ?
- Hervé, je ne te comprends pas... Il y a dix secondes tu voulais que Ger-bault y aille seule et maintenant tu veux une bleusaille en appoint. Qu'est-ce que tu mijotes ?
Le téléphone sonna et Guedj décrocha nerveusement.
- Commissaire Principal Guedj au téléphone. Oui... Oui, je le connais... C'est grave ?
Le visage de Guedj s'était assombri et des yeux il cherchait à capter le regard de Delage qui avait recommençé à faire craquer ses doigts.
- Bien, vous me rassurez... oui, oui, c'est cela... Dites-lui que je transmets. Oui, j'ai bien compris, Delage, avec un " D ". De toute façon il est sur le point d'aller à l'hôpital. Il passera le voir dans la foulée. Voilà, au revoir Madame.
A l'énoncé de son nom, Delage avait cessé son petit manège et les sourcils froncés attendait des explications.
- C'est le père Matthieu, entama le Principal. Il a fait une attaque hier soir et il est en réa. Il paraît qu'il a demandé à te voir. Pourquoi toi ? Je n'en sais rien. D'ici à ce que le vieux nous ait encore planqué des informations...
- C'est grave ? demanda Delage, sincèrement inquiet
- Apparemment, c'est juste une simple alerte, mais étant donné l'âge du bonhomme et les autres problèmes de santé qu'il se trimballe, ils le gardent encore quelques jours pour des compléments d'examens. Passe le voir après la prof. Ah! Oui, j'oubliais, pour Djamila c'est OK à condition qu'elle la ferme devant les journalistes. Je t'en rends personnellement responsable.
à suivre......
*BLOG-NOTES est un manuscrit déposé, ayant reçu un numéro d'ISBN mais non encore corrigé et édité. Les amis blogeurs qui auront le courage et la ténacité de lire ce petit suspense jusqu'au bout seront nommément cités sur le livre en dédicace.